Le petit livre rouge des meilleurs voeux

VŒU QUI PEUT

Aux quelques frileux qui ont mis un embargo à la communication de leurs vœux, par trop intimes disent-ils, je leur dis : gardez vos vœux en vous, cachez les au plus profond, mais ne venez pas ensuite vous plaindre. Ce n’est pas tous les jours qu’on vous tendra la main. Il faut un peu s’ouvrir pour être entendu. Voilà, c’est dit !

Bien, sur ce, je dois m’absenter quelques heures, il semble que ma soirée d’anniversaire soit prévue à l’extérieur, et donc l’homme de ma vie m’emporte à l’autre bout de la ville dans son vieux cabriolet blanc crasseux et inconfortable. Paris survit sous une pluie fine et gluante, les rues sont envahies de piétons crispés qui se hâtent et qui glissent, encombrés de paquets et gênés par leur parapluie dégoulinant. Les vélos et les motos téméraires contournent tous les obstacles mécaniques ou humains, par la gauche, par la droite ou par surprise. Les bus vengeurs et déterminés surgissent sur une voie mal identifiée et contraire à la logique. Et voilà l’homme précédemment charmant, et qui s’était certainement promis de rester calme qui explose :

•Mais regarde-moi ces cons ! C’est pas possible de voir ça, il n’y a que des cons ce soir ! Et le feu rouge, il est là pour faire joli ? Et ta flèche vieille conne, tu sais pas où elle est ? Bordel, voilà maintenant les camions poubelles, c’est le comble ! Ils ne pourraient pas venir la nuit quand même…

Bonjour le respect du travail d’autrui ! Et pas n’importe quel travail. Il le ferait ce travail, lui ? J’attends de voir. Heureusement qu’existe tout de même le Droit du Travail et que les syndicats veillent ! Coïncidence sadique, demain est un jour de grève générale, les syndicats vont exprimer le vœu vain que les salariés soient mieux rémunérés et leurs droits respectés. C’est tout de même courageux de leur part de garder l’espoir.