Extraits

— On va encore être goncles !

— C’est quoi « goncle » ? s’enquit Anika, confuse et larmoyante.

— Des oncles gays, expliquai-je comme si elle passait à côté d’une évidence.

Henry avait une liste de toutes les choses qui devaient être préparées et, en fonction du temps de cuisine et de cuisson, il avait indiqué dans quel ordre elles devaient être faites. Je le comprenais. Ce n’était pas juste l’une de ces fois où il cuisinait pour un dîner entre amis. C’était un effort militaire avec une réponse tactique qui impliquait de la précision et un timing critique ainsi qu’une pensée analytique. C’était comme ça, avec Henry. Tout ce que j’avais à faire, c’était de suivre ses instructions. 

— Non, non. On n’a pas le temps. Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne sais pas à quel point ce dîner est important ? C’est le réveillon de Noël et tout le monde va venir ici, j’ai tellement de choses à organiser…

Il prit mon visage en coupe. Son geste fit faiblir mes genoux et il le savait, ce salaud.

— Laisse-moi t’aider, chuchota-t-il contre mes lèvres.

— Ça n’aide pas.

Il sourit comme s’il savait que ce n’était pas le cas et que c’était son plan depuis le début.

— Est-ce que tu essaies de saboter mon dîner ? Manigances-tu pour ruiner ma réputation culinaire ? Mes prouesses de cuisinier… 

J’enlevai finalement mon short et écartai les jambes… puis j’eus l’impression distincte que quelqu’un regardait… Non, pas quelqu’un. Quelque chose. Je repérai ensuite deux petits yeux noirs qui me fixaient.

— Mon Dieu, pas devant le barramundi.

Le poisson était sur l’évier, les yeux rivés sur nous, la bouche grande ouverte.

— Ce salaud nous juge.

Reed éclata de rire, saisit la bouteille d’huile d’olive et me conduisit à la place vers la table de la salle à manger.

— Anika, j’espère pour toi que si tu ne réponds pas à mes appels, c’est parce que tu as eu un accident terrible, ou parce que Sean a attaché tes deux mains aux colonnes du lit, puis s’est cogné la tête et est inconscient, par terre. Je n’accepterai aucune autre raison. Et je ne te pardonnerai pas, même si pour une raison quelconque les pompiers sont appelés et que des images sont diffusées au journal de dix-huit heures. À moins que vous portiez tous les deux des costumes pour un jeu de rôle. Là, je te pardonne. Surtout si c’est Princesse Leia et Han Solo.

Je soufflai, d’un air indigné, puis ajoutai :

— Tu gagneras des points en plus si tu joues Han.