Extraits

J'aime plus cet endroit que mon propre appartement ou que ma chambre chez ma mère. Je suis ici aussi à l'aise que la lune peut l'être en pleine nuit.

Quelle métaphore bizarre ! Où est-ce que je suis allée chercher un truc pareil ?

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J'en regarde un tomber sous mes yeux et disparaitre en une pincée de sable.

Ce don est en réalité une malédiction ! À quoi me sert ce sable, si je ne peux plus atteindre la nuit ?

p.144

J'ouvre encore un peu et passe la tête. Ma prof de mythologie nordique est debout devant la fenêtre, en train de tirer sur une cigarette avec délectation. C'est interdit de fumer dans les bâtiments de la fac, mais visiblement, elle s'en fout. Elle se retourne soudain, m'aperçoit, sursaute et, dans un réflexe précipité, balance sa cigarette par la fenêtre ouverte ainsi que le cendrier qu'elle tenait à la main.

J'ouvre la bouche, tout comme elle, tandis qu'elle se penche au moment où l'on entend l'objet se briser sur le sol, trois étages plus bas.

- Par la barbe d'Odin... chuchote-t-elle.

- Désolée, je...

- Chut, fait-elle en reculant d'un bond.

- Qui a lancé ça ? Hurle une voix masculine dehors.

p.134

Un de ses doigts passe sur la bague que je n'arrive plus à retirer tandis qu'il me tient toujours en respect contre le mur.

- Tu l'as embrassé... Mais tu l'as mise quand même, me souffle le marchand de sable.

quoi ? de quoi parle-t-il ?

Je fronce les sourcils, puis, je ne sais où, je trouve la force de poser mon regard sur lui. Mes yeux croisent les siens une longue seconde. Cette connexion me fait oublier tout le reste : son souffle chaud qui même ma peau, ses mains toujours sur moi, et même la peur qu'il me fait ressentir. Tout ce que je vois, c'est cette petite larme qui quitte le coin de son oeil sombre. Il se détourne, et un choc m'oblige à fermer les yeux de nouveau.

" Il se met en mouvement et me passe juste devant pour partir. Son épaule frôle dangereusement la mienne tandis que sa mâchoire carrée se tourne vers mon visage.

- On va se revoir, déesse... me souffle-t-il si bas que je suis la seule à pouvoir le distinguer.

Ces quelques mots sonnent comme une menace. Sa carrure musclée s'éloigne sur le trottoir.

- Vraiment bizarre, ce type ! Lache Léo en fourrant son briquet dans sa poche tandis que j'essuie rapidement une larme sur ma joue. Heureusement que j'étais là...

- Oui... je suis épuisée, on y va ? Le pressé-je pour détourner l'attention. "

Quand le crépuscule court après la nuit, la lune, elle, cherche à attraper le soleil, mais pas pour les mêmes raisons...

- T'as déjà vu un type normal donner vie à ses tatouages, toi ?

Je fais non de la tête.

- Et moi, alors ? Mis à part que j'ai oublié des choses... Qu'est-ce que je fais là ?

Il fronce les sourcils et serre les dents. Je vois ses muscles se crisper.

- Toi ?

Silence, pesant.

- T'es une garce.

Je suis perdue. Il peut être si gentil et si odieux un instant plus tard...

Je me redresse pour m'asseoir et lui lance un regard noir.

- Venant d'un cinglé harceleur, je ne sais pas comment je dois le prendre.

Il ricane pour seule réponse, puis me pousse. Je me retourne pour le fusiller du regard.

- Toujours à faire la gueule, celle-là, dit-il.

- On ne se connaît pas. Comment peux-tu dire un truc pareil ?

Je l'entends se redresser.

- C'est là que tu te trompes... Nott. Moi, je te connais très bien, plus que toi-même.

« Habituellement, on oublie nos rêves pour n’en conserver qu’un sentiment très bref. Dans le cas présent, je me souviens de tout, même de l’odeur de cet homme, aussi enivrante qu’il est effrayant. »

Avant, je te fuyais, aujourd'hui, je te cherche...

Mes pieds butent dans quelque chose tandis que mes yeux analysent les alentours.

Des murs en bois, des étagères bourrées à craquer de livres en tous genres, des fringues en vrac dans chaque coin et une odeur de clope : je sais chez qui je suis ! Et elle est toujours aussi bordélique à ce que je vois !

Je trouve justement celle à qui je pense au milieu de ce qui devrait être son lit, en pleine lecture. Dormir avec des livres et un cendrier, cette nana a une case en moins !

Elle relève le nez de son bouquin et ouvre des yeux ronds.

— Qu’est-ce que tu fous là ? interroge-t-elle aussitôt.

Sa chambre n’a pas changé : rien n’est rangé, je ne peux même pas faire un pas devant l’autre.

J’envoie un coup dans une pile de livres qui s’écroule puis je marche sur des vêtements sans réussir à les pousser plus loin.

— Tu connais le concept du rangement ? demandé-je, sarcastique.

— C’est chez moi, je fais ce que je veux ! Et je n’ai pas le temps.