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Absorbée par l'examen du dossier Genscan, Charlotte Hennesey laissa un nouvel appel basculer vers la messagerie vocale. (...)

Après avoir récemment vaincu son cancer des os, à tous points de vue, les choses ne pouvaient se présenter sous un meilleur jour.

A travers les baies vitrées, la ville immense se déployait au pied des pics dentelés des montagnes. Le bleu immaculé du ciel du désert dispensait un sentiment de sérénité. Même maintenant, elle avait encore besoin de se rappeler de prendre la mesure de la beauté la plus élémentaire de la vie. Le titre professionnel ronflant et les stocks-options n'étaient que de petits plaisirs aussi futiles que fugaces qu'elle comparait à l'odeur d'une voiture neuve. Ça n'avait rien à voir avec la seconde chance qui lui avait été offerte par la vie. Ça, c'était un événement qui vous métamorphosait en profondeur, quelque chose qui vous donnait une leçon d'humilité durable.

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Extrait ajouté par siegrid 2010-08-30T14:14:03+02:00

BROOKLYN, 1967

— Aujourd'hui, tu viens avec moi, Aaron, murmura Mordecai Cohen.

Il fit signe à son fils de se lever et lui indiqua l'entrée voûtée du passage menant derrière l'autel.

Les membres dégingandés du jeune garçon se figèrent. À peine âgé de treize ans, Aaron tourna un regard inquiet derrière lui et vit la dernière femme descendre du balcon et se hâter de sortir par la grande porte de la synagogue. Il sentit une main lui prendre le bras.

— Allez, viens, répéta son père. Tu n'as rien à craindre, je t'assure.

— Je n'ai pas peur, mentit Aaron.

Mordecai pressa sa main entre les omoplates de son fils et le poussa dans l'allée principale du sanctuaire.

— C'est un jour très spécial pour toi, Aaron.

— Tu m'emmènes à l'intérieur ?

— Exactement. Grand-Père a demandé à te parler.

Aaron glissa ses mains tremblantes dans les poches de son pantalon noir.

D'aussi loin qu'il se souvînt, le rituel avait toujours été le même après l'office du shabbat. Son père renvoyait son épouse et ses quatre filles à la maison pour préparer les poissons et les viandes du dernier des shalosh seoudot, les trois repas traditionnels de shabbat, puis il disparaissait dans une pièce fermée à clé derrière l'autel principal. Pendant ce temps, Aaron devait attendre dans le sanctuaire. Alors il montait les marches conduisant au balcon et s'approchait audacieusement de l'Aron Ha-Kodesh, la magnifique petite armoire en noyer qui abritait les rouleaux de la Torah. Le garçon passait ses doigts sur les entrelacs de rosettes ciselées et caressait la parokhet, ce rideau soyeux qui recouvrait les portes du meuble. Une heure plus tard, son père ressortait et, sur le chemin du retour, ils discutaient des lectures de la Torah.

Mais aujourd'hui, Aaron était invité à passer derrière la bimah, la haute chaire de l'autel, et à pénétrer dans le long couloir enténébré qui lui était jusque-là interdit. Dans l'obscurité, une formidable porte en chêne nantie d'un lourd verrou de cuivre protégeait le lieu le plus secret de la synagogue.

Son père n'avait jamais parlé de ce qui se trouvait derrière cette porte.

Et Aaron ne le lui avait jamais demandé.

Mordecai posa sa main sur la poignée ronde. Il hésita et se tourna vers son fils.

— Prêt ?

Aaron leva les yeux vers lui. En cet instant, son père lui parut beaucoup plus jeune : l'obscurité noircissait sa barbe et ses peoths1 grisonnantes et estompait les rides sévères autour de ses yeux bleu-vert. Quant à son expression, Aaron ne l'oublierait jamais : à la fierté et à l'empathie se mêlait un peu de nervosité. Ils étaient deux hommes sur le point d'entamer un long périple.

— Prêt, répondit Aaron d'une voix timide.

Son cœur battait la chamade.

Mordecai frappa deux fois, puis tourna le bouton de la porte. Une fois celle-ci ouverte, il tendit la main.

— Entrons, fils.

Une suave odeur d'encens chatouilla les narines d'Aaron dès qu'il franchit le seuil. Ce qu'il découvrit au-delà de la porte le déconcerta plus encore que tout ce qu'il avait imaginé.

La pièce, cubique et de taille modeste, comportait en haut sur le mur du fond une unique fenêtre cintrée. Un rayon de soleil perçait la nébulosité ambiante. Sous la fenêtre, le grand-père d'Aaron était agenouillé au pied d'un second Aron Ha-Kodesh, plus magnifique encore que celui de la synagogue. Un filet de fumée bleuâtre s'échappait d'un encensoir en or posé devant celui-ci et s'envolait vers le plafond.

Agenouillé, tout le corps du grand-père plongé dans son oraison oscillait. Ses épaules voûtées étaient recouvertes du talit katane, son châle de prière blanc dont les tzitzits, les franges, se balançaient au rythme de ses incantations.

Silencieusement, Aaron observa avec curiosité l'ensemble de la pièce. Il s'attarda sur une impressionnante collection de peintures à l'huile encadrées qui couvrait le mur à sa gauche. Chacune représentait une scène de la Torah. On aurait presque dit une bande dessinée racontant l'histoire de Moïse et des Israélites en passant par le Tabernacle et le Temple perdu. Contre le mur de droite, de grandes bibliothèques ployaient sous le poids des volumes reliés aux titres gravés en hébreu. Cet endroit était-il une guenizah, la pièce d'une synagogue où l'on entreposait les textes et les récipients sacrés ? Aaron essaya d'imaginer ce que son père pouvait bien faire ici chaque samedi. Prier ? Étudier ?

Le vieil homme se releva, puis consacra quelques instants à plier soigneusement son châle de prière avant de le ranger dans l'un des tiroirs de l'armoire aux rouleaux manuscrits. Quand, enfin, il se retourna vers ses visiteurs, Aaron se redressa instinctivement et fixa les fascinants yeux aigue-marine de son grand-père qui adoucissaient un visage au demeurant inquiétant. Les ressemblances familiales étaient si indiscutables qu'Aaron avait l'impression de se voir dans quelques décennies. Sous sa kippa, les étroites papillotes de Grand-Père spiralaient autour de ses oreilles jusqu'à son ample barbe grise.

— Shabbat shalom, les salua Grand-Père.

— Shabbat shalom, répondit son petit-fils.

— Sors les mains de tes poches, mon garçon, ordonna-t-il à l'enfant.

Rougissant, Aaron laissa retomber ses mains le long de ses cuisses.

— C'est mieux, approuva Grand-Père.

Le vieillard s'approcha et posa ses mains sur la kippa d'Aaron.

— Nous couvrons le sommet de nos têtes pour montrer notre humilité devant Dieu qui nous contemple du ciel, expliqua-t-il. En revanche, nous Le prions avec nos mains. Donc veille à ce qu'Il puisse toujours les voir.

Le doigt pointé vers le ciel, Grand-Père fit un clin d'œil au garçon - un petit signe qui permit à Aaron de se détendre un peu.

— Mordecai, dit le vieil homme au père de l'enfant sans quitter ce dernier des yeux, pourrions-nous, M. Aaron Cohen et moi-même, rester quelques instants seuls ?

— Bien sûr, répondit Mordecai.

Aaron regarda son père quitter la pièce et la porte se refermer doucement derrière lui. Cette inversion des rôles lui donnait un sentiment d'importance et, quand il se retourna vers Grand-Père, il devina que c'était exactement l'intention du vieil homme. Le silence tendu fut troublé par le hurlement d'un camion de pompiers descendant Coney Island Avenue. Aaron leva les yeux vers la fenêtre, tandis que le son de la sirène déclinait rapidement.

— À nous, maintenant, Aaron, commença l'aïeul.

Instantanément, l'enfant détourna son attention des bruits de la rue.

— Quand j'étais un jeune garçon et que j'avais exactement ton âge, mon père m'a emmené voir mon grand-père, pour qu'il me parle de l'héritage de ma famille. D'abord, comprends-tu ce que j'entends ici par « héritage » ?

Alors qu'ils se tenaient toujours face à face, Aaron se rendit compte qu'il n'y avait pas le moindre siège dans la pièce. Il acquiesça, bien qu'il ne fût pas certain de ce que voulait réellement dire son grand-père.

— Si tu préfères, c'est au travers de nos enfants que nous laissons ou transmettons notre histoire familiale - et, plus précisément, sa généalogie. Dans les années qui viennent, tu en apprendras davantage à ce sujet. Et au travers de chacun d'entre nous, Dieu transfère Son don de génération en génération.

— Vous voulez parler... des bébés ?

Aaron craignait que tout ceci ne soit qu'un prélude à une discussion sur la puberté. Après tout, il n'avait lu la Torah pour sa Bar Mitzvah2 qu'une semaine plus tôt. Et même si la loi juive le considérait maintenant en homme, il lui restait encore à se sentir comme tel.

La question fit rire Grand-Père.

— Pas exactement, répondit-il. Bien que ce don de Dieu se manifeste assurément à travers notre progéniture.

Rougissant, l'enfant réprima une irrésistible envie de replonger les mains dans ses poches. Mais l'expression du vieil homme devint soudain grave.

— Tu sais, Aaron, nos ancêtres ont quelque chose de tout à fait unique. Quelque chose qui nous différencie de la plupart des familles. En vérité, on peut la faire remonter à un homme qui vivait il y a des milliers d'années et qui portait le même prénom que toi. Tu le vois ici en robe blanche.

De l'index, le grand-père dirigeait le regard curieux de son petit-fils vers l'un des tableaux au mur.

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1. En français, « papillotes ». Longues mèches généralement bouclées tombant devant les oreilles des juifs orthodoxes. (N.d.T.)

2. Cérémonie (signifiant littéralement « Fils du Commandement ») correspondant à la communion solennelle dans le christianisme. Elle intervient théoriquement à treize ans pour les garçons et à douze ans pour les filles. En cette occasion, le garçon lit un passage de la Torah approprié. (N.d.T.)

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