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« Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles. C’est une idée très grecque, et très profonde. La beauté c’est la terreur. Ce que nous appelons beau nous fait frémir. Et que pouvait-il y avoir de plus terrifiant et de plus beau, pour des âmes comme celles des Grecs ou les nôtres, que de perdre tout contrôle ? Rejeter un instant les chaînes de l’existence, briser l’accident de notre être mortel ? [...] Si nos âmes sont assez fortes, nous pouvons déchirer le voile et regarder en face cette beauté nue et terrible ; que Dieu nous consume, nous dévore, détache nos os de notre corps. Et nous recrache, nés à nouveau. »
Afficher en entier« La mort est mère de la beauté », a dit Henry.
« Et qu’est-ce que la beauté ? »
« La terreur. »
« Bien dit, a conclu Julian. La beauté est rarement douce ou consolatrice. Plutôt le contraire. La véritable beauté est toujours très inquiétante. »
J’ai regardé Camilla, son visage inondé de soleil, et pensé à ce vers de l’Iliade que j’aime tant, à propos de Pallas Athénée et de l’éclat terrible de ses yeux.
« Et si la beauté est la terreur, a repris Julian, alors qu’est-ce que le désir ? Nous croyons avoir de nombreux désirs, mais en fait nous n’en avons qu’un. Lequel ? »
« Vivre », a dit Camilla.
Afficher en entierNous n'aimons pas le reconnaître mais l'idée de perdre contrôle est quelque chose qui fascine plus que tout, ou presque, les gens aussi contrôlés que nous le sommes. Tous les peuples vraiment civilisés - les anciens non moins que nous - se sont civilisés par la répression volontaire du soi archaïque, animal.
Afficher en entier“Beauty is terror. Whatever we call beautiful, we quiver before it.”
Afficher en entierNihil novi sub sole. Tout acte, dans la plénitude du temps, sombre dans le néant.
Afficher en entierC'était monstrueux, certes, mais le cadavre ne semblait guère qu'un accessoire, un objet sorti dans le noir par les machinistes et déposé aux pieds d'Henry afin qu'on le découvre en rallumant les projecteurs ; cette image, muette, ensanglantée, les yeux fixes, ne manquait jamais de produire un léger frisson d'angoisse, mais elle paraissait relativement inoffensive par rapport à la menace très réelle et permanente que faisait peser Bunny et dont, désormais, je me rendais compte.
Afficher en entier"Je déteste Gucci", a fait Francis.
"Vraiment ?" a dit Henry en sortant de sa rêverie. "Vraiment ? Je trouve ça plutôt grandiose."
"Allons, Henry."
"Eh bien, c'est tellement cher, et tellement laid, n'est-ce pas ? Je crois que c'est volontairement laid. Et les gens l'achètent par pure perversité."
"Je ne vois pas ce que tu trouves de grandiose à ça."
"Tout est vraiment grandiose quand c'est vraiment fait à grande échelle." (p.443)
Afficher en entier"La mort est la mère de la beauté," dit Henry.
"Et qu'est-ce que la beauté ?"
"La terreur."
Afficher en entier"En un sens, c’est ce qui me rapprochait tant des autres aux cours de grec. Eux aussi connaissaient ce paysage magnifique et déchirant, mort depuis des siècles ; ils avaient fait la même expérience en quittant leurs livres avec des yeux du cinquième siècle pour découvrir un monde étrangement léthargique, étranger, comme si ce n’était pas le leur. C’est pour cela que j’admirais surtout Julian, et Henry. Leurs yeux, leurs oreilles et toute leur raison étaient irrévocablement fixés dans les confins de ces rythmes antiques et sévères - ils n’habitaient pas ce monde, en fait, du moins pas celui que nous connaissons - et loin d’être des visiteurs occasionnels au pays où je n’étais moi-même q’un touriste plein d’admiration, ils y résidaient presque en permanence, autant, me semblait-il, qu’il leur était possible.Le grec ancien est une langue difficile, très difficile en vérité, et il est hautement possible de l’étudier sa vie durant sans jamais en prononcer le premier mot ; et je dois sourire, aujourd’hui encore, en pensant à l’anglais formel et délibéré d’Henry, l’anglais d’un étranger bien éduqué, comparé à la fluidité et à la merveilleuse assurance de son grec - rapide, éloquent, d’un esprit mordant. J’étais toujours stupéfait quand il m’arrivait de les entendre bavarder en grec, lui et Julian, discuter et blaguer comme ils ne le faisaient jamais en anglais ; combien de fois j’ai vu Henry décrocher le téléphone avec un "Allô" prudent, agacé, et puis-je ne jamais oublier la joie violente et irrésistible de son "Khairei !" quand Julian était au bout du fil."
Afficher en entierOù essayes-tu d'en venir ?
…
Nulle part. Sinon que ma vie, pour sa plus grande part, a été sans couleur et sans goût. Morte je veux dire.
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