Le Nombre de Dieu

Un roman très décevant dont je suis venue à bout non sans difficulté. Malheureusement lu une dizaine de jours après « Les piliers de la terre » de Ken Follett, « Le nombre de Dieu » de J.L Corral n’a pas tenu la comparaison ne serait-ce qu’une seconde. J’aurais largement pu m’y faire et apprécier ce roman s’il avait été d’un niveau acceptable ; or ce n’est pas le cas. Ce roman est mauvais, et je n’ai pas peur de l’affirmer. J'assume mon opinion hautement négative sur ce roman.

Commençons par le commencement : la couverture. Mensonges, encore et toujours ! En effet, sur la première de couverture, outre le titre, le nom de l’auteur de l’illustration (qui m’a suffisamment tapé dans l’œil que pour me faire acheter ce roman) y figure cette phrase « Rêves de gloire, complots et passion au temps des cathédrales ». Dressons la liste des éléments effectivement présents :

- Cathédrales : manifestement présentes, oui, puisqu’il s’agit de la thématique du roman

- Rêves de gloire : euh, oui, dans un sens

- Passion : présente également même si elle laisse très fortement à désirer (c’est plat de chez plat)

- Complots : Ceux-là, je les cherche toujours ! Aucun complot à l’horizon dans ce roman les amis, pas la moindre petite magouille. Ils brillent par leur absence alors que pourtant ils sont annoncés par la première de couverture. Ah, ce que ces éditeurs ne feraient pas pour vendre …

Passons notre chemin après cette première déception et parlons des personnages, pas fort nombreux. Eh bien, au terme du roman (550 pages, quand même), force est de constater que J.L Corral leur a laissé très peu de place, voire pas du tout. Logique, puisque ceux-ci ont été complètement noyés par la quantité phénoménale d’informations inutiles que nous livre l’auteur, toutes les 3 pages, au sujet de l’évolution de la situation géo-politique des Royaumes de Castille et de Léon. Je ne suis pas contre l’immersion des personnages et du lecteur dans un univers richement construit, pas du tout ! G. R. R. Martin s’en tire excessivement bien, par exemple, et j’ai plaisir à le lire. Mais là, J.L Corral fait preuve d’une telle inélégance dans la façon d’amener les choses que le tout devient illisible et indigeste. Pour cette raison et à plusieurs reprises, j’ai été à deux doigts de laisser tomber ce roman.

Point suivant : les dialogues. Amis lecteurs, si vous êtes amateurs de dialogues variés et de réparties inattendues, n’ouvrez pas ce bouquin. Son auteur semble en effet être adepte de la technique du « copier-coller » d’un chapitre à une autre. En fait, J. L. Corral s’auto-plagie. C’est à se demander comment il a pu concevoir qu’on ne se rendrait compte de rien. J’en ai presque eu des allergies à force de lire le même monologues de 2 pages sur l’Art de la lumière avec un grand A (présent au moins 7 fois sur l’intégralité du roman). Même constat en ce qui concerne les dialogues du couple Teresa – Henri. Copier-coller pur et simple.

Ensuite, la cathédrale : Arrêtez-moi si je me trompe mais lorsque un roman s’intitule « Le nombre de Dieu » (référence géométrique essentielle à l’édification de cathédrales élégamment proportionnées) et que la quatrième de couverture vous annonce qu’il est question de l’édification d’une cathédrale en Castille, vous vous attendez à ce que cette bâtisse soit l’élément principal de l’intrigue, non ? Eh bien J. L Corral ne l’entendait pas de la même oreille. La cathédrale pourrait tout aussi bien être absente du roman que son intérêt –nul- n’en serait pas affecté tant il l’a reléguée au second plan. Ici, la cathédrale n’est qu’un moyen de rassembler tous les personnages principaux ensemble. Il est tout bonnement impossible pour le lecteur de se sentir concerné par son édification.

Et, enfin, l’avancement de l’histoire. D’une page à l’autre, des sauts de 2, 3 ou 4 ans s’opèrent. Cela ne m’aurait pas posé problème si la chose avait été gérée avec subtilité. Mais, encore une fois, l’auteur a fait preuve de rudesse excessive. Nous voilà projetés violemment d’une année à l’autre, comme des sacs de farine.

Autant assumer jusqu’au bout : je n’ai pas apprécié ce roman du tout, je le trouve très mauvais, je ne le recommande pas, et j’ai perdu mon temps en le lisant. Heureusement, je l’ai eu gratuitement. Ce qui me console.

Je termine "Le nombre de Dieu".

L'histoire de la construction des cathédrales selon le style gothique dans l'Espagne du XIIIè siècle. José Luis Corral aborde les difficultés auxquelles ont du se confronter ces bâtisseurs d'un art nouveau dans un siècle qui tombait peu à peu dans l'obscurantisme. Cette opposition à leur envie, leur besoin d'égaler la lumière de Dieu, les luttes et les concessions. Au delà du roman, un très beau portrait de femme. On se demande ce qu'il aurait pu advenir si l'église de Rome avait revêtu la robe des "Parfaits" et si le monde d'aujourd'hui n'en aurait pas été mieux éclairé?

Une petite déception... L'histoire semblait prometteuse mais au final l'histoire des deux personnages principaux est peu exploitée, délaissée au profit de l'histoire de la cathédrale. C'est un peu dommage, mais cela reste intéressant, l'auteur s'est bien documenté sur le Moyen Age et ses mentalités.