Le Nuage pourpre

Un livre qu'on m'a présenté comme l'un des premiers romans post-apocalyptique et cela bien avant la naissance du genre. Du coup j'ai voulu le lire pour découvrir à quoi ressemblait l'idée d'un monde post-apo par un écrivain du XIXe siècle. Alors autant le dire de suite, ça n'a rien à voir avec ce qui est écrit aujourd'hui et si vous cherchez de l'action, passez votre chemin; ici on est plus dans du descriptif et de l'introspectif. Globalement, il se passe des choses dans les cinquante premières pages et les cents dernièreÇa m'a pas mal rappelé Robinson Crusoé (que l'auteur a sans le moindre doute lu) avec des descriptions du personnage construisant notamment un palais avec divers matériaux qu'il a récupéré aux quatre coins du monde. En parlant du personnage... On doit faire avec lui, étant donné que l'histoire raconte qu'il est le dernier survivant sur Terre et... ce n'est pas le personnage le plus agréable, c'est le moins qu'on puisse dire. On comprend très vite de toute façon que c'est n'est pas quelqu'un de franchement recommandable. Mais que devient un homme lorsqu'il se retrouve seul sur Terre pendant dix-sept ans ? Vous vous en doutez, on se retrouve vite avec quelqu'un sombrant dans la folie et tout l'histoire tourne en fait autour de cette folie qui ronge le personnage, tout en ayant son point de vue, donc ce qu'interprète le lecteur et la façon dont se perçoit le personnage ont tendance à clasher. D'ailleurs, en parlant de clash, il y a des passages avec des descriptions et des choix de mots qui peuvent faire bondir quelqu'un d'ouvert du XXIe siècle, il faut se rappeler de remettre en contexte l'oeuvre, fort heureusement c'est assez facile, parce que l'écriture est foisonnante et surtout bien de son temps avec parfois des termes durs à saisir pour le lecteur. Et puis enfin, on est dans un roman du XIXe siècle et donc comme je m'y attendais l'aspect religieux, punition divine est le moteur de l'intrigue, et du personnage. Bon les questions religieuses sont moyennement ma tasse de thé, mais en revanche j'ai bien aimé dans la mesure où ça donne beaucoup plus de sens au terme "post-apocalyptique" puisque l'Apocalypse est un terme religieux et on ne retrouve plus dans nos romans d'aujourd'hui cet aspect (peut-être que le genre devrait se trouver un nom sans connotation religieuse? Bon c'est sans doute trop tard pour cela...)

"Le nuage pourpre" est un ouvrage de science-fiction sur lequel sont copiés, presque mot à mot d'après Jacques Bergier*, deux autres qui sont "s'il n'en reste qu'un" de Christophe Paulin et "l'ogive du monde" de François et Mattéo Tavera.

"Le nuage pourpre" est considéré comme un classique du genre.

Il est signé, au début du vingtième siècle, par Matthew Phipps Shiel.

C'est un livre déconcertant.

Sur le point de mourir, le docteur Arthur Lister Brown lègue, au narrateur de l'introduction, un récit venu du futur et inspiré à une femme par un état de transe.

Ce récit compose le corps de l'ouvrage.

Adam Jeffson, jeune médecin de vingt-sept ans, est le seul survivant d'une expédition vers le pôle dont il est revenu, complice de meurtre et riche de 175 millions de dollars, pour trouver notre monde empli de cadavres.

Un nuage parfumé, une odeur de pêche flotte dans l'air jour et nuit.

Il erre sur terre comme sur mer, sans espoir, durant de nombreuses années avant de, finalement, rencontrer Léda, une femme avec laquelle il va entretenir des relations étranges...

A égale distance entre philosophie, religion, horreur et science-fiction, ce roman est un peu dérangeant.

La longue quête du héros vers le vide de son futur n'est peuplé que de cadavres dont une brume entêtante et parfumée empêche la décomposition.

Certains passages semblent longs et répétitifs.

Les actes et réactions du héros, se voulant parfois des illustrations de théories métaphysiques exposées par l'auteur, sont parfois incompréhensibles et saugrenues.

Le livre est sombre.

Il se place à la lisière de la folie du héros et de la damnation de l'homme par Dieu.

Il m'a paru difficile de comprendre précisément le propos de l'auteur.

J'ai terminé ce livre assez perplexe et sans savoir quoi réellement en penser...

* dans le 75ème numéro de la revue "Fiction"