Extraits

Depuis quand rentrer chez lui était-il devenu un calvaire ? Il se figea devant sa maison, puis la dévisagea : belle, bien entretenue, étrangère. Il gravit les trois marches de l’escalier comme un forcené sur le chemin du bagne. Le jaune citron de la porte d’entrée l’agressa. Il hésita à faire machine arrière, à retourner se terrer dans son atelier

Le menuisier-mage jubilait : chaque balancé, saut de biche, pas de bourrée de bateau, lui rappelait ses longues heures de travail à peaufiner les gestes minutieux pour les rendre les plus réalistes possible. Un pincement lui tirailla la gorge. Le doute remonta en lui.

- Le miroir est-il magique ? questionna-t-il.

- Je ne saurais te le garantir, mais mon père adorait toutes ces bigoteries. Il détenait une grande collection d’objets magiques, la plupart démoniaques. Cela m’étonnerait que celui-ci fasse exception.

- Sans preuve de sa magie, je ne peux en offrir que le prix d’un simple miroir, le prévint Sören.

- Je sais.

« Sören reconnut là les promesses d'un démon particulier que l'on nommait un djinn. Ceux-ci n'offraient rien de réel, juste l'illusion de l'obtenir dans leur monde imaginaire à l'intérieur du miroir. »

« Le cou et les oreilles d Erewan prirent une teinte cramoisie. Il cacha trop tard son sourire avec sa main. Sören n osait croire qu il s intéressait à lui. Ce devait être le fruit de son imagination. Un long silence s ensuivit. Que voulait-il dire ? Sören ne réussit pas à l interpréter. »

— Que t’a-t-il proposé ? (…)

— Une illusion, comme tous les djinns. Enfin, pas tout à fait. Il m’a dit qu’il savait…

Les yeux d’Erewan brillèrent, mus par un subit espoir, une lumière si vive qu’elle étincela au firmament, pour tout de suite s’éteindre, aussi vite qu’un battement de cils.

— Rien, murmura-t-il. Des mensonges de démons.