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Le Plongeur



Description ajoutée par Nanako 2023-02-22T15:44:50+01:00

Résumé

Nous sommes à Montréal au début de l'hiver 2002. Le narrateur n'a pas vingt ans. Il aime Lovecraft, le métal, les comic books et la science-fiction.

Étudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s'endette, aspiré dans une spirale qui menace d'engouffrer sa vie entière : c'est un joueur.

Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe. Il se retrouve à bout de ressources, isolé, sans appartement.

C'est à ce moment qu'il devient plongeur au restaurant La Trattoria, où il se liera d'amitié avec Bébert, un cuisinier expérimenté, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune mais déjà usé par l'alcool et le speed.

Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les doubles, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit.

On découvre ainsi le train survolté d'un restaurant à l'approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages : propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, serveurs, barmaids et busboys.

Si certains d'entre eux semblent plus grands que nature, tous sont dépeints au plus près des usages du métier, avec une rare justesse. C'est en leur compagnie que le plongeur tente de juguler son obsession pour les machines de vidéopoker, traversant les cercles d'une saison chaotique rythmée par les rushs, les luttes de pouvoir et les décisions néfastes.

Oeuvre de nuit qui brille des ors illusoires du jeu, Le plongeur raconte un monde où chacun dépend des autres pour le meilleur et pour le pire. Roman d'apprentissage et roman noir, poème sur l'addiction et chronique saisissante d'une cuisine vue de l'intérieur, Le plongeur est un magnifique coup d'envoi, à l'hyperréalisme documentaire, héritier du Joueur de Dostoïevski, de L'homme au bras d'or de Nelson Algren et du premier récit d'Orwell, celui d'un plongeur dans le Paris des années vingt.

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Classement en biblio - 74 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par dreamygirl 2023-03-02T08:44:59+01:00

Il la garde dans un état impeccable. Pas de papier journal tout chiffonné en guise de sauve-pantalon. Pas de vieux gobelets de café ni de restes de repas dans les compartiments sous la radio. Seulement un petit coran à la couverture enluminée et un carnet de factures. Les banquettes de cuir comme neuves. Une odeur fraîche et mentholée flotte dans l’habitacle.

On arrive sur Ontario. La rue est bordée de hauts bancs de neige.

Mohammed ignore un appel sur son cellulaire. Il ne répond jamais quand il est avec un client. Dans ses rétroviseurs supplémentaires, qu’il a accrochés aux extrémités de son pare-brise, je vois son visage calme, ses yeux ridés et tombants sous ses sourcils broussailleux. On roule jusqu’à Sicard puis on tourne à droite. Je n’ai jamais à lui donner d’indications. Mohammed connaît le trajet par cœur, depuis le temps. Mohammed, c’est le 287, le doyen du stand situé au coin de Beaubien et des Érables. Mohammed, c’est le chauffeur qui chaque soir prend dans son taxi la moitié du personnel de bar et de resto qui travaille dans Rosemont. Mohammed, c’est un Algérien de cinquante-quatre ans. Tous les taximans, maghrébins ou non, qui sillonnent le quadrilatère entre Saint-Laurent et l’Assomption, Jean-Talon et Sherbrooke lui doivent quelque chose. Même ceux de la vieille garde qui tiennent encore leur bout chez Taxi Coop lui portent un respect unanime. Quand je prends mon taxi au stand, une fois sur deux, je n’ai plus besoin de dire où je vais ; une fois sur trois, je n’ai même pas à donner mon adresse – quel que soit le chauffeur. Ils savent qui je suis parce que je suis un client du 287. Mohammed est généreux comme dix. C’est le genre à se garer pour aider deux personnes en plein déménagement, écrasées sous leur frigidaire dans l’escalier.

Je me souviens d’un soir, il y a deux ou trois ans, on approchait de chez moi, on descendait sur D’Iberville, il devait être une heure et demie. Quand on a tourné sur Hochelaga, je m’étais mis à douter. C’était à l’époque où je fermais seul. À la fin des grosses soirées, j’étais tellement épuisé qu’il m’arrivait d’oublier un ou deux détails du close, de vérifier que les réchauds du passe étaient bien fermés, que les cuisiniers n’avaient pas oublié d’éteindre le four à convection. Ce soir-là, impossible de me rappeler si j’avais bien verrouillé la porte arrière du resto après avoir sorti les poubelles de la salle à manger. Mohammed s’était arrêté devant chez moi. Il me regardait dans un de ses rétros. Je n’étais toujours pas sûr, mais je me suis dit que je devais l’avoir fait par réflexe et je suis sorti du taxi. J’étais resté debout à côté de la voiture, hésitant, la main sur la portière ouverte. Mohammed s’était retourné et avait dit :

– Rembarque, mon ami, on y retourne.

Il n’avait pas rallumé le compteur. Finalement, je n’avais pas barré la porte du resto et la commande de viande n’avait pas été rangée dans la chambre froide. De retour coin Aird et La Fontaine, j’avais tendu soixante dollars à Mohammed. – Non non non, mon ami. Donne-moi la même chose que d’habitude.

Il n’avait accepté que vingt dollars.

– Ça me fait plaisir, il avait conclu. Tu vas mieux dormir ce soir.

Au fond de la nuit, on tombe parfois sur des êtres comme

Mohammed. Après des années à faire les shifts de soir, à me coucher à quatre heures du matin, j’ai croisé tous les spécimens, des fêtards les plus verts que la coke fait jacasser à tue-tête aux désespérés les plus toxiques qui t’aspirent dans leur spirale vénéneuse. La nuit n’appartient malheureusement pas aux gens comme Mohammed, mais ils la rendent plus hospitalière à ceux qui l’habitent.

On est sur La Fontaine. Il doit être à peu près minuit, minuit et quart. Le taxi freine juste au coin d’Aird. Les pneus crissent dans la neige damée par la gratte. Je paye. Mohammed me dit au revoir et me souhaite une bonne nuit avec sa grosse voix de bûcheron russe. Je sors du taxi en jetant un dernier coup d’œil sur les banquettes. Les lampadaires diffusent une lumière orange. Les véhicules garés de chaque côté de la rue ont disparu sous la neige. Je ferme la portière. Le taxi s’éloigne. Il tourne sur William-David et disparaît. La nuit est douce et feutrée. Je laisse mon blouson de cuir ouvert. Je suis le seul être vivant à des miles à la ronde. La gratte est manifestement passée il y a à peine une heure ou deux. Au loin, je l’entends racler les trottoirs. Je lève les yeux vers les fenêtres sombres de mon appartement en sortant mes clés. Les marches de l’escalier qui montent vers chez moi sont enneigées. On dirait qu’elles sont recouvertes de sucre à glacer.

J’entreprends d’enjamber le banc de neige pour gagner le trottoir. C’est là que je sens une présence troubler le calme de la nuit. J’entends un grognement. Ça vient de l’autre côté de la rue, probablement de l’appartement en face du mien. Je ne me retourne pas. Quelqu’un dévale l’escalier du deuxième d’un pas lourd. Ça grogne encore, dans le but évident d’attirer mon attention. Ce n’est pas la première fois qu’on m’interpelle au milieu de la nuit. Ça a dû m’arriver cent fois depuis que je vis dans Hochelaga, un junkie qui essaie de me vendre une télé qu’il vient de ramasser sur le trottoir, une fille trop jeune, pieds nus, qui me demande si je n’ai pas une smoke, ou cinq piasses, ou de la place chez nous. Alors que je m’apprête à gravir les marches, j’entends derrière moi un « heille ! » lancé d’une voix rauque, d’une voix grave et traînante, un « heille ! » qui sonne comme une mise au défi. Je m’arrête. Je reconnais la voix. Elle n’a pas changé. Je l’ai entendue pour la première fois il y a plus de douze ou treize ans. Je me retourne. C’est lui. Un sourire idiot se forme sur mes lèvres.

Il s’avance maintenant jusqu’à moi, trapu, massif, le crâne rasé, tout droit sorti du passé, d’un bloc, emmitouflé dans un Canada Goose. Il souffle un nuage de fumée dans l’air et lance son mégot d’une chiquenaude. Je zippe mon blouson et je dis :

– Bébert, câlisse.

Il glousse de son rire gras et contagieux et me tend sa grosse main robuste. Je laisse passer quelques secondes, comme pour bien me rendre compte que c’est lui, puis je lui serre la main. Il me déboîte quasiment l’épaule, tellement il a l’air content de me voir. Sa paume est recouverte de corne. Je me mets à rire aussi.

Il a engraissé et son visage a épaissi. Il a encore sa tête d’ogre punk alcoolo. S’il était né à une autre époque, Bébert n’aurait pas fait de vieux os, à travailler et à faire la fête comme il le faisait, sans jamais reprendre son souffle. Ses joues sont bouffies, rougies par l’alcool et le froid. J’ai de la misère à croire qu’un pan entier de mon passé se tient là, presque intact dans la lumière des lampadaires, bien portant, solide comme une stèle ou un baril de rhum.

– Qu’est-ce que tu fais là ?

– J’habite en face de chez vous depuis des semaines, man. Ça fait plusieurs fois que je te vois passer, sans jamais réussir à te pogner.

– Tu t’en allais où, de même ?

Je n’en reviens pas. Bébert, mon voisin d’en face depuis des semaines. Son haleine sucrée se condense en volutes dans l’air froid. Il me tend une bouteille de St. Leger aux deux tiers bue. Son sourire s’élargit de plus belle. Il n’a pas changé. Ses dents ne sont toujours pas réparées. Il lui manque la même canine, qu’il a perdue pendant un black-out de trois jours, après avoir essuyé la plus grosse raclée de sa vie.

Bébert lève la bouteille vers moi. Le goulot vert scintille, ses yeux aussi.

– T’as ben le temps de prendre un coup avec moi. – J’allais me coucher, mon chum.

Il agite la bouteille devant mon visage. Je ris de bon cœur. Je dis :

– De toute façon, je bois plus de fort.

– Arrête-moi ça !

Je lui prends la bouteille des mains. Je m’envoie une grande lampée et m’essuie la bouche avec la manche de mon blouson. Je m’attends à ce que ça passe comme du javellisant dans l’œsophage. Mais la sensation est bonne, ça allume un feu au plexus. Je prends une autre lampée et redonne la bouteille à Bébert avant que le hoquet ne se déclenche.

– Donne-moi deux minutes.

Je grimpe les marches vers chez moi. J’insère la clé dans la serrure et ouvre avec précaution. J’entre et referme délicatement derrière moi. Il fait chaud jusque dans le portique. Une lueur jaune pâle provient du salon. Ça sent la coriandre et le cumin dans tout l’appartement. J’entre dans mon bureau pour y déposer mon sac et le chat vient se frotter le visage sur mes chevilles pleines de neige. Je traverse le salon et je ramasse la tasse de tisane qui traîne sur la table basse pour aller la porter dans l’évier de la cuisine. Sur le comptoir, il y a une marmite de dhal qui refroidit. J’ai faim et m’en servirais bien un bol. Je passe devant la chambre. Il fait noir comme dans une tombe mais je vois quand même Isabelle qui dort. Elle a rejeté les couvertures. Elle est couchée sur le côté, un oreiller sous la cuisse. Je la regarde un long moment, avant de me rappeler que Bébert m’attend dehors. Je me rappelle aussi les nuits interminables passées avec lui, les brosses de vingt-quatre heures à courir des partys aux quatre coins de la ville. La respiration d’Isabelle est régulière et apaisante. Pendant un instant, j’ai envie de ne pas ressortir. J’ai envie d’enlever mes bottes et d’aller la rejoindre dans le lit. Je baisse un peu le thermostat de la chambre. Je regarde encore ma blonde quelques secondes et je ferme la porte de la chambre. Je reviens sur mes pas dans l’appartement sans faire craquer le plancher. Je sors et barre derrière moi.

Je descends rejoindre Bébert sur le trottoir. La tempête est passée. Les seuls flocons qui tombent encore viennent des branches chargées de neige. Le froid redevient plus tranchant.

– C’est bon. On va où ?

Bébert avale ce qui reste de la bouteille et la lance au loin. Elle retombe et s’enfonce sans un bruit dans un banc de neige. Il se retourne vers moi, le regard éteint. Pendant une seconde j’ai l’impression que son visage se crispe, comme s’il venait de ressentir une douleur vive. Mais très vite il retrouve le sourire.

– Ça va ?

– Viens-t’en. On a en masse le temps avant le last call. Bébert ouvre la marche d’un pas chaloupé, en Etnies, le manteau dézippé, nu-tête, un halo de condensation qui monte de lui comme d’une roche arrosée dans un sauna.

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Vidéo ajoutée par Marie-Pier-2 2021-03-06T17:08:25+01:00

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par Joany13 2024-03-04T15:50:33+01:00
Or

Je ne saurais dire pourquoi, mais j'ai vraiment aimé!

Je ne m'attendais à pas grand chose de cette lecture; j'avais vu rapidement la bande-annonce du film, et ça ne semblait pas correspondre à mes goûts. Toutefois, je l'ai acheté sur un coup de tête en le voyant en librairie. Ce fut une belle surprise, encore plus de découvrir que c'était une histoire vraie!

On suit le quotidien de Stéphane, un joueur compulsif qui travaille comme plongeur à La Trattoria. Il ne se passe pas grand chose d'extraordinaire, à part de grosses brosses avec ses collègues et ses struggles monétaires avec son entourage. J'ai bien aimé sa relation avec son cousin, Malik; on sent tout l'amour qu'ils se portent, et c'est un pilier pour Stéphane. Contre toute attente, mon personnage préféré a été Bébert. C'est le genre de personne que je ne supporte pas dans la vie réelle, mais on s'attache à Bébert et on s'inquiète pour lui, au lieu de le détester. <3

Mes scènes préférées étaient celles au restaurant. On ressent bien toute la pression et l'intensité qui règnent dans la cuisine, on stresse avec les cuisiniers et on voit tout le travail de Stéphane s'accumuler. Je ne comprends pas où ils prennent leur énergie pour sortir après ça! xD Je n'ai personnellement pas d'addiction, mais je connais des gens qui en ont, et je trouve que les émotions de Stéphane face au jeu étaient vraiment bien décrites. On a de la peine pour lui, on veut l'aider!

Bref, une lecture qui m'aura très agréablement surprise, et le film est extrêmement bien adapté, jusqu'aux dialogues quasi identiques! J'ai passé un très bon moment, et je le recommande chaudement. (si suivre le quotidien d'un ado paumé vous tente, parce que ce n'est pas un roman d'action)

(Attention, ce livre donne une furieuse envie de manger des pâtes!)

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Commentaire ajouté par IsaGou 2023-02-21T22:04:41+01:00
Pas apprécié

c'est un livre correct, pas mon préférer je trouve que sa tourne un peu en rond. C'était un livre obligatoire. C'est bien écrit et je crois que sa pourrait plaire a plusieurs personnes, mais pour moi j'aime le fantastique et la science-fiction, donc un roman comme celui-ci ce n'est pas ma tasse de thé.

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Commentaire ajouté par pwachevski 2021-08-16T14:39:47+02:00
Lu aussi

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, pour une raison sûrement un peu idiote, mais néanmoins bien réelle en bonne française que je suis : le français canadien. Et en plus le français canadien familier ! Autant dans les passages narratifs, qui sont dans un niveau de langue plus soutenu, passent assez bien, même quand on tombe sur un mot dont le sens nous échappe un peu, le reste du texte et le contexte permettent de le deviner assez facilement ou de ne pas perdre la compréhension globale. Mais les dialogues, j'ai vraiment eu beaucoup de mal à suivre. Au début j'étais frustrée par cela, car ça nous prive clairement d'une partie de ce livre, un peu défaitiste aussi, prête carrément à abandonner ma lecture. Mais au fur et à mesure, j'ai plus ou moins réussi à m'y faire, et j'ai même apprécié le fait que ça donne une vraie authenticité au livre.

Pour le reste, c'est une lecture qui est loin d'être un coup de cœur, mais que j'ai cependant trouvé plaisante dans l'ensemble.

La plus grande qualité de ce livre, selon moi, c'est son originalité. On joue sur des thèmes qui ne sont franchement pas courant en littérature. Le monde de la nuit on connaît, mais l'univers exigeant de la restauration et l’hypnotisante addiction aux jeux d'argent, on connaît bien moins. Quand c'est en plus décrit dans un style et avec un vocabulaire qui ne nous est pas forcément familier, ça rajoute une vraie dose d'originalité à l'originalité. Les thèmes plus secondaires, comme le métal ou la science-fiction ont aussi leur dose d'inattendu, même si j'aurais aimé que ça occupe plus de place dans le livre (notamment pour la SF, dont on ne parle presque pas en fait). La quatrième de couverture en parle explicitement, on a logiquement envie de le retrouver dans le livre du coup !

Le livre va également exploiter des thématiques et situations qui nous sont plus familières. On va donc suivre ce personnage à peine sorti de l'adolescence, dont la naïveté et l'inexpérience n'en font pas encore tout à fait un adulte, mais ses déboires vont le faire grandir. Ses études, ses amitiés, ses déceptions amoureuses, ses angoisses et ses découvertes feront facilement échos chez à peu près n'importe quel lecteur, et créeront une empathie et une sympathie pour le héros, qui donne envie de rester jusqu'à la fin. Et par extension, une empathie pour l'auteur.

Car le tout prend une tournure autobiographique, qu'on ne nous expose pas explicitement, mais qu'on devine rapidement. Je serais cependant plus critique sur ce point. Je pars du principe que quand on fait une autobiographie, bah c'est parce qu'on a un truc d'intéressant à raconter aux lecteurs. C'est pas juste "je raconte ma vie", c'est tirer de son expérience une histoire que le lecteur prendra plaisir à suivre. Ça nécessite généralement de prendre de la hauteur face aux évènements, de donner une tournure un peu romanesque aux choses, d'arriver à dégager d'une histoire vraie des ficelles narratives, des enjeux, un suspense ou une morale qui n'étaient pas forcément présents au départ. Et pour moi, c'est un travail qu'on n'a pas du tout fait dans ce livre.

Résultat : j'ai trouvé qu'il y avait pas mal de longueurs, ou plutôt un côté répétitif, qui m'a vraiment lassé par moment ; à tel point que j'ai lu un grand nombre de passages du livre en diagonal. Par exemple, on a plusieurs descriptions de service qu'a pu vivre le personnage comme plongeur. Mais finalement, si la première description était une excellente surprise, car nous a fait découvrir brillamment un univers atypique, que je ne connaissais pas du tout pour ma part, les suivantes n'apportent plus grand chose au livre. Il en va de même pour les scènes dans les bars ou devant une machine de jeu d'argent : c'est un peu toujours la même chose.

La construction du livre est parfois un peu abrupte pour le lecteur, notamment dans l'introduction des personnages, qui tombent tous un peu comme un cheveu sur la soupe. Au hasard, le personnage de Marie-Lou, on va tout d'abord nous parler d'elle sans nous la décrire, un peu comme si on la connaissait déjà - sauf que non. Et il faut attendre genre la moitié du livre pour qu'on la voit enfin, et qu'on nous explique enfin qui elle est, comment le héros l'a rencontré, quel est l'état de leur relation, etc.

J'estime que ce livre manque d'enjeux, et d'une intrigue finalement. On suit les pérégrinations de notre personnage, sans trop savoir réellement où on va ou ce qu'on cherche à nous raconter, dans le fond. Je n'ai pas réussi à me défaire de cette impression de livre "qui ne commence jamais". Et le peu d'intrigue qu'on arrive à créer se résout d'une façon assez brutale, presque artificielle, sur la fin, ne permettant même pas vraiment de finir sur une note ou un souvenir positif.

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Commentaire ajouté par nathaliTay 2020-09-24T01:37:40+02:00
Lu aussi

On en apprend entre autres sur la dépendance au jeu, thème rarement exploité en littérature. Le lecteur en arrive à ressentir l’ivresse, l’excitation et la déception causées par cette addiction. Le monde de la restauration est dépeint avec réalisme que l’on s’essouffle avec le narrateur qui, travaillant d’arrache-pied, nous fait entrer dans sa bulle. Je crois qu’il s’agit là d’une démarche salvatrice pour cet auteur qui nous fait part de son vécu. L’ouvrage vaut la peine d’être découvert, malgré certaines longueurs.

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Commentaire ajouté par France-31 2020-09-05T18:00:50+02:00
Diamant

Quelle histoire! Est-ce une autofiction ou un récit inventé de toute pièce, je l’ignore, mais c’est carrément addictif! La plume de Stéphane Larue est tellement envoûtante et immersive qu’il est impossible de s’arrêter en cours de route.

L’écriture nous fait vivre chaque moment, chaque émotion, chaque stress de façon si intense et réaliste. Je suis vraiment tombée sous le charme de ce roman.

Que dire du personnage principal, j’avais tellement envie de le prendre et de le brasser parfois, de le protéger de lui-même ou de lui faire la morale. On s’attache tellement à lui! On rencontre aussi une panoplie de personnages qui l’accompagne tout au long du récit et auquel on s’attache. On les aime malgré leur défaut et leurs mauvais plis ou on les déteste, tout simplement.

C’est vraiment une belle brique de 567 pages qui se déguste et qui n’est aucunement un fardeau de lecture! Un vrai délice!

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Commentaire ajouté par laserenissima 2020-01-05T15:13:25+01:00
Or

Mon premier livre lu de 2020, ça commence très bien l'année! Il est très originale dans sa manière d'écrire avec un chapitre d'intensité à la plonge et un chapitre dans la vie de Stephane qui semble aller de plus en plus mal. Lire à lire!

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Commentaire ajouté par PlzAllow 2019-03-25T19:17:54+01:00
Or

À tous ceux qui comme moi évitent le plus possible de lire des briques: Le plongeur est une brique surprenamment correcte. Des phrases qui vont droit au but. Une histoire qui stagne pas. Des descriptions pas plus longues que nécessaire. Stéphane Larue avait de quoi à raconter et il s'est arrangé pour te le raconter avec juste assez de style pour que tu te sentes impliqué, mais sans te faire perdre ton temps non plus.

Décidément une oeuvre réaliste. D'un bout à l'autre. De la petite délinquance, de la drogue, de l'abrutissement, des souvenirs qui rendent nostalgique pis des personnages, des lieux comme on en connait. En plus la fin a été bien plus positive que ce qu'elle aurait pu être et ça remonte le moral.

Rien à redire, content d'avoir lu.

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Commentaire ajouté par Bibee10 2018-06-10T16:30:01+02:00
Diamant

Un très bon roman, où l'univers Montréalais est plus que présent. J'ai beaucoup aimé les personnages de l'histoire, surtout ceux de la Trattoria (Bébert en particulier). Ils ont vraiment du caractère et leur vie underground m'a vraiment captivé. Le rythme est vraiment senti. Les scène à la Trattoria, c'est comme si nous y étions : stress intense, puanteur, mépris, rapidité, alcool ensuite! Tout est extrêmement réaliste et c'est un des plus gros points forts du livre. L'addiction au jeu est bien exploitée, cela m'a fait comprendre un peu plus cette drogue pourtant répandue et qui brise des vies. Parfois, il y a quelques longueurs et répétitions dans le roman, et c'est normal vu ses 500 pages. Mais bon, j'ai beaucoup aimé ce roman et je le recommande, il y a une ambiance et des personnages forts à découvrir!

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Commentaire ajouté par lesparolesenvolent 2017-11-24T08:51:51+01:00
Lu aussi

Pour commencer avec le prologue du "plongeur", le lecteur va immerger dans un vocabulaire "encré" d'un Québécois, parfois déroutant. La longueur de ce premier contact m'a presque découragée de poursuivre, et en plus, je ne lui trouve aucun intérêt. Heureusement, la suite est plus agréable.

Le récit s’ancre à Montréal où évolue en principal notre héros désargenté, le narrateur Stéphane - qui n’est jamais nommément désigné sauf à la fin - mais aussi entre Trois Rivières et Scheebrook.

Dès la page 55 mais à plusieurs autres passages du livre aussi, le cadre de vie de cet étudiant se cantonne surtout dans l’effervescence stressante de La trattoria ; la description cuite aux petits oignons nous transpose dans une émission télévisuelle de « Cauchemar en cuisine » et les affres des cuisines de restaurants. L’auteur nous en dresse un tableau complet de l’arrière-cuisine : les bruits des roulis de batteries de casseroles, les sons, la tension, les tensions et l’attention nécessaire. Les sens olfactifs, sont aussi mis à contribution pour le pire et le meilleur : lecteur parvient même à humer des odeurs (bonnes ou mauvaises) souvent signifiées par le narrateur, navré de celle qui s’imprègne à lui à sa sortie de son service.

L’auteur nous dévoile l’univers d’un restaurant en action. Les différents postes avec les corvées assorties, la hiérarchie installée dans l’équipe source de tension expliquent l’envers du décor d’un travail précis et cadencé pour obtenir d’une assiette dressée aux clients basiques que nous sommes, attablés passifs brasserie ou restaurant.

L’ambiance de ces lieux trépidents serait différente sans l’éventail de personnages de l'équipe. Sans nous balader sur leur histoire personnelle de chacun, l’auteur parvient à nous les présenter par petites touches avec leurs défauts, leurs atouts et leurs faiblesses. On s’y attache alors sauf peut-être Carl, le tire-au-flanc du groupe ; on préfèrera de loin la compétence, la force et la compétence de Bébert.

La cadence du travail, les journées à multiples jobs, traduisent bien la vie de cet étudiant qui néglige ses études pour ses besoins financiers (P.322) :

Quatre heures du mat, dodo, neuf heures tu te lèves, pis tu retournes à la job en courant. Horaire de débile mental.

Le stradivarius du héros : la musique métal. L’énumération ou parfois l’évocation de titres de groupe de métal est phénoménale. Un vrai répertoire est déployé tout au long du livre, de quoi étayer sa culture musicale pour l’amateur de style. Voici un infime échantillon P.284 :

elle avait appris à transformer son look au travail pour que personne sauf les initiés ne puissent deviner les écouter Dimmu Borgir, Dakthrone ou Immortal. Dans les faits étaient un peu tous comme ça.

Le pivot dramatique du livre et surtout du narrateur repose sur les tragiques conséquences de son addiction au jeu, car les machines à sous le captent tel le papillon par le scintillement de la moindre lueur. Un exemple P.386 :

J'étais soudé à la machine. J’ai activé la loterie pour un autre tour. Les fruits sont mis à défiler à l’écran. Mes yeux étaient secs et brûlants. Je les ai fermés. Quand je les ai rouverts, neuf symboles de lingots d’or clignotait. Toute la cagnotte amassée par les joueurs précédents s’est ajoutée avec crédit. Ça m’a foudroyé.… C’était de la pure potentialité, la matière précieuse grâce à laquelle je pouvais jouer. C’est pour cette raison que je ne voulais pas y toucher pour autre chose que le jeu.

La soif du jeu dès qu’il dispose de l’argent en poche chamboule la priorité de ses dépenses... la suite et plus de détail sur : http://lesparolesenvolent.blogspot.fr

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Commentaire ajouté par Marie-Fred 2017-09-03T14:55:45+02:00
Diamant

Que j'ai aimée cette histoire du plongeur dépendant au jeux. Par son sujet, sa géographie et ses personnages, elle est venue me chercher mais surtout, elle m'était presque connue.

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Dates de sortie

Le Plongeur

  • France : 2016-10-01 - Poche (Français)
  • Canada : 2016-10-24 (Français)
  • Canada : 2018-06-11 - Poche (Français)

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Les chiffres

lecteurs 74
Commentaires 10
extraits 9
Evaluations 29
Note globale 7.81 / 10

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