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Sur cette parcelle du vaste monde, sur ce minuscule îlot de bitume, sur cette scène se joue, une fois de plus, une fois de trop, le théâtre barbare de nos haines et de nos combats. Massacres, cités détruites, villages martyrisés, meurtres, génocides, pogroms. Les siècles s'agglutinent en ce lieu dérisoire, exigu, où la mort, une fois de plus, joue avant son heure, son implacable, sa fatale partition.
Afficher en entierComment peut-on se prendre au sérieux quand l'existence est si éphémère et qu'elle ne cesse de courir vers sa fin ?
Afficher en entier"Comment croire, comment prier, comment espérer en ce monde pervers, en ce monde exterminateur, qui consume ses propres entrailles, qui se déchire et se décime sans répit?"
Afficher en entierAnya imagine le désespoir qu'elle aurait ressenti si Anton n'avait pas su combien elle l'aimait ! Elle serait rentrée en lutte contre cette mort qui la narguait, elle se serait arc-boutée pour lui faire front au prix de nouvelles souffrances, elle aurait lutté pour lui faire obstacle jusqu'à l'arrivée d'Anton. Elle compare sa mort prochaine à cette mort-ci. Si tout se passe selon son désir, elle s'éteindra dans les bras d'Anton, elle acceptera cette navigation vers le dernier port. Un glissement consenti de tout ce fleuve de l'existence se déversant, puis se dissolvant, dans l'inconnu.
Afficher en entierDepuis l'aube des temps, les violences ne cessent de se chevaucher, la terreur de régner, l'horreur de recouvrir l'horreur. Visages en sang, visages exsangues. Hémorragies d'hommes, de femmes, d'enfants... Qu'importe le lieu ! Partout l'humanité est en cause, et ce sombre cortège n'a pas de fin.
Dans chaque corps torturé tous les corps gémissent. Poussés par des forces aveugles dans le même abîme, les vivants sombrent avant leur terme. Partout.
Comment croire, comment prier, comment espérer en ce monde pervers, en ce monde exterminateur, qui consume ses propres entrailles, qui se déchire et se décime sans répit ?
Afficher en entier"C'était loin. C'était jadis, il y a plus de vingt ans! A trente ans, on peut déjà dire: " Il y a vingt ans, je faisait ceci, j'étais avec ceux-là..." Les chiffres impressionnent toujours: avec le temps on s'y habitue, peut-être? Il faut, peu à peu, s'y faire pour plus tard, pour après, quand viendra la vieillesse."
Afficher en entier"Dans la boue des rizières, sur l'asphalte des cités, dans la torpeur des sables, entre plaines et collines, sous neige ou soleil, perdus dans les foules que l'on pourchasse et décime, expirant parmi les autres ou dans la solitudes: les massacrés, réfugiés, fusillés, suppliciés e tous les continents, convergent soudain vers cette rue unique, vers cette personne, vers ce corps, vers ce coeur aux abois, vers cette femme à la fois anonyme et singulière. A la fois vivante et blessée à mort."
Afficher en entier"L'homme était insaisissable, l'existence, une énigme. Parfois un geste, un paysage, une rencontre, une parole, une musique, une lecture ; surtout l'amour, rachetaient ces ombres. Il fallait savoir, s'en souvenir, parier sur ces clartés-là, les attiser sans relâche."
Afficher en entier" Comment peut-on se prendre au sérieux quand l'existence est si éphémère et qu'elle ne cesse de courir vers sa fin ? "
Afficher en entierMarie reprend les rênes, se ressaisit, tient tête à cette chair en perdition. Sa pensée se mobilise, interroge, inspecte les muscles, les tissus qui se relâchent, les mains qui s’amollissent, les pieds qui glissent. Elle tente de se rassurer, se persuade qu’elle parviendra à tout dominer, à soumettre cette charpente à sa volonté, à son désir violent d’avancer et de se garder en état, jusqu’à la rencontre…
Elle le dirigera ce corps, il se dressera sur ses deux jambes, celles-ci se mobiliseront pour franchir la distance, pour traverser le temps qui sépare Marie du pont et de son amour retrouvé.
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