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"_Bonjour.

Surpris, l'autre interrogea:

_Tu me vois?

_Evidemment que je vous vois. Vous êtes derrière un grillage, pas un mur."

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Mon coeur se mit à battre violement. Chaque fois qu'un détail ressurgissait, il me paniquait. J'avais peur de ce que sa lueur pourrait éclairer.

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- De touts les exécuteurs, je suis celui qui a connu la vie la plus pénible. Je pense que c'est pourquoi on m'a accordé aujourd'hui ce rôle de protecteur du monde.

- Pourquoi "la plus pénible" ?

- J'étais exécuteur sous la Révolution.

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Ceux-ci continuaient de s acharner sur lui pour s éloigner du lit où le majordome était étendu, inerte, bouche ouverte ! Je sentis mon sang se retirer. Il était trop tard, le régisseur avait volé l âme de Raoul.

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"Qui est malhonnête avec les filles l'est certainement par ailleurs." (Raoul)

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"_Et le maître était d'accord avec son régisseur?

_Il avait bien d'autres préoccupations. De si haut, on ne voit guère les fourmis qui oeuvrent sur ses terres."

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Je voulais tant réparer ma vie, réparer ma mort. Parce qu’on ne meurt pas sans raison à quatorze ans !

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La pièce était tout aussi aveugle que le couloir, éclairée par une lampe à pétrole. C’était la chambre de Raoul. Je n’y étais jamais venue, et la trouvai déprimante. Dans les niches des murs étaient entassés des pots, des cuvettes, des brocs (qu’on utilisait sans doute autrefois pour le service des chambres) et aussi les couverts précieux qu’on ne pouvait pas laisser à la portée de n’importe qui. Un décor à la fois de cuisine et de débarras. L’ancien majordome avait reconstitué son cadre de vie d’alors, même la collection de cloches alignées contre un mur et reliées aux chambres pour permettre aux maîtres de le sonner à toute heure.

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À notre grand soulagement, la porte située entre les deux volées d’escalier était toujours fermée. Léo s’accroupit devant et passa son index sur le carrelage. Il ramena de la poussière couleur de rouille ! Or tout, au manoir, était d’une propreté impeccable. Nos regards remontèrent aussitôt à la verticale... Juste au-dessus se trouvait la serrure, et son trou était aussi maculé de rouge !

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Ce n’était que Léonidas ! Je reconnaissais de loin sa démarche de lion, l’énergie dans le mouvement de ses cheveux bruns, le battement souple et décidé des lames de cuir sur ses cuisses. Tout en s’approchant, il rengaina son épée, un simple geste qui fit gonfler de manière impressionnante les muscles de ses bras débordant de sa cuirasse. Une ride lui barrait le front. Je demandai précipitamment :

– Vous avez vu quelque chose ?

Il hocha la tête :

– Un nouvel escalier. Au deuxième étage. Montant à une porte qu’on ne voit pas depuis le couloir.

– Un escalier qui n’existait pas ? Et la porte, elle donne... sur le grenier ?

– Oui. J’ai jeté un coup d’œil à l’intérieur, mais c’est un vrai capharnaüm. En tout cas, je n’ai vu personne.

Le souffle court, Liam s’inquiéta :

– Et si c’était le fantôme qui a piqué l’âme de Qui-se-la-joue ? Il vous connaît, vous l’avez déjà rattrapé une fois, il a intérêt à se cacher de vous.

Je protestai :

– Il n’aurait pas pu créer un escalier. Le manoir appartient à Raoul, personne d’autre n’a le pouvoir de le modifier.

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