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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-14T09:22:03+02:00

Dans la grande pièce attenante, le vieillard s’assied dans un large fauteuil à l’angle de la cheminée, la chienne lovée sous ses mollets. Il savoure l’instant, sirote un verre de gentiane, allume un cigarillo. Personne ne l’empêche de fumer dans son salon. Il est seul maître de ses terres, seul maître de son logis. Ces certitudes l’apaisent. Il ne quitte que rarement son domaine d’ailleurs, il fait en sorte que chaque sortie au bourg soit strictement nécessaire et lui permette d’achever toutes les tâches en une seule fois, de la vente de ses pièces de menuiserie à l’achat de vivres ou de quelque outil à la quincaillerie. La ville, jamais. Il n’a que peu de besoins, et pour la plupart d’entre eux son territoire y subvient amplement. Il ne veut pas voir le monde. Il ne veut pas sentir cette agitation, sentir les odeurs de la foule, repousser le bruit. Il n’est à l’aise que dans sa solitude de montagnard, au creux des forêts. S’occuper de la vieille n’est qu’un maigre fardeau. Manger, très peu, dormir, pas plus. Il peut la poser où bon lui semble, elle ne réagira pas. Et de toute manière il s’en moque. Elle a ses moments d’agitation, ses « phases » comme il aime à les appeler, mais la plupart du temps elle reste assise les mains serrées et regarde au travers du sol, ou dans les murs. Regard vide. Déconnectée. Parfaite.

Le vieillard s’englue dans ses pensées, la chaleur du feu réchauffe ses os, l’amertume de l’alcool de gentiane le plonge dans une aisance brumeuse, la saveur boisée colle à ses papilles. Ses épaules tombent, ses paupières se relâchent. Dans son dos, de l’autre côté de la cloison, une mince vapeur émane de la bouche de la femme, ponctuant chaque expiration. Une ombre se glisse le long des murs, forme filiforme et gracieuse qui se précipite dans le recoin obscur où gît la vieillarde et s’accole à son corps, comme si elle se fondait en elle, sans un bruit. Un simple souffle d’air dans l’atmosphère humide de la cuisine.

Les paupières de la vieille s’ouvrent sur des pupilles d’un gris vitreux qu’aucun regard n’anime, les doigts tremblent imperceptiblement.

La somnolence atrophie les sens de l’homme, si bien qu’il n’entend pas les pas dans la cuisine. Des pas très lents, traînants. Il ne pourrait pas imaginer de toute manière que la vieille femme s’est levée pour la première fois depuis vingt ans, poussée par une énergie inédite, et qu’elle traverse la cuisine, se penche au-dessus de l’évier et y prend le couteau de chasse ensanglanté.

Il n’entend ni ne voit la porte s’ouvrir derrière lui, et ne prête aucune attention à la chienne qui s’est redressée, interloquée. Elle non plus ne peut pas imaginer que la vieille femme puisse se dresser sur ses deux jambes et opérer quelque mouvement que ce soit par sa volonté. Le vieillard n’a jamais considéré que la chose fût possible. Encore moins souhaitable.

Il ne se rend compte de la présence de sa femme qu’à l’instant précis où la lame du poignard pénètre dans sa jugulaire et que son sang jaillit de sa gorge, inonde le fauteuil et éclabousse la chienne pétrifiée.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-14T09:21:50+02:00

Il contemple la fumée qui émerge de la vaste cheminée en contrebas. Il entame la descente et rejoint la chienne qui dépose le gibier à ses pieds et le fixe, fière. Il lui gratte le museau et récupère le lièvre, qu’il glisse dans son large sac ventral. Le vent frais du début de soirée fouette ses oreilles rougies. La neige n’est pas encore là, mais il la sent dans l’air, comme tous les ans. Elle embaume d’avance et électrise la forêt, lui accordant ses derniers instants d’automne, son dernier souffle de vie avant de la recouvrir pour de longs mois.

Pensif, le vieil homme rejoint son foyer, décrotte ses bottes et époussette sa longue veste, nettoie minutieusement sa carabine et part déposer sa prise dans la large cuisine envahie par l’obscurité, à l’autre extrémité du bâtiment. La chienne sautille entre ses jambes, il l’écarte et lui intime de s’asseoir. Comme dans un rituel bien rodé, elle s’installe dans l’encadrement de la porte, immobile, attentive. Elle sait d’avance qu’elle aura droit à quelques abats. L’homme presse l’interrupteur mural et une ampoule à nu projette son ombre sur le mur en lambris.

Dans le coin opposé de la pièce est assise une autre ombre, recroquevillée sur une chaise en osier, les mains repliées par l’arthrose autour de ses genoux. La vieille femme aux traits marqués, la peau creusée de rides verticales et le teint pâle, n’exprime aucune surprise, elle ne relève même pas la tête lorsque l’homme s’approche de la grande armoire à vaisselle pour en retirer ses ustensiles et enfiler son tablier blanc.

L’homme suspend l’animal au-dessus de l’évier, les pattes arrière crochetées à des câbles fixés au plafond, tête en bas, aiguise son couteau de chasse. Le gel mord la fenêtre qui lui fait face, il distingue tout juste la route qui descend vers le modeste étang à l’entrée de la clairière. Les poutres de la charpente craquent, se distendent. La chienne grogne, aboie en sourdine. L’homme stoppe son geste, lui décoche un regard éloquent. Silence. L’homme jette un œil à la femme. Soupir. Le métal frotte à nouveau la pierre à affûter.

L’homme immobilise le lièvre en le tenant par les oreilles, et plonge le couteau dans la gorge. Il lui faut moins de deux allers-retours pour séparer la tête du corps. Le sang jaillit sur ses mains et goutte dans l’évier.

Il saisit la peau des pattes de ses grosses pognes calleuses et tire vers le bas. La fourrure se scinde, se détache aisément des muscles. Le vieil homme l’arrache, pèle le lapin comme une orange, l’ouvre en deux puis le vide de ses organes. La chienne fébrile se régale des reins et du cœur. L’homme désosse la carcasse, grogne en ripant sur les os fins. Il fourre les morceaux dans une grande marmite et recouvre son lapin de rouge d’Arbois. Il dépose la gamelle sur la table et laisse le plan de travail en bataille, quitte la pièce en éteignant l’ampoule.

La vieille femme reste seule dans le noir, enveloppée des relents de vin et d’herbes aromatiques. Ses pupilles brillent malgré l’absence de lumière, mais ne bougent pas. Elle ne proteste pas, elle ne se lève pas. Elle ne l’a pas fait depuis plus de vingt ans. Elle attend, seule.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-14T09:21:34+02:00

Il n’a plus de vache laitière depuis une vingtaine d’années. La ferme ne vit que sur sa maigre retraite, mais ses talents d’ébéniste lui assurent un revenu complémentaire suffisant, les touristes raffolent des sculptures qu’il vend sur les marchés. Sans compter la réparation ou la confection de quelque élément de menuiserie ou de mobilier payés de la main à la main par les habitants de la vallée. Il a installé son atelier dans l’ancienne étable, bien séparé des autres pièces de la maison, et y passe l’essentiel de ses journées. Le reste est consacré à l’entretien du terrain en compagnie de sa chienne.

Il tient à garder ses enclos fonctionnels et en bon état. Il est consciencieux, comme toujours. Il n’y a plus de bête à retenir, certes, mais il marque ainsi son territoire. Les chasseurs et les promeneurs connaissent de ce fait la limite. S’il y a bien une chose que l’homme ne supporte pas, ce sont les intrus. Sa terre, sa forêt, sa montagne.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-06-13T08:39:00+02:00

Le soleil terne peine à étendre l’ombre de la forêt jusqu’au centre de la clairière, alors que le jour vit ses ultimes instants. Le voile brumeux des derniers jours enveloppe la large bâtisse à flanc de colline. Le silence s’épaissit. La montagne escarpée qui domine les bois disparaît dans les nuages glacés, impossible désormais de distinguer ciel et terre.

Trois brefs glapissements viennent rompre la monotonie des lieux, un border collie à la robe noir et blanc surgit des bosquets de noisetiers qui encadrent le haut de la colline, poursuivi par les bourrasques de vent qui cognent la falaise et s’engouffrent dans la forêt d’épicéas. Le chien descend la pente en serrant un petit lièvre entre ses crocs et s’immobilise à mi-parcours, aux aguets, la queue fouettant ses flancs. Position d’attente, pupilles fixées sur l’orée. Une silhouette massive émerge à son tour des buissons et s’engage dans le chemin qui serpente jusqu’à la ferme.

L’homme est âgé et mesure chacun de ses pas. Il tient son fusil, ouvert, dans le creux du cou. Le sol est dur, rocailleux et gelé. Le froid mord les articulations du vieillard, qui n’en a que faire. Le chapeau vissé au front, il a arpenté la montagne, comme chaque jour. Il a arrangé quelque muret de pierre, retendu les barbelés qui enserrent la propriété.

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Extrait ajouté par mjup 2020-03-18T16:35:37+01:00

Elle sent l'ombre gigantesque enrober son être, électrisant les poils de ses bras. L'Ogre qui sort d'elle pour la protéger, visage grimaçant qu'elle seule peut contempler, qui la fixe dans le miroir. Qui veut faire MAL, qui va corriger cette petite salope au nez brisé. Les cris des filles tentent de l'arrêter alors que Katia se dirige vers elle. Elles sont affolées, elles ne comprennent pas. La forme vaporeuse du spectre se fond dans l'obscurité de la pièce, faisant corps avec les ténèbres. Seule Katia a conscience de sa présence. Les autres ne le voient pas, elles.

Elles n'ont pas ce que j'ai.

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