Extraits

"Si tu fais ça, le Blanc va te tuer. Elle a un ulcère et elle lui a donné ton nom, tu sais. Vraiment."

" - Alors, cette boule de luxine ?

- Hein ? Protesta Kip. Je n'y crois pas... Je n'ai même pas eu le temps...

Ah oui, il m'a encore eu. Gavin souriait.

- Regarde, Kip! S'exclama le garçon. Y a écrit "naïf" dans le ciel ! (Il leva la tête d'un air perdu.) Hein ? Où ça ?

Gavin se mit à rire, et Kip crut même voir Poing-de-fer sourire."

Avant la guerre des Prismes, ces terres, situées juste à côté du fleuve d’Ombre, pays de cocagne, étaient très fertiles. On y trouvait des figues, du raisin, des poires, des mûres, des asperges – tout poussait ! La dernière bataille avait eu lieu seize ans auparavant – l’année précédant la naissance de Kip. Pourtant, la plaine était toujours ravagée, défigurée. Quelques poutres calcinées, vestiges de maisons et de granges, émergeaient du sol. Des sillons et des cratères profonds indiquaient les impacts d’obus. Remplis de tourbillons brumeux, ils ressemblaient à des lacs, des tunnels, des pièges. Sans fond. Insondables.

Gavin noua ses cheveux roux en une queue-de-cheval stricte et enfila les vêtements que son esclave camériste lui avait préparés : une chemise ivoire avec un pantalon en laine noire bien taillé et orné d’une énorme ceinture cloutée de pierres précieuses, des bottes rehaussées d’argent, et une cape noire décorée d’antiques motifs runiques ilytiens aux arêtes dures, et brodée elle aussi de fil d’argent. Le Prisme appartenait à toutes les satrapies, et Gavin faisait de son mieux pour honorer les traditions de chaque pays – même ceux qui étaient principalement peuplés de pirates et d’hérétiques.

Chapitre 3

Trois chocs sourds. Trois sifflements. Trois portes entre la liberté et lui. La trappe cracha une miche de pain éventrée à la figure du prisonnier. Il la saisit, presque sans la regarder. Il savait qu’elle était bleue, de la couleur calme d’un lac profond au petit matin, quand la nuit enveloppe encore le ciel et que l’air n’ose pas caresser la surface de l’eau. Pure de toute autre nuance. Créer du bleu était une tâche difficile. Pire encore, lorsqu’il s’y adonnait, le prisonnier s’ennuyait, se sentait démotivé, calme, en harmonie même avec cet endroit. Aujourd’hui, il avait besoin du feu de la haine. Aujourd’hui, il allait s’évader.

"S'il avait été courageux, Kip se serait battu. S'il avait été souple, il l'aurait laissée s'escrimer tout en la rouant de coup, debout sur sa jambe libre. Mais non, Kip utilisa la technique du gros lard" (extrait de la page 375 de "Le Prisme Noir" de Brent Weeks)

"-Kip, Kip, on l'a tuée ! disait-elle.

Le garçon, lui, avait surtout conscience d'avoir très mal aux couilles, d'être pratiquement nu devant la seule fille qu'il connaissait, sa graisse immonde à l'air libre, et de la nécessité de se rhabiller tout de suite.

Il venait juste de remonter son pantalon quand Liv s'affala contre le balcon et vomit. [...] Il roula sur le côté, crachant, toussant et se donnant des gifles pour s'essuyer. Il finit enfin par se relever, les couilles toujours en vrac, le visage défait.

-Oh non ! gémit Liv, le visage gris, mortifiée de voir qu'elle lui avait vomi dessus.

Elle contempla Kip, avec son pantalon déchiré à l'entrejambe [...].

-Tu sais, dit-il, je suis content qu'il n'y ait pas de gêne entre nous.

Venait-il vraiment de dire ça ? Parfois il ne pouvait pas s'empêcher de sortir les pires bêtises. Il venait de tuer quelqu'un et entre la terreur, la douleur, la gêne, l'humiliation, le bonheur d'être en vie [...], il n'avait pas pu s'en empêcher.

[...] Toujours un truc à dire, jamais le bon." (extrait de la page 378 de "le Prisme Noir" de Brent Weeks)

-Je l'ai eu?

-Tu as explosé le capitaine à son gouvernail.

-Le gouvernail est... euh, à l'arrière, non?

Le mousquetaire, lui, se trouvait à l'avant.

-À la poupe?suggéra Liv.

Regards dubitatifs.

-Tu ne visait pas le capitaine c'est ça?demanda Gavin.