Extraits

Lorsque les gens découvrent que je suis autiste, ils pensent que je ne devrais pas être autorisé à être amoureux, ni de Jeremey, ni de personne.

C’est n’importe quoi. Comme le dit Elwood Blues dans les Blues Brothers : tout le monde a besoin de quelqu’un à aimer. Je suis un tout le monde. J’ai droit à mon quelqu’un.

Je suis normal. Je suis à ma place. J’ai un ami qui peut botter des fesses depuis une chaise roulante. Je suis indépendant et j’ai de bonnes notes. Je suis un excellent amant.

Comme je l’ai dit. Je suis génial. Je suis Emmet David Washington. Train Man. Le meilleur Blues Brother autiste du quartier.

(Trad. perso)

Parfois, j’essayais de trouver une raison logique qui expliquerait la raison pour laquelle j’appréciais autant Jeremey, mais les sentiments romantiques n’ont rien de logique. Parfois, ce que j’aimais le plus chez lui était la façon dont il écrivait son nom. Jeremey, avec un e en plus. J’avais codé un petit programme sur mon PC pour écrire son nom avec une jolie police d’écriture, et souriais immanquablement en voyant ce troisième e. Cela faisait de lui quelqu’un de spécial : les Jeremy ordinaires n’étaient pas assez bien pour avoir tous ces e.

Il leva une main.

— Je préférerais que tu t’abstiennes d’utiliser ce mot, ainsi que stupide.

— Je le suis, pourtant. N’est-ce pas ? Fou. Je suis malade mentalement.

— La maladie mentale ne diffère pas d’un problème cardiaque. Une valve défectueuse peut mettre en danger le corps et nécessiter des soins médicaux, et il en va de même pour un dysfonctionnement du cerveau. La folie est un terme cru et culturellement connoté, qui aliène les souffrants et n’aide en rien leur rémission. Le regard condescendant que nous portons sur ceux dont le cerveau a été atteint et qui ne peuvent penser comme nous n’est pas un diagnostic, c’est un préjugé.

Peu après notre petit déjeuner, nos parents arrivèrent… tous les quatre, pères comme mères. Mon père ne lâchait pas le bras de ma mère qu’il frottait d’une manière rassurante alors qu’elle se tamponnait les yeux. Jan était avec eux, mais elle restait un peu à l’écart, raide et inexpressive. C’était ainsi qu’elle se comportait toujours avec notre famille, mais elle était très différente lorsque nous n’étions que tous les deux ou même au téléphone.

Je sentis la fatigue peser sur moi en pensant que ce jour allait être atroce, qu’ils allaient me faire sentir mal pour ce que j’avais failli faire. A cause de cela je souhaitai, l’espace d’un bref instant, avoir réussi à me tuer. Mais lorsqu’Emmet prit ma main, cette pensée s’évanouit aussitôt.

J'espérais que Jeremey soit gay.

J'aurais aimé pouvoir le lui demander, mais le docteur North et mes parents disaient tous, avec des expressions sérieuses, que je ne pouvais pas le demander directement aux gens.

C'était quelques choses que je ne comprenais pas. Si c'était naturel et tout à fait correct d'être homosexuel, pourquoi était-ce toute une histoire de demander à quelqu'un s'il l'était ou non ?

J : Mais pourquoi tu voudrais nettoyer ma chambre ?

Maintenant il avait l’air exaspéré.

E : Ta chambre est en désordre. Je veux t’embrasser dans ta chambre, mais je ne peux pas le faire tant qu’elle n’est pas rangée. Alors je veux ranger ta chambre. Parce que j’ai envie de t’embrasser.

Je ne comprends pas du tout les gens. Je ne parle pas de ce qu’ils ressentent, mais de ce qui les pousse à se comporter comme ils le font, et de ce qu’ils feront sans doute ensuite. Cela me rend triste parfois, parce que dans ma tête, je réussis à parler à tout le monde et tout le monde me comprend toujours. C’est bien d’avoir les super-pouvoirs offerts par l’autisme, mais cela implique la plupart du temps que je reste tout seul.

Mon nom est Emmet David Washington. J’ai dix-neuf ans, je suis en seconde année à l’université d’état de l’Iowa où j’étudie l’informatique et la physique appliquée. J’ai fait un sans-faute à mon examen d’entrée à la fac. Je fais un mètre quatre-vingts de haut, j’ai des cheveux sombres et des yeux bleu-gris. J’aime les casse-têtes et les Blues Brothers. Je suis bon en informatique et pour tout ce qui touche aux maths. Je me souviens de presque tout ce que je lis et vois. Je suis gay. J’aime les trains, les pizzas et le son de la pluie.

"- Souviens-toi, aussi, que te conformer à ce que la plupart des gens sont revient à renoncer à ce qui fait de toi, Toi. Si tu t'y conformes, tu ne pourras plus voir les nombres comme tu les vois Tu ne pourras pas rejeter le monde en te balançant un peu ou en fredonnant. Tu ne serais pas toi, Emmet. Tu serais quelqu'un d'autre.

Et elle avait raison et je n'avais pas envie d'être quelqu'un d'autre. Mais parfois, c'était dur d'être moi."