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Je suis si contente qu'il ait déjà eu la grippe, une semaine avant moi, et dans une forme aussi légère. Sinon j'en serais réduite à surveiller son état tous les matins et tous les soirs. Dès années durant, j'ai vécu dans la peur de perdre mon frère, jusqu'au jour où il m'est revenu complètement transformé. Je ne supporte pas l'idée que le sort m'arrache ce qu'il reste de lui.
Afficher en entierVeuillez à rester propre, à vous chauffer et à bien manger mais sans consommer plus que votre part de combustible et de nourriture. Couchez vous tôt et ouvrez grand vos fenêtres tout en prenant garde à éviter les courants d'air. Une bonne ventilation et le respect des mesures sanitaires seront le salut de notre nation.
Afficher en entierPresses de la Cité, p. 137
« — Mon humeur en a pris un coup avec cette épidémie. Je me sens un peu morte à l'intérieur.
— Vous ne pouvez pas être un peu morte. Tant que vous n'êtes pas enterrée, vous êtes à 100% vivante. »
Afficher en entierPresses de la Cité, p. 136
« VEILLEZ À RESTER PROPRE, À VOUS CHAUFFER ET À BIEN MANGER MAIS SANS CONSOMMER PLUS QUE VOTRE PART DE COMBUSTIBLE ET DE NOURRITURE.
COUCHEZ-VOUS TÔT ET OUVREZ GRAND VOS FENÊTRES TOUT EN PRENANT GARDE À ÉVITER LES COURANTS D'AIR.
UNE BONNE VENTILATION ET LE RESPECT DES MESURES SANITAIRES SERONT LE SALUT DE NOTRE NATION.
Ces injonctions paradoxales me laissent dubitative. Elles semblent vouloir nous donner mauvaise conscience quoi que l'on fasse — que l'on monte un peu le chauffage pour ne pas prendre froid ou qu'on le baisse par souci d'économie. Déjà, j'ai honte chaque fois que je m'agace de simples petites privations alors que d'autres souffrent bien plus que moi. L'air noir de suie que l'on respire a un parfum de culpabilité de nos jours. »
Afficher en entierPresses de la Cité, p. 88
« Je la vois soudain agripper son ventre à travers sa chemise de nuit et appuyer un doigt sur son nombril.
— C'est à cet endroit que vous avez mal ?
Elle secoue la tête et tousse contre le dos de sa main.
— Je me demande juste comment je saurai qu'il est sur le point de s'ouvrir.
Je marque un temps d'arrêt.
— Votre nombril ?
Sa voix tremble tandis qu'elle continue à aller et venir.
— Est-ce que ça se fait tout seul ou est-ce que le médecin devra... le forcer ?
Je suis gênée pour elle.
— Madame O'Rahilly, ce n'est pas par là que sortent les bébés. »
Afficher en entierPresses de la Cité, p. 74
« J'attrape le manuel d'obstétrique de Jellett sur un étagère et tourne la délicate feuille de papier pelure pour montrer à Bridie Sweeney le frontispice intitulé "L'utérus à terme".
Elle ouvre grand les yeux.
— Nom de nom !
Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'elle pense avoir devant elle le dessin d'une femme qui a réellement été tranchée en deux.
— Non, non, c'est un plaisir, en coupe : voilà ce qu'on découvrirait si on voyait à travers elle. Vous avez remarqué la position du bébé ? Il est tout recroquevillé. »
Afficher en entierPresses de la Cité, p. 14
« [J]e n'ai aucune raison de reculer devant quelqu'un qui éternue puisque je suis immunisée contre l'horrible grippe de cette saison. J'éprouve même un certain soulagement à me dire que je l'ai déjà eue.
Une violente quinte de toux derrière moi. Puis une deuxième. "Tchac, tchac". On croirait un arbre en train d'être coupé avec une hache trop petite. Les autres passagers s'écartent comme un seul homme. Ce son ambigu pourrait être le début de la grippe ou un symptôme persistant chez un convalescent. Certes, il pourrait aussi trahir un rhume banal et inoffensif, voire même un de ces tics nerveux qui se déclenchent dès qu'on y pense, à l'image d'un bâillement, mais, en ce moment, toute la ville a tendance à imaginer le pire, et ce n'est pas étonnant. »
Afficher en entierLa nuit a encore du temps devant elle au moment où je quitte la maison ce matin. Je longe à bicyclette les rues fétides de Dublin rendues glissantes par la pluie. Ma petite cape verte me protège du gros de l'averse, mais les manches de mon manteau se retrouvent vite trempées. Des relents de bouse de vache et de sang s'échappent d'un chemin au milieu duquel patiente du bétail. Tandis qu'un garçon vêtu d'une veste d'homme me crie quelque chose de grossier, je pédale plus vite et double une voiture qui roule au pas pour économiser son essence.
Après avoir garé mon vélo dans la même venelle que d'habitude, je fixe le cadenas à combinaison sur la roue arrière. (Un cadenas de fabrication allemande, bien sûr. Comment le remplacerai-je une fois que son mécanisme aura rouillé ?) Je dénoue les les rubans qui maintiennent les pans de ma jupe relevés sur le côté et sors mon sac tout mouillé de mon panier. Je préférerais finir le trajet jusqu'à l'hôpital de la même façon que je l'ai commencé - je mettrais deux fois moins de temps qu'en prenant le tramway -, mais l'infirmière en chef ne veut pas qu'on arrive en nage au travail.
Afficher en entierUN NOUVEL ENNEMI
RÔDE PARMI NOUS : LA PANIQUE.
CE DECOURAGEMENT GENERAL QU'ON QUALIFIE DE LASSITUDE FACE A LA GUERRE A OUVERT LA VOIE A LA CONTAGION.
LES DEFAITISTES SONT LES ALLIES DE LA MALADIE
Afficher en entierMETTEZ VOTRE MAIN DEVANT VOTRE BOUCHE
AVANT DE TOUSSER OU D'ETERNUER...
LES IMBÉCILES ET LES TRAÎTRES
RÉPANDENT LA MALADIE.
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