Le médecin personnel du roi

J’ai eu la chance d’effectuer un stage d’été au Danemark, et après avoir visité de nombreux châteaux danois, je me devais de me mettre à la littérature scandinave. Et justement, si vous saviez à quel point je suis heureuse d’avoir lu ce livre ! Quand je dis que je veux lire un roman historique c'est de ça que je parle ! Per olov Enquist a effectué un travail remarquable, en se documentant à l’aide de rapports, lettres, journaux, et livres de l’époque, et tout ça, en citant à chaque fois ses sources, sans que cela ne paraisse trop lourd et intellectuel. Je pense d’ailleurs que cette narration qui ressemble à des faits exposés dans un journal enlève un peu le côté « roman » et on se retrouve uniquement avec des faits clairs qui ne font que rendre plus réels les malheurs du prince. Vous l'aurez compris, on ne peut donc pas se consoler en se disant que c’est romancé, car je pense que ça ne l’est pas beaucoup. De ce fait, j’ai été profondément marquée par le destin tragique du petit prince, et particulièrement par le moment où le roi Frédéric meurt. Son fils, Christian VII est tellement aliéné qu'il ne sait même pas comment se comporter. Il demande alors à son précepteur s'il doit rire ou pleurer, et je trouve ce passage significatif. Pire qu'infantilisé, on a animalisé cet enfant, il ne peut plus rien faire, ni penser par lui-même, ou du moins, lorsqu’il pense, ses paroles sont dénuées de sens… Mais bien que complexes, les pensées du roi sont parfaitement bien expliquées. Il n'était qu'un enfant, fou et malade, et pourtant il a sa propre logique, ses propres raisonnements et l'auteur les a remarquablement bien expliqués. Mais ce n’est pas tout, car en plus du récit à déchirer le cœur, l’auteur écrit à merveille (du moins, si j’en crois la traduction de son œuvre originale). Si je ne m'étais pas retenue j'aurais citée en guise d'extrait une phrase par chapitre, tellement Per Olov Enquist (pardonnez-moi ce terme) enchaîne masterclass sur masterclass. Je ne peux m'empêcher de retenir une phrase d’un des personnages, alors que son dégoût pour sa majesté la reine Caroline Mathilde avait atteint son paroxysme : « espérons que la raison ne sera pas tuée par l'hydre de la passion » ; n’est-ce pas incroyablement bien dit ? Eh bien sachez que tout le livre est du même acabit, ce niveau est maintenu tout du long. Ce livre est intense. Magnifique. Brillant. Comme la plupart des bons ouvrages il faut du temps avant d’y rentrer, mais quand on est plongé au cœur de ce mastodonte, il est compliqué d’en sortir ! Le langage employé est propre au livre, et propre aux personnages et à leurs folies. Des métaphores sont filées tout du long, avec toujours les mêmes « codes » de sorte à ce qu’on se retrouve comme plongé dans l’intimité du roi, de sa femme, et de son docteur. Concernant les personnages, pas la peine de préciser que je me suis prise d’une affection infinie pour Struensee. Un homme si énigmatique et taciturne, mais intérieurement hésitant et tout simplement humain et sensible. Il est je crois, le summum de l'humanité après le roi, et de surcroît, la lumière dans les ténèbres pour le petit être frêle et déchiqueté qu'est Christian VII. Par contre, je ne sais pas si j'en veux profondément à la reine Caroline Mathilde ou pas. Elle a tout précipité et accélère le drame. Mais en même temps, peut-on en vouloir à une jeune fille de vouloir vivre sa vie comme elle l’entend ? Un couple sans peur et un enfant, trompé et abusé. Je ne sais pas des trois j'éprouve le plus de peine pour qui. Leur fin est si misérable, mais avec toutes les conspirations tournées contre eux pouvait-il en être autrement ? Parfois, le sang doit couler, seulement pour couler. C’est symbolique, c’est comme ça. En bref, et je pense que vous l’aurez compris, j’ai tout aimé de ce livre ! Le sujet, la manière si judicieuse d'achever le roman, la narration, et même le titre, qui correspond parfaitement. Le résumé, de même, en dit énormément. Il est très juste, mais il n'en dit pas tant que ça sur le cœur de notre sujet. Tout est dosé, tout est maîtrisé, je suis si heureuse d'avoir lu ce livre. Merci. Je ne sais pas trop à qui, mais merci !

Spoiler(cliquez pour révéler) Je pensais éprouver l'affreuse sensation souvent ressentie en lisant des récits historiques : celle de se dire qu'un tel est mort inutilement. Mais finalement, cette émotion a été estompée. Merveilleusement estompée d'ailleurs, par deux raison. D’abord le peuple qui finit par réaliser son erreur, puis l’incroyable descendance de Struensee. Et puis finalement, l'implication du roi d'Angleterre et de l'impératrice de Russie m'ont fascinée, tout prenait une plus grande ampleur. Une ampleur internationale, je trouve que c’était le minimum. Cela aussi, a dû contribuer à soulager ma peine quant à la mort de Struensee.

J’ai de plus en plus d’intérêt pour les romans historiques… et je fus attiré par ce livre en lisant une critique de @blandine5674… Certes j’ai mis du temps à le trouver, mais je ne regrette rien.

Un récit véridique, une histoire de folie, d’amour et de trahison. Un roi fragile, une reine abandonnée, un médecin remplis d’espoir pour sauver son peuple. Un roman que je ne suis pas prête d’oublier.

Par curiosité je suis allé voir leurs photos (ou peinture), ils les disent beaux j’en doute…

Un auteur à lire, pour ma part !

Bonne lecture !

Merci à Bookycooky pour m’avoir fortement conseillé ce livre vers lequel je ne serai jamais allée. Un début d’agacement avec les répétitions, un style d’écriture pas souvent facile et la noblesse, pas trop mon truc ! J’ai insisté, par respect pour ma dealeuse de livre. Et au final, il fera parti des ouvrages que je n’oublierai jamais. L’histoire incroyable de la vie du roi du Danemark dans les années 1700. Époque de monarchie ou il faut faire avec ce roi Christian VII qui reste un enfant dans sa tête, est empli de névroses et son monde, à lui, c’est le jeu, le théâtre et la poésie. Donc de lui, rien à craindre. Mais il y a ceux qui prennent le pouvoir à sa place. Et surtout son médecin personnel qui, avec son accord dit à demi-mot, prend la reine pour maîtresse. Et signer 632 décrets pour améliorer la vie du peuple. Époque ou pouvoir et liberté ne faisaient pas bon ménage. Des faits tellement incroyables qu’on a du mal à se dire que cela s’est vraiment passé. Instructif et intéressant.