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Extrait ajouté par Bookwhisperer 2021-10-17T00:07:58+02:00

“En jurant à mi-voix, Pia releva la tête et croisa le regard le plus sombre qu’elle ait jamais vu, ombré de cils plus longs que n’en avait jamais produit le plus performant des mascaras.

Comment avait-il pu se rapprocher d’elle aussi vite ?

Il posa les doigts sur ses bras nus, entre sa robe et ses gants, et pressa sa chair avec une certaine insistance. Comme s’il devinait qu’elle aurait bien aimé lui échapper.

Jamais elle ne s’était sentie à l’aise avec les hommes, ni habile à user du langage subtil et sophistiqué du flirt que tous ses collègues instituteurs — du moins les plus jeunes — pratiquaient avec aisance. Même avec Frank, elle avait mis deux mois à prononcer une phrase sans trop d’efforts.

Mais en cet instant, il lui semblait qu’elle était nue, comme si ses pires angoisses (sa solitude après la mort de sa grand-mère, son besoin compulsif de s’enraciner quelque part, n’importe où) s’affichaient sur son front, sous le regard scrutateur de cet homme.

— Vous ne chercheriez pas à m’échapper, par hasard, cara mia ? dit-il d’une voix profonde, une voix de velours qui résonna au plus profond de son être.

En le heurtant, elle avait projeté les mains en avant, et elles étaient restées posées sur lui. Il accentua sa pression sur les poignets de Pia, comme pour lui intimer de mettre fin à cette situation.

— Vous ne dites rien ? reprit-il d’une voix plus froide, presque irritée. Vous communiquez avec les hommes en les palpant ?

Elle retira immédiatement les mains, comme si elle s’était brûlée.

— J’ai mal à la tête, dit-elle enfin, ce qui était vrai, en partie du moins. Je n’ai pas l’habitude de porter tant de bijoux, et ces talons ridicules me détruisent les pieds. Excusez-moi, je vous prie.

— Vous mentez d’une façon très charmante, mademoiselle.

Il avait proféré cette accusation d’une voix si douce qu’elle mit quelques secondes à comprendre l’insinuation.

— Et maintenant, vous allez me dire que vous détestez ce genre de réception, mais que vous tenez à faire bonne figure pour faire plaisir à Gio. Que tout ça, les bijoux, la robe, les chaussures, ce n’est pas votre tasse de thé, ajouta-t-il, prononçant ces trois derniers mots avec une caricature d’accent américain. Vous n’avez pas du tout apprécié de danser avec tous les hommes qui vous ont invitée. Vous avez passé la soirée à souffrir et à vous sacrifier.

Effectivement, c’était exactement ce qu’elle avait ressenti. Cette robe, ces escarpins, ces bijoux, cette coiffure compliquée, ce n’était pas elle. Mais elle s’était bien tenue. Parce qu’elle voulait que Giovanni soit fier d’elle. Parce qu’elle aurait aimé être une autre, ne serait-ce qu’une soirée. Une femme sophistiquée, charmante et raffinée, pas du genre à croire n’importe quel mensonge et à se retrouver croulant sous les dettes.

Or ce type arrogant laissait entendre qu’elle n’avait qu’un seul but : attirer l’attention et se mettre en valeur.

— Vous vous êtes déjà forgé une opinion à mon sujet, monsieur Mastrantino.

— Comment savez-vous qui je suis ?

— Gio m’a dit que vous étiez le plus beau, le plus puissant et le plus arrogant des hommes. Il avait raison, déclara-t-elle en rougissant.

Pia s’aperçut soudain que tous les regards étaient fixés sur eux. En découvrant la chevelure d’argent de son grand-père, elle jeta à celui-ci un regard de détresse. Hélas, Giovanni continua à bavarder comme s’il ne l’avait pas remarquée. Envahie par une bouffée d’angoisse, il lui semblait que Raphael Mastrantino, Gio et même les invités jouaient tous à un jeu dont on ne lui avait pas communiqué les règles.

— Dans ce cas, vous êtes avantagée puisqu’il ne m’a rien dit de vous. Jusqu’à ce que je reçoive l’invitation, je ne savais même pas que vous existiez. Un bal en l’honneur de Pia Alessandra.

Bien qu’elle soit plutôt élancée, il était bien plus grand qu’elle. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait petite, et même frêle.

— La petite-fille de Giovanni est de retour dans sa famille aimante après une longue absence. Un vrai joyau de la couronne qu’il expose devant toute la bonne société.

Pia tiqua. Pourquoi cet homme lui en voulait-il à ce point ? Malgré cela, sa respiration s’était précipitée, et à l’intérieur de son corps, on aurait dit que tout était bouleversé, comme des molécules qu’on aurait fait chauffer.

— Vous êtes la Cendrillon de l’année, poursuivit-il avec un rictus ironique. Je suppose que Giovanni vous a même acheté un prince pour danser avec vous jusqu’à ce que sonne le dernier coup de minuit ?

« Vous a acheté un prince ? » Comme s’il fallait payer quelqu’un pour qu’il l’invite à danser ! Pia sentit le sang se retirer de son visage. Raphael ne pouvait savoir quelle blessure terriblement douloureuse il venait de lui infliger.

— Gio sait bien que je ne cherche pas à…

Les mots lui restèrent dans la gorge tandis qu’elle se rappelait tous ces hommes qui, ce soir, l’avaient sollicitée. Elle se demandait soudain pourquoi Gio avait invité tant de jeunes gens bien sous tous rapports ; et pourquoi chacun d’eux avait foncé droit sur elle. Certes, elle était l’invitée d’honneur, mais quand même… Beaucoup d’autres femmes assistaient à ce bal.

— Je me trompe ? demanda-t-il sur un ton plein d’ironie. Pourquoi croyez-vous que tous ces hommes se sont précipités pour danser avec vous ? À cause de votre merveilleuse beauté ? De votre charmante conversation ? De votre magnétisme irrésistible ?

Il la toisa avant de détourner dédaigneusement la tête. À chaque nouvelle question, Pia fut obligée de reconnaître qu’il avait raison. Mais plutôt mourir que de rester là sans rien dire à écouter ses moqueries.

Elle voulut tourner les talons mais trébucha et laissa échapper un petit cri de douleur en glissant sur le sol. Avant que ses fesses aient touché le carrelage noir et blanc, deux bras solides la saisirent par la taille, non sans lui frôler les seins. Une onde de chaleur brûlante lui envahit le bas-ventre. Elle s’agrippa à Raphael Mastrantino, le souffle court.

Lentement, avec précaution, il la remit debout d’un geste aussi fluide qu’efficace et s’agenouilla devant elle. Le cœur de Pia se mit à battre la chamade. Dans la salle de bal, le silence était tel que si on avait fait tomber une épingle, cela aurait eu l’air d’une explosion.

Il leva vers elle son visage austère et lui souleva très doucement le pied. Ce faisant, une mèche de ses cheveux noir de jais lui tomba sur le front. Il fixa le pouls qui battait violemment au niveau de la gorge de Pia, puis son regard se posa sur ce que son décolleté dévoilait de ses seins. Sa bouche se crispa en un rictus de contrariété. Il baissa vivement la tête et posa le pied droit de Pia sur sa cuisse gauche. En appuyant du bout des doigts sur ses épaules, elle sentit les muscles de Raphael se raidir.

En proie à une agressivité inaccoutumée, elle espéra que le talon de son stiletto laisserait une trace sur cette chair dure comme le roc.

Les doigts de Raphael défirent avec habileté la bride de sa sandale, qu’il lui ôta prestement avant de tâter avec précaution sa cheville nue. Pia tressaillit de douleur, non sans y prendre toutefois un certain plaisir.

Il pinça les narines et sa bouche se crispa tandis que ses longs doigts caressaient la trace rouge laissée par la bride sur la peau de Pia, d’avant en arrière, lentement, jusqu’à ce qu’elle laisse échapper un petit gémissement rauque.

Il soutint son regard en continuant à la masser d’un air légèrement provocateur.

Un désir brûlant, interdit, inonda le ventre de Pia, et son cœur se mit à battre au rythme de ces caresses. Quand la main de Raphael remonta vers son mollet, elle retira brusquement son pied.

Mais au même instant, elle perdit l’équilibre et s’effondra sur lui.

Il la stabilisa, non sans pousser un juron, mais son visage se retrouva scandaleusement plaqué contre le ventre de Pia. Son souffle chaud déclencha un spasme si puissant dans le sexe de Pia qu’elle ne put retenir un gémissement.

Il la prit par la taille pour redresser son corps frémissant d’un désir incontrôlable.

— Lâchez-moi ! lui intima-t-elle.

Il haussa les épaules en la fixant d’un air parfaitement innocent.

— Si je vous lâche, vous allez tomber.

Cet homme était dangereux, trop habile à lui faire éprouver des sensations vertigineuses — cette difficulté à respirer, cette contraction au creux du ventre, cette chaleur qui envahissait tous ses muscles.

Cette fois, au lieu de s’appuyer des deux mains, elle posa la main droite sur l’épaule de Raphael pour assurer son équilibre et se débarrassa de son autre sandale. Puis elle les prit toutes les deux dans la main gauche, murmura un merci hâtif en direction de l’épaule de Raphael et se redressa.

Elle avait à peine fait deux pas qu’il se dressait de nouveau face à elle.

— Minuit n’a pas encore sonné. Vous n’êtes pas obligée de quitter le bal.

Pia le regarda, toujours déstabilisée par leur fugace intimité. Ce corps mince et puissant avait laissé sur elle une marque indélébile.

— Vous n’êtes pas un prince, plutôt une sorte de diable.

Un sourire illumina le visage sombre de Raphael. Elle soupira. La volonté de cet homme semblait inflexible. Son pied lui faisait mal, et elle se sentait épuisée, au bord de la migraine. Mais évidemment, si le filleul de son grand-père était venu au bal, ce n’était pas sans arrière-pensée…

Il la prit par les épaules et la fit pivoter, avant de la guider vers le centre de la piste et d’adresser un signe de tête arrogant à l’orchestre. Les musiciens se mirent à jouer une valse classique.

D’une main, son compagnon la prit par la taille et l’autre se referma sur ses doigts. Elle se raidit pour ne pas être serrée contre lui. Durant quelques minutes, ils tournoyèrent sur la piste, mais Pia ne parvenait pas à se détendre ni à respirer normalement. L’odeur de Raphael la submergeait, et son corps semblait inébranlable.

— Je me sentirais humilié si je n’avais pas remarqué que vous étiez déjà aussi raide et coincée avec les autres, lui chuchota-t-il en augmentant la pression de son bras sur sa taille.

Elle eut soudain l’impression de se noyer dans la profondeur des yeux noirs de son cavalier. Elle était peut-être raide et coincée, mais elle n’avait pas peur.

— Un ego aussi démesuré que le vôtre ne doit pas être facile à écorner.

Il émit un petit rire à la fois rauque et profond qui éveilla en elle une sensation enfouie. Ses longs doigts lui effleurèrent les seins. Elle frémit.

— Parlez-moi de vous, murmura-t-il en la serrant de plus près, comme s’il était inconscient de la torture qu’il lui faisait subir et lui-même absolument insensible. Parlez-moi de vos rêves, de vos aspirations. Quel est votre parfum de glace préféré ? Votre styliste italien favori ? Qu’allez-vous demander à Gio pour votre anniversaire ?

— Pour mon anniversaire ?

— Mais oui, pour compenser toutes ces années de séparation. Un yacht ? Vous aimez naviguer ? Un appartement à Venise ?

— Je ne sais pas…

Ils refirent le tour de la piste, mais cette fois, la main de Raphael était posée sur son dos nu. Une sensation presque insupportable…

— Quel âge avez-vous ?

— Vingt-trois ans.

— Pour quelqu’un d’aussi jeune, c’est une belle réussite.

Le corps de Pia était trop conscient de la présence magnétique de celui de Raphael pour que son esprit déchiffre ce qui se cachait sous cette phrase.”

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Extrait ajouté par Underworld 2019-12-29T09:13:02+01:00

** Extrait offert par Tara Pammi **

1.

Un frisson courut le long du corps de Pia, échauffé par deux heures de danse ininterrompues. Un signal d’alarme. Comme si soudain, à l’instant même où il pénétrait dans la pièce, un vent glacé avait chassé la brise tiède qui entrait par les fenêtres de la vaste maison de son grand-père, où se donnait ce premier bal qu’il lui offrait.

Raphael Mastrantino.

Le filleul et protégé de son grand-père, P-DG de Vito Automobiles, révéré par le Tout-Milan comme un demi-dieu.

Elle sentit les autres femmes frémir silencieusement elles aussi, tandis qu’elles le contemplaient avidement pour mieux détailler ensuite entre elles ses atouts.

Dès l’instant où elle avait retrouvé Gio, ce grand-père si longtemps perdu de vue, qui, au début de l’été, l’avait enfin reconnue comme sa petite-fille, il n’avait été question que de Raphael Mastrantino. Et pour une fois, son grand-père si enclin à tout dramatiser n’avait rien exagéré.

Aucun autre homme n’aurait pu faire son entrée dans la salle de bal avec tant d’arrogance et d’assurance, comme s’il possédait à la fois la propriété et les gens qui y vivaient.

Dans sa chemise blanche, il avait une telle allure qu’il ridiculisait les smokings des autres. Il lui avait suffi d’apparaître pour faire tourner toutes les têtes.

Son regard traversa la pièce, accrocha celui de Pia et s’y tint, comme s’il cherchait à lire au fond de son âme. Comme s’ils étaient reliés par un arc électrique — une expérience qu’elle avait souvent réalisée devant ses élèves de CM2.

Aucun adjectif n’était assez éloquent pour décrire la virilité de Raphael Mastrantino, la largeur de ses épaules, la minceur de sa taille, la longueur de ses jambes. Les traits de son visage aux angles marqués étaient de ceux qu’on voyait sur les statues. Pia dut faire un terrible effort pour ne pas flancher sous l’intensité de ce regard.

Il demeura impassible, sans esquisser le moindre sourire. Même de si loin, son œil cynique et évaluateur exprimait une ironie qu’elle ressentait jusqu’au bout des orteils. Toisée de cette façon, elle sentit son sang se glacer. Pourquoi le filleul de son grand-père la méprisait-il à ce point ?

Pia décida de faire mine d’ignorer sa présence — ce qui était à peu près aussi facile que pour la Terre d’ignorer celle du soleil. Tête baissée, elle se fraya un chemin hors de la piste de danse.

Hélas, elle ne tarda pas à se heurter à un mur de virilité si ferme qu’elle en eut le souffle coupé.

* * *

En jurant à mi-voix, Pia releva la tête et croisa le regard le plus sombre qu’elle ait jamais vu, ombré de cils plus longs que n’en avait jamais produit le plus performant des mascaras.

Comment avait-il pu se rapprocher d’elle aussi vite ?

Il posa les doigts sur ses bras nus, entre sa robe et ses gants, et pressa sa chair avec une certaine insistance. Comme s’il devinait qu’elle aurait bien aimé lui échapper.

Jamais elle ne s’était sentie à l’aise avec les hommes, ni habile à user du langage subtil et sophistiqué du flirt que tous ses collègues instituteurs — du moins les plus jeunes — pratiquaient avec aisance. Même avec Frank, elle avait mis deux mois à prononcer une phrase sans trop d’efforts.

Mais en cet instant, il lui semblait qu’elle était nue, comme si ses pires angoisses (sa solitude après la mort de sa grand-mère, son besoin compulsif de s’enraciner quelque part, n’importe où) s’affichaient sur son front, sous le regard scrutateur de cet homme.

— Vous ne chercheriez pas à m’échapper, par hasard, cara mia ? dit-il d’une voix profonde, une voix de velours qui résonna au plus profond de son être.

En le heurtant, elle avait projeté les mains en avant, et elles étaient restées posées sur lui. Il accentua sa pression sur les poignets de Pia, comme pour lui intimer de mettre fin à cette situation.

— Vous ne dites rien ? reprit-il d’une voix plus froide, presque irritée. Vous communiquez avec les hommes en les palpant ?

Elle retira immédiatement les mains, comme si elle s’était brûlée.

— J’ai mal à la tête, dit-elle enfin, ce qui était vrai, en partie du moins. Je n’ai pas l’habitude de porter tant de bijoux, et ces talons ridicules me détruisent les pieds. Excusez-moi, je vous prie.

— Vous mentez d’une façon très charmante, mademoiselle.

Il avait proféré cette accusation d’une voix si douce qu’elle mit quelques secondes à comprendre l’insinuation.

— Et maintenant, vous allez me dire que vous détestez ce genre de réception, mais que vous tenez à faire bonne figure pour faire plaisir à Gio. Que tout ça, les bijoux, la robe, les chaussures, ce n’est pas votre tasse de thé, ajouta-t-il, prononçant ces trois derniers mots avec une caricature d’accent américain. Vous n’avez pas du tout apprécié de danser avec tous les hommes qui vous ont invitée. Vous avez passé la soirée à souffrir et à vous sacrifier.

Effectivement, c’était exactement ce qu’elle avait ressenti. Cette robe, ces escarpins, ces bijoux, cette coiffure compliquée, ce n’était pas elle. Mais elle s’était bien tenue. Parce qu’elle voulait que Giovanni soit fier d’elle. Parce qu’elle aurait aimé être une autre, ne serait-ce qu’une soirée. Une femme sophistiquée, charmante et raffinée, pas du genre à croire n’importe quel mensonge et à se retrouver croulant sous les dettes.

Or ce type arrogant laissait entendre qu’elle n’avait qu’un seul but : attirer l’attention et se mettre en valeur.

— Vous vous êtes déjà forgé une opinion à mon sujet, monsieur Mastrantino.

— Comment savez-vous qui je suis ?

— Gio m’a dit que vous étiez le plus beau, le plus puissant et le plus arrogant des hommes. Il avait raison, déclara-t-elle en rougissant.

Pia s’aperçut soudain que tous les regards étaient fixés sur eux. En découvrant la chevelure d’argent de son grand-père, elle jeta à celui-ci un regard de détresse. Hélas, Giovanni continua à bavarder comme s’il ne l’avait pas remarquée. Envahie par une bouffée d’angoisse, il lui semblait que Raphael Mastrantino, Gio et même les invités jouaient tous à un jeu dont on ne lui avait pas communiqué les règles.

— Dans ce cas, vous êtes avantagée puisqu’il ne m’a rien dit de vous. Jusqu’à ce que je reçoive l’invitation, je ne savais même pas que vous existiez. Un bal en l’honneur de Pia Alessandra.

Bien qu’elle soit plutôt élancée, il était bien plus grand qu’elle. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait petite, et même frêle.

— La petite-fille de Giovanni est de retour dans sa famille aimante après une longue absence. Un vrai joyau de la couronne qu’il expose devant toute la bonne société.

Pia tiqua. Pourquoi cet homme lui en voulait-il à ce point ? Malgré cela, sa respiration s’était précipitée, et à l’intérieur de son corps, on aurait dit que tout était bouleversé, comme des molécules qu’on aurait fait chauffer.

— Vous êtes la Cendrillon de l’année, poursuivit-il avec un rictus ironique. Je suppose que Giovanni vous a même acheté un prince pour danser avec vous jusqu’à ce que sonne le dernier coup de minuit ?

« Vous a acheté un prince ? » Comme s’il fallait payer quelqu’un pour qu’il l’invite à danser ! Pia sentit le sang se retirer de son visage. Raphael ne pouvait savoir quelle blessure terriblement douloureuse il venait de lui infliger.

— Gio sait bien que je ne cherche pas à…

Les mots lui restèrent dans la gorge tandis qu’elle se rappelait tous ces hommes qui, ce soir, l’avaient sollicitée. Elle se demandait soudain pourquoi Gio avait invité tant de jeunes gens bien sous tous rapports ; et pourquoi chacun d’eux avait foncé droit sur elle. Certes, elle était l’invitée d’honneur, mais quand même… Beaucoup d’autres femmes assistaient à ce bal.

— Je me trompe ? demanda-t-il sur un ton plein d’ironie. Pourquoi croyez-vous que tous ces hommes se sont précipités pour danser avec vous ? À cause de votre merveilleuse beauté ? De votre charmante conversation ? De votre magnétisme irrésistible ?

Il la toisa avant de détourner dédaigneusement la tête. À chaque nouvelle question, Pia fut obligée de reconnaître qu’il avait raison. Mais plutôt mourir que de rester là sans rien dire à écouter ses moqueries.

Elle voulut tourner les talons mais trébucha et laissa échapper un petit cri de douleur en glissant sur le sol. Avant que ses fesses aient touché le carrelage noir et blanc, deux bras solides la saisirent par la taille, non sans lui frôler les seins. Une onde de chaleur brûlante lui envahit le bas-ventre. Elle s’agrippa à Raphael Mastrantino, le souffle court.

* * *

Lentement, avec précaution, il la remit debout d’un geste aussi fluide qu’efficace et s’agenouilla devant elle. Le cœur de Pia se mit à battre la chamade. Dans la salle de bal, le silence était tel que si on avait fait tomber une épingle, cela aurait eu l’air d’une explosion.

Il leva vers elle son visage austère et lui souleva très doucement le pied. Ce faisant, une mèche de ses cheveux noir de jais lui tomba sur le front. Il fixa le pouls qui battait violemment au niveau de la gorge de Pia, puis son regard se posa sur ce que son décolleté dévoilait de ses seins. Sa bouche se crispa en un rictus de contrariété. Il baissa vivement la tête et posa le pied droit de Pia sur sa cuisse gauche. En appuyant du bout des doigts sur ses épaules, elle sentit les muscles de Raphael se raidir.

En proie à une agressivité inaccoutumée, elle espéra que le talon de son stiletto laisserait une trace sur cette chair dure comme le roc.

Les doigts de Raphael défirent avec habileté la bride de sa sandale, qu’il lui ôta prestement avant de tâter avec précaution sa cheville nue. Pia tressaillit de douleur, non sans y prendre toutefois un certain plaisir.

Il pinça les narines et sa bouche se crispa tandis que ses longs doigts caressaient la trace rouge laissée par la bride sur la peau de Pia, d’avant en arrière, lentement, jusqu’à ce qu’elle laisse échapper un petit gémissement rauque.

Il soutint son regard en continuant à la masser d’un air légèrement provocateur.

Un désir brûlant, interdit, inonda le ventre de Pia, et son cœur se mit à battre au rythme de ces caresses. Quand la main de Raphael remonta vers son mollet, elle retira brusquement son pied.

Mais au même instant, elle perdit l’équilibre et s’effondra sur lui.

Il la stabilisa, non sans pousser un juron, mais son visage se retrouva scandaleusement plaqué contre le ventre de Pia. Son souffle chaud déclencha un spasme si puissant dans le sexe de Pia qu’elle ne put retenir un gémissement.

Il la prit par la taille pour redresser son corps frémissant d’un désir incontrôlable.

— Lâchez-moi ! lui intima-t-elle.

Il haussa les épaules en la fixant d’un air parfaitement innocent.

— Si je vous lâche, vous allez tomber.

Cet homme était dangereux, trop habile à lui faire éprouver des sensations vertigineuses — cette difficulté à respirer, cette contraction au creux du ventre, cette chaleur qui envahissait tous ses muscles.

Cette fois, au lieu de s’appuyer des deux mains, elle posa la main droite sur l’épaule de Raphael pour assurer son équilibre et se débarrassa de son autre sandale. Puis elle les prit toutes les deux dans la main gauche, murmura un merci hâtif en direction de l’épaule de Raphael et se redressa.

Elle avait à peine fait deux pas qu’il se dressait de nouveau face à elle.

— Minuit n’a pas encore sonné. Vous n’êtes pas obligée de quitter le bal.

Pia le regarda, toujours déstabilisée par leur fugace intimité. Ce corps mince et puissant avait laissé sur elle une marque indélébile.

— Vous n’êtes pas un prince, plutôt une sorte de diable.

Un sourire illumina le visage sombre de Raphael. Elle soupira. La volonté de cet homme semblait inflexible. Son pied lui faisait mal, et elle se sentait épuisée, au bord de la migraine. Mais évidemment, si le filleul de son grand-père était venu au bal, ce n’était pas sans arrière-pensée…

Il la prit par les épaules et la fit pivoter, avant de la guider vers le centre de la piste et d’adresser un signe de tête arrogant à l’orchestre. Les musiciens se mirent à jouer une valse classique.

D’une main, son compagnon la prit par la taille et l’autre se referma sur ses doigts. Elle se raidit pour ne pas être serrée contre lui. Durant quelques minutes, ils tournoyèrent sur la piste, mais Pia ne parvenait pas à se détendre ni à respirer normalement. L’odeur de Raphael la submergeait, et son corps semblait inébranlable.

— Je me sentirais humilié si je n’avais pas remarqué que vous étiez déjà aussi raide et coincée avec les autres, lui chuchota-t-il en augmentant la pression de son bras sur sa taille.

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