Extraits

— Il te plaît vraiment beaucoup, n’est-ce pas ? me demanda-t-il.

— Pardon ?

Ses paroles m’avaient ramenée à la réalité et je ne comprenais pas de quoi il parlait.

— Le pianiste, il te plaît.

Je rougis à nouveau. Mais il était inutile de le taire et je sentais le besoin de me confier.

— Oui, il me plaît. Jamais je n’ai ressenti une telle attirance pour un homme depuis mon ex, et encore, je crois que là j’atteins des sommets, gémis-je en me cachant les yeux entre les mains, mes coudes appuyés sur le comptoir du bar.

— Ça se voit, et ça se sent.

— Comment ça ?

— Quand il s’est approché de toi, tout à l’heure, j’aurais presque pu voir des étincelles jaillir de ta peau, tellement c’était fort.

— Tu... tu quoi ? Ah bon ?

Il hocha la tête, les sourcils froncés, visiblement perdu dans ses pensées.

— Tu crois qu’il a ressenti la même chose ? demandai-je, soudainement emplie d’un espoir puéril.

Ses yeux restèrent dans le vague un moment, comme s’il voyait quelque chose qui appartenait à un autre monde.

Puis son regard se posa sur moi à nouveau.

— Oui, je crois. Il va falloir qu’on revienne bientôt. Il le faut, affirma-t-il en frappant le zinc de son poing. J’aime les belles histoires d’amour et peut-être que celle-là sera magnifique !

Chapitre 3 :

" ...

Je détournai mon regard tant bien que mal et repris le cours de la soirée avec mes amis. Mais je n'arrivais plus à me concentrer sur leur conversation. Je sentais, avec une acuité accrue, la présence de cet homme à quelques mètres de moi, comme si un courant se formait entre nous. Si je m'étais écoutée, je me serais rapprochée de lui. J'avais envie qu'il lève ses paupières afin de découvrir la couleur de ses yeux, la profondeur de son regard.

Mes deux mains s'accrochèrent aux bras du fauteuil pour me retenir de faire une telle folie.

La serveuse vint nous apporter notre deuxième tournée, avec, cette fois, des chips et des gressins. Je me ruai sur ma seconde Piña Colada et ne pus m'empêcher de la suivre du regard alors qu'elle ondulait des hanches vers le pianiste.

Elle se pencha vers son oreille et lui chuchota quelque chose en posant une main sur son épaule. Il hocha juste la tête sans s'interrompre dans son morceau.

Je sentis un feu de jalousie m'embraser. Moi aussi je voulais me pencher vers lui, découvrir son parfum, je voulais le connaître, je voulais qu'il me regard.

Comme s'il avait lu dans mes pensées, il releva soudainement la tête et ses yeux rencontrèrent les miens. J'en eus le souffle coupé. Il avait des prunelles d'un vert extraordinaire, perçantes, lumineuses, des yeux de chats sauvage.

Il me fixa pendant quelques secondes qui me parurent une éternité. Je me sentis rougie plus que jamais, mais je ne détournai pas le regard, aimantée par ses pupilles félines, carnassières, intelligentes, profondes.

Puis un long sourire sensuel et malicieux, étira ses lèvres parfaite. Oh. Mon. Dieu. Il était réellement sublime.

Notre échange silencieux dura le temps d'un battement de paupière, puis il se concentra à nouveau sur l'instrument. Notre connexion fut coupée et je me retrouvai haletante, les sentiments en pagaille, le cœur explosé en mille morceaux. J'étais devenue la groupie du pianiste..."

Chapitre 2 :

" - Alors, tu as vu J. Holloway ? Il est comment ? me pressa Kaylee.

- Non, je ne l'ai pas vu, pas encore, mais mon boss envisage de me faire travailler sur son prochain roman !

- Quoi ? Déjà ? s'exclama-t-elle. Enfin, je veux dire, ne le prends pas mal, mais tu viens juste d'arriver.

- Je ne me vexe pas et j'étais la première surprise. Mais il m'a assuré qu'il n'y avait pas beaucoup de travail sur ses manuscrits.

Et que l'auteur voulait collaborer avec une femme.

- Et alors, c'est quoi son prénom ? me demanda Micah en allant piocher des livres dans la bibliothèque.

Il les posa sur le bar, près des verres pétillants de bulles ambrées. C'étaient les trois romans de J. Holloway.

Je fronçais les sourcils.

- Je n'en sais rien, il ne l'a pas dit. Il l'appelle aussi J. Holloway.

Kaylee ouvrit les yeux ronds.

- Quoi ? Tu crois qu'il cache son nom même à son éditeur ?

- Heu... C'est possible.

- Andie finira par le connaître, c'est certain, assura Micah. Si elle travaille pour lui..."