Extraits

- Mais pourquoi est-ce que les souvenirs ne peuvent pas être à tout le monde ? Je pense que ce serait peut-être un peu plus facile si on les partageait. (...)

Le passeur soupira.

- Tu as raison, dit-il. Mais alors tout le monde devrait supporter ce fardeau et cette douleur. Ils ne veulent pas de ça.

Parfois j'aimerais qu'ils fassent plus souvent appel à ma sagesse; il y a tant de choses que je pourrais leur dire, des choses que j'aimerais les voir changer ! Mais ils ne veulent pas de changements. Leur vie est tellement ordonnée, tellement prévisible, sans douleur. C'est ce qu'ils ont choisi.

Si tout est pareil, on n'a plus le choix. Je veux pouvoir me lever le matin et faire des choix.

" Nous ne pouvons pas prendre le risque de laisser les gens faire des choix "

Et je te remercie car une fois de plus tu nous fournis l’occasion de faire un petit point de vocabulaire. « Abstraire » est un mot trop fort pour décrire la contemplation de saumons.

Il se retourna et écrivit « Abstraire » sur le tableau d’instruction. À côté il écrivit « distraire ».

La vie où il ne se passait rien d'inattendu. Ni d'importun. Ni d'inhabituel. La vie sans couleur, sans douleur, sans passé."

Les souvenirs sont fait pour être partagés."

Mais quelle importance ? S'il restait, sa vie ne valait pas la peine d'être vécue."

J'ai toujours de la peine pour quelqu'un qui se trouve dans un endroit où il se sent bizarre et idiot."

Jonas entendait les cannons gronder dans le lointain. Submergé par la douleur, il resta allongé pendant des heures dans l'effroyable puanteur à écouter mourir les hommes et les animaux, et il apprit ce qu'était la guerre.

Enfin, quand il comprit qu'il ne pouvait plus le supporter et qu'il serait prêt à accueillir la mort lui aussi, il ouvrit les yeux et se retrouva de nouveau sur le lit.

Le passeur détourna son regard, comme s'il refusait de voir ce qu'il avait fait à Jonas.

_ Pardonne-moi, dit-il.