Le Poids du cœur

Second roman que je lis de Rosa MONTERO, et je suis toujours aussi touché par sa façon d'écrire. Il y a une réelle sensibilité. l'auteur sait jouer avec les émotions.

Pour cette suite des aventures de Beuna Husky je trouve personnellement l'intrigue un peu légère... Tromperie, trahisons, les fils sont un peu gros! La Bruna méfiante et torturée du premier livre à laissé place à une Bruna toujours aussi torturée mais quand même sacrément cruche face à la série de "malchances" qui l'entrainent dans cette histoire et qu'elle ne voit pas venir.

Mais au final ce fut une bonne lecture, un bon thriller écolo rempli de bons sentiments!

J'ai trouvé ça mauvais. Peut-être est-ce dû au fait que je venais de lire la trilogie berlinoise, de Philip Kerr, qui donne une véritable leçon en matière de roman noir. En comparaison, le poids du cœur rate le coche. L'écriture est parfois difficilement supportable. Certaines erreurs peuvent être imputées à la traduction qui est assez catastrophique, mais le style en lui-même fait mal aux yeux.

Quelques tentatives très maladroites de philosophie, comme le conte raconté par la détective à la petite fille, censé servir de fil rouge distillé au long du récit, tombent en fait comme autant de cheveux sur la soupe informe qu'est cet univers. La plupart des personnages, leurs croyances et leurs interactions, frisent le ridicule. Ainsi Montero rate-t-elle le coche sur le plan du féminisme, en présentant une héroïne fragile, soumise à quasiment tous les hommes du récit, qui sont à l'inverse tous des machos un peu taciturnes.

Pour ce qui est du cadre spatio-temporel, on est en 2109 et les innovations majeures de ce dernier siècle se résument à des implants, des hologrammes et des androïdes. Les téléphones portables sont devenues des sortes de montres et on utilise toujours Google. Quelle imagination ! Ce cadre permet à l'autrice de jouer les Nostradamus en nous dépeignant un gouvernement mondial totalitaire ("Globalia" en moins bien), à la solde des méchantes grandes entreprises, et en proie aux conséquences du changement climatique.

Évidemment, son message est pertinent et même important, notamment sur l'urgence climatique. Ce n'est pas ça que je reproche à l'autrice ; c'est plutôt d'avoir amené la chose avec de si gros sabots que c'en est déjà lassant à la page 3. "Regardez, à droite, un homme au visage ravagé par l'explosion de la centrale nucléaire russe de 2054 ! Oh, et à gauche, une borne qui permet aux citoyens de payer l'air qu'ils consomment !".

De nombreux éléments semblent confirmer que l'autrice n'y connaît rien en science-fiction et utilise ce genre juste pour faire passer son message. Elle en exploite tous les clichés à un tel point que c'en est ridicule. Outre le terme de "réplicants" qui était bien la seule chose à ne pas reprendre de Blade Runner, on a les t-shirt chauffants, les fusils à plasma, et bien d'autres joyeusetés...

Et "Par le grand Morlay...", sérieux ? Ça m'avait déjà rebuté dans "Idéalis" mais c'était déjà plus pardonnable : l'histoire se déroulant au 25ème siècle, on pouvait imaginer (non sans peine) qu'une nouvelle religion s'était développée dans l'intervalle. Mais là, en moins de 80 ans, dans un monde où la science est de plus en plus importante, qu'une nouvelle religion se crée et se répande au point d'amener son lot d'expressions dans le langage courant ? Pour mettre en place un monde fictif, c'est une bonne technique de faire passer les choses comme si elles étaient banales dans le fil d'une description ou d'un dialogue. Mais lorsqu'on introduit des éléments allant à rebours de l'univers qu'on crée, c'est quand même bien de les expliciter un peu.

On a aussi découvert vers 2060 des espèces extraterrestres – alors que l'innovation technologique ne semble pas battre son plein, mais soit – et le sujet est juste balayé sous le tapis. Il s'agit de la proposition de peuples extraterrestres la plus simpliste qu'il m'ait été donné de découvrir. Peut-être que l'autrice s'est dit qu'en calant le mot "extraterrestre", ça ressemblerait encore plus à de la science-fiction.

L'enquête policière, reléguée au second plan, existe de toute façon aussi pour servir de socle à une critique politique. Parfois, les résolutions d'éléments de l'enquête sont tellement simples qu'on se demande comment les personnages ont pu ne pas les trouver avec une simple recherche internet. Il s'agit en fait ni plus ni moins que de facilités scénaristiques justifiant leurs nombreux voyages dans cet univers farfelu.

Le dénouement final, pas si mauvais, n'est à mon sens pas suffisant pour rattraper l'ensemble.