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- Bien sûr ! Qui n'aime pas ses enfants !

Je me rappelai le geste monstrueux de mon père en train de tordre le cou à Abdelkader. J'ai failli dire : « Mon père n'aimait pas mon frère. D'ailleurs, c'est lui qui l'a tué. Oui, je dis bien tué. Assassiné. Je l'ai vu. J'ai assisté au meurtre. C'est lui qui l'a tué. Je l'ai vu. Il lui a tordu le cou. Le sang a giclé de sa bouche. Je l'ai vu de mes propres yeux. C'est mon père son assassin. »

Pour atténuer la haine que je portais à mon père, je me suis mis à pleurer. J'avais peur. Après tout il pouvait me tuer moi aussi.

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Je baissai la tête, un peu parce que je n’étais pas très sûr de moi et aussi parce que je voulais la supplier. Elle me regarda, couvrit ses jambes et ferma son chemisier. Je ne voyais plus ses seins mais les imaginais, blancs et tendres avec au bout comme un grain de raisin noir

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Par le trou de la serrure, j’observais la jeune fille qui s’activait à laver le parterre. Elle allait et venait, sa robe un peu relevée. On voyait ses belles cuisses blanches. Elle avait de petits seins très beaux qui sortaient de son chemisier quand elle se baissait pour ramasser le seau d’eau sale.

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— Je ne sais pas pourquoi. Ma mère sait. L’homme et la femme se concertèrent. Allaient-ils me garder auprès d’eux ? Leur fille était là, pieds nus ; ses mains pures et innocentes mouillées. La mère et la fille avaient pitié de moi. Pas l’homme. Lui, tout en prenant les choses à la légère, voulait me punir, voulait me faire sentir la faute. Il me prit par la main et me fit entrer dans une chambre pleine d’objets cassés, une sorte de débarras, et me dit : — Reste tranquille ici. Surtout ne te mets pas à pleurer. Je te corrigerai avec cette branche verte si tu pleures

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Notre voisin possède un poirier très riche. Je passais des heures à observer ses fruits. Un matin il me surprit en train d’essayer de cueillir une belle poire, la plus belle, avec un roseau. Il me traîna par terre. J’essayais de me détacher. J’ai eu tellement peur que j’ai pissé dans ma culotte

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Entre les gosses du quartier et moi, il existe une petite distinction. Quoique certains soient plus misérables que moi. J’ai vu un jour l’un d’eux ramasser la carcasse d’un poulet et en sucer les os en disant : « Les habitants de cette maison ont une poubelle intéressante, généreuse… » J’étais pour eux l’affamé venu d’ailleurs 

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— On ne lui a laissé que l’anse du sac sur le bras… Je reçus un coup de bâton sur les fesses. Je bondis en l’air, criant en riffain : « Mère ! Mère ! » J’ai insulté le flic dans ma tête. Deux autres flics étaient arrivés avec leur matraque. Bousculade et panique. Quelle honte ! De grands gaillards frappent les petits et malmènent les hommes pauvres qui traînent sur cette place, sans travail

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J’ai eu peur. Je tremblais de peur. Je me suis vu une seconde entre les mains du flic. J’ai prié Dieu pour qu’il intervienne, mais il ne s’est point manifesté. Le gosse était bien dans le filet du flic. J’ai eu de la haine et du dégoût pour ceux qui avaient crié, pour ceux qui étaient du côté de la brutalité du flic.

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Ma mère partait dans la ville à la recherche de travail. Elle avait peur, peur de revenir à la maison les mains vides. Elle sanglotait. Des charlatans lui écrivaient des amulettes pour que mon père sorte de prison et qu’elle trouve du travail. Elle passait le reste du temps à prier, à implorer le ciel et allumer les bougies des marabouts. Elle consultait aussi les voyantes. Elle se lamentait 

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Il achetait un sac de pain et du tabac bon marché et partait très loin de Tanger retrouver des soldats espagnols avec qui il devait faire quelque menu trafic. Le soir il revenait avec le même sac plein d’habits militaires usés qu’il revendait aux manœuvres marocains dans le grand socco. Un soir, il n’est pas rentré. Je me suis endormi, laissant ma mère avec son angoisse. Les jours ont passé. Aucun signe. J’essayais de consoler ma mère, de l’aider à avoir patience. L’aimait-elle ? Ne l’aimait-elle pas ? J’ai compris la nature de ses sentiments quand elle m’a dit 

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