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Suis-moi lecteur!
Qui t'a dit que l'amour véritable, fidèle, éternel, cela n'existait pas?
Le menteur, qu'on lui coupe sa langue scélérate!
Afficher en entier"Il faut reconnaître que, parmi les intellectuels, on rencontre parfois, à titre exceptionnel, des gens intelligents."
Afficher en entier« Un quart d’heure plus tard, Rioukhine, complètement seul et replié sur lui-même devant un plat de poisson, buvait petit verre sur petit verre en confessant qu’il ne pouvait plus rien changer à sa vie, et qu’il ne lui restait qu’à oublier.
Le poète avait dépensé sa nuit en pure perte, pendant que d’autres festoyaient, et il comprenait qu’il lui était impossible de la recommencer. Il suffisait, au lieu de regarder la lampe, de lever les yeux vers le ciel pour se rendre compte que la nuit était partie sans retour. Les garçons se hâtaient de débarrasser les tables et d’ôter les nappes. Les chats qui furetaient aux alentours de la tonnelle avaient un air matinal. Irrésistiblement, le jour investissait le poète.
Afficher en entier« N’eussent été les tourments qu’il avait soufferts à la clinique et dans le camion, Rioukhine aurait sans doute éprouvé du plaisir à raconter tout ce qui s’était passé à la maison de santé, en colorant ce récit de quelques détails de son cru. Mais pour l’instant il n’en avait nulle envie. De plus – et si peu observateur qu’il fût d’ordinaire – Rioukhine, après son supplice dans la camionnette, sut fouiller du regard, pour la première fois, le pirate, et comprendre que celui-ci, bien qu’il s’apprêtât à poser mille questions sur Biezdomny et même à s’écrier « Aïe, aïe, aïe ! », au fond, se fichait éperdument du sort de Biezdomny et n’éprouvait à son égard aucune compassion. « Et bravo ! Et il a raison ! » pensa Rioukhine avec une méchanceté cynique et autodestructrice »
Afficher en entier« La terrible nouvelle de la mort de Berlioz fit lever une vague de douleur. On vit quelqu’un s’agiter, s’évertuer, crier qu’il fallait absolument, tout de suite, sur place, rédiger un télégramme collectif, et l’envoyer sans perdre un instant.
Mais quel télégramme ? demanderons-nous, et l’envoyer où ? Et pourquoi l’envoyer ? Et, effectivement, à qui ? Quelle pourrait être l’utilité d’un quelconque télégramme quand on a la nuque aplatie, serrée entre les doigts caoutchoutés d’un anatomiste, et qu’un professeur vous pique une aiguille courbe dans la peau du cou ? Il est mort, et il n’a plus besoin d’aucun télégramme. Tout est terminé, inutile d’encombrer les lignes télégraphiques. »
Afficher en entierJ'ignore pourquoi, habituellement, on tutoie les chats, bien qu'aucun chat n'ait jamais trinqué avec personne
Afficher en entierIl faut reconnaître que, parmi les intellectuels, on rencontre parfois, à titre exceptionnel, des gens intelligents.
Afficher en entierLe poète avait dépensé sa nuit en pure perte, pendant que d'autres festoyaient, et il comprenait qu'il lui était impossible de la recommencer. Il suffisait, au lieu de regarder la lampe, de lever les yeux vers le ciel pour se rendre compte que la nuit était partie sans retour. Les garçons se hâtaient de débarrasser les tables et d'ôter les nappes. Les chats qui furetaient aux alentours de la tonnelle avaient un air matinal. Irrésistiblement, le jour investissait le poète.
Afficher en entierÔ dieux, dieux ! comme la terre est triste, le soir ! Que de mystères, dans les brouillards qui flottent sur les marais ! Celui qui a erré dans ces brouillards, celui qui a beaucoup souffert avant de mourir, celui qui a volé au-dessus de cette terre en portant un fardeau trop lourd, celui-là sait ! Celui-là sait, qui est fatigué. Et c’est sans regret, alors, qu’il quitte les brumes de cette terre, ses rivières et ses étangs, qu’il s’abandonne d’un cœur léger entre les mains de la mort, sachant qu’elle – et elle seule – lui apportera la paix.
Afficher en entierElle portait un bouquet d’abominables, d’inquiétantes fleurs jaunes. Le diable sait comment elles s’appellent, mais je ne sais pourquoi, ce sont toujours les premières que l’on voit à Moscou. Et ces fleurs se détachaient avec une singulière netteté sur son léger manteau noir. Elle portait des fleurs jaunes ! Vilaine couleur. Elle allait quitter le boulevard de Tver pour prendre une petite rue, quand elle se retourna. Vous connaissez le boulevard de Tver, n’est-ce pas ? Des milliers de gens y circulaient, mais je vous jure que c’est sur moi, sur moi seul que son regard se posa – un regard anxieux, plus qu’anxieux même – comme noyé de douleur. Et je fus moins frappé par sa beauté que par l’étrange, l’inconcevable solitude qui se lisait dans ses yeux ! L’idée que je devais absolument lui parler me tourmentait, car j’avais l’angoissante impression que je serais incapable de proférer une parole, et qu’elle allait disparaître, et que je ne la verrais plus jamais.
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