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La raison est la lueur pâle et tremblotante d’une bougie que brandit un homme pour guider ses pas quand le feu qui brûlait en lui s’est éteint.
Afficher en entierL’Amérique n’avait aucune limite, hormis celles qu’un homme s’imposait. Le passé que Clenchfield aimait tant n’existait pas ici. Le présent qu’il s’efforçait de maintenir équilibré et exact, au prix de gros efforts, serait bientôt un lendemain mort. Quand un homme s’attachait à une époque, celle-ci, qui ne cessait de reculer dans la nuit des temps, l’entraînait avec lui jusqu’à ce que l’un et l’autre soient morts et oubliés.
Afficher en entierL'obscurité était une cape jetée négligemment sur les montagnes et les prairies, les aboiements des chiens d'Anselm réveillaient des échos lointains dans les collines sillonnées de crêtes.
...L'haleine du canyon était humide et froide.
La piste montait et la poussière molle absorbait le bruit des pas des chevaux.
Un ruisseau fougueux longeait la piste et affrontait musicalement les pierres de son lit.
Afficher en entierDès qu’il fut arrivé à Portland, Logan Stuart laissa son cheval à l’écurie d’Oak Street et rebroussa chemin dans Front Street en direction du bureau de messagerie exprès. Un vent violent du sud-ouest faisait rouler des nuages noirs au- dessus de la ville et les gouttes gonflées d’une pluie cinglante formaient un écran argenté et oblique autour de lui, ridant la boue liquide des rues et exécutant une danse cristalline sur les toits brillants. Les trottoirs de planches aux intersections étaient à
moitié immergés et s’enfonçaient sous son poids. À 14 heures, un jour comme celui- ci, les lampes à pétrole scintillaient déjà à
travers les carreaux ruisselants, et l’odeur qui émanait des saloons devant lesquels il passait était un mélange chaud et puissant de tabac, de whisky et de vêtements de laine trempés.
Trois ou quatre navires à voile étaient amarrés à quai, on aper- cevait leurs espars nus au-dessus de la rangée de maisons à
charpentes de bois de Front Street. Dans la direction opposée, au-delà de la Septième Rue, la grande forêt de sapins dessinait un demi-cercle noir qui acculait les mille habitants de Portland contre le fleuve. Des enseignes de commerçants grinçaient sur leurs supports en fer. Une puissante odeur âpre, celle des imposantes collines boisées et des vallées adoucie par la pluie, assaillit Logan Stuart, et quand il pénétra dans le bureau de la messagerie exprès, il vit une silhouette râblée, floue dans ce crépuscule agité, jaillir de la porte de saloon, devant lui. Au même moment, un haquet tiré par quatre chevaux remontait Front Street. Les grandes roues du véhicule s’enfoncèrent jusqu’aux moyeux, et les jurons du conducteur, lancés avec vigueur, se perdirent immédiatement dans la tempête.
source : Actes Sud
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