Le Petit Livre des plantes sauvages

"Le champ de blé met sa cocarde coquelicot", écrivait Robert Desnos, au temps où les céréaliers ne versaient pas encore les herbicides à profusion. De même Claude Monet pouvait-il peindre Les Coquelicots, toile célèbre où l'on voit des dames en chapeau disparaissant presque dans une mer de fleurs rouges, dans "la braise des coquelicots", pour reprendre les mots de Victor Hugo.

Et pourquoi cette annuelle est-elle une plante messicole (accompagnant les moissons) ? Parce que ses graines, qu'elle produit en grande quantité, ne peuvent germer que lorsqu'elles sont faiblement enterrées (à moins de 15 mm). Ainsi, elle apparaît massivement sur les sols fraîchement remués et labourés, parce que le soc de la charrue a fait remonter à la surface des graines enfouies. Elle pousse aussi sur les tombes récentes. C'est l'une des raisons qui a fait du coquelicot, en Grande-Bretagne, un symbole des morts de la Première Guerre mondiale. Ce petit pavot annuel est une plante d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord. Il est présent dans toute la France, même s'il est en régression. Ses tiges dressées, ramifiées, atteignent 20 à 60 cm et portent des fleurs solitaires, à pétales comme du papier, de couleur rouge "ponceau" - autre nom de la plante -, qui "se fanent en se violaçant", comme disait Guillaume Apollinaire.