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1

Réception chez le vieux Jolyon

Ceux qui ont eu le privilège d’assister à une fête de famille chez les Forsyte ont vu ce spectacle charmant et instructif : une famille de la riche bourgeoisie en grand appareil. Mais que l’un de ces privilégiés fût doué de clairvoyance psychologique (un don qui n’a point de valeur monétaire et que les Forsyte ignorent), et il devenait le témoin d’une scène qui jette une lumière sur un obscur problème humain. En d’autres termes, de la réunion de cette famille – dont on n’aurait pu désigner trois membres liés seulement par un sentiment qui méritât le nom de sympathie – s’est dégagée pour lui l’évidence de cette mystérieuse et concrète cohésion qui fait de la famille une si formidable unité sociale, une si exacte miniature de la société.

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Au centre de la pièce, sous le lustre, comme il convenait à l’hôte, se tenait le chef de la famille, le vieux Jolyon lui-même. Avec ses quatre-vingts ans, ses beaux cheveux blancs, son front pareil à un dôme, ses petits yeux gris foncé et une énorme moustache blanche qui montait et s’étalait plus bas que sa forte mâchoire, il avait un air de patriarche et, en dépit de ses joues maigres et des creux de ses tempes, il semblait posséder la jeunesse éternelle. Il se tenait extrêmement droit et son regard sagace et ferme n’avait rien perdu de sa lumière. Il donnait l’impression d’être au-dessus de ces doutes et de ces aversions qui agitent les hommes plus petits. Ayant toujours accompli sa volonté, et depuis tant d’années qu’on ne les comptait pas, il avait conquis comme un droit imprescriptible à la domination.

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Comme le bétail, quand un chien étranger entre dans le clos, ils se tenaient tête contre tête, épaule contre épaule, prêts à foncer sur l’intrus et à le piétiner à mort. Sans doute aussi étaient-ils venus pour se faire une idée du cadeau qu’on attendrait d’eux. Quoique le choix d’un cadeau de mariage fût généralement préparé par des questions de ce genre : « Qu’est-ce que vous donnez, vous ? Nicholas donne des cuillères », ce choix dépendait beaucoup du fiancé. S’il avait la figure en bon point, les cheveux bien brossés, l’air prospère, il devenait plus nécessaire de lui donner de jolies choses : il y compterait. À la fin, par une sorte d’accord de famille auquel on arrivait comme on arrive à fixer les prix sur un marché, chacun donnait exactement ce qui était juste et convenable.

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George dit tout bas à son frère Eustace :

— Il a l’air de quelqu’un qui pourrait bien ficher le camp, l’indomptable Brigand !

Cet homme d’apparence très singulière, comme dirait plus tard tante Juley, était de taille moyenne, mais fortement bâti. Il avait une figure pâle et brune, des moustaches d’un brun terne, les pommettes saillantes et les joues creuses. Son front fuyait en pente vers le sommet de la tête, mais se bosselait au-dessus des yeux comme les fronts qu’on voit dans la cage à lions du Jardin zoologique. Il avait les prunelles d’un brun liquide et doré ; son regard était par instants déconcertant d’inattention. Le cocher du vieux Jolyon, revenant de conduire June et Bosinney au théâtre, avait dit au maître d’hôtel :

— Sais pas qu’en penser. Me fait l’effet d’un léopard à moitié apprivoisé.

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L’aînée des Forsyte de plusieurs années, elle avait parmi eux une situation particulière. Tous opportunistes et individualistes – sans du reste l’être plus que leurs voisins –, ils tremblaient devant son incorruptible visage, et quand les bonnes occasions de pécher contre l’âme familiale devenaient trop tentantes, ils se cachaient d’elle.

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De leur côté, les trois frères regardaient Ann. Elle commençait à paraître cassée. Quelle femme étonnante ! Quatre-vingt-six ans bien comptés ; elle pouvait en vivre dix, encore, et n’avait jamais eu beaucoup de santé. Swithin et James, les jumeaux, n’avaient que soixante-quinze ans ; Nicholas soixante-dix – un bébé ! Tous étaient de bonne constitution et la vue de tante Ann n’en était que plus encourageante. De toutes les formes de propriété, c’était leurs santés respectives qu’ils avaient naturellement le plus à cœur.

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Soames Forsyte, la face toute rasée, les joues plates, les épaules plates, la taille plate, ayant cependant dans toute sa personne quelque chose de fuyant et de secret, baissait sur tante Ann un regard oblique, comme s’il essayait de voir à travers son propre nez.

— Qu’est-ce que vous pensez de ce mariage ? demanda-t-il.

Les yeux de tante Ann se posaient sur lui avec fierté ; l’aîné de ses neveux depuis que Jolyon le jeune avait quitté le cercle de la famille, il était maintenant son préféré, car elle devinait en lui un sûr dépositaire de l’âme familiale dont elle devait bientôt abandonner la tutelle.

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Peut-être à l’origine avaient-ils appartenu à quelque secte d’esprit simple ; mais maintenant, suivant le cours naturel des choses, ils étaient membres de l’Église d’Angleterre et envoyaient assez régulièrement leurs femmes et leurs enfants aux églises à la mode de la capitale. Un doute sur la sincérité de leur foi les eût peinés, surpris. Quelques-uns payaient pour avoir dans l’église des bancs réservés, exprimant ainsi de la façon la plus pratique leur sympathie pour l’enseignement du Christ.

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Ils arrivaient à la gare.

— Quelle classe prends-tu ? Je vais en seconde.

— Moi pas, dit Nicholas, on ne sait pas ce qu’on peut attraper en seconde.

Il prit un billet de première pour Notting Hill Gate, Roger un billet de seconde pour South Kensington. Le train arrivant une minute après, les deux frères se séparèrent pour entrer dans leurs compartiments respectifs. Chacun se sentait blessé que l’autre n’eût pas modifié ses habitudes pour rester plus longtemps avec lui. Mais comme pensait Roger :

— Toujours têtu, Nick !

Et comme Nicholas se le disait à lui-même :

— Toujours désagréable, ce Roger !

Il n’y avait pas beaucoup de sentimentalité chez les Forsyte.

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De toutes ses pensées, et tandis qu’il comptait ses cigares, celle-là était bien la plus poignante, la plus amère : malgré sa tête blanche et sa solitude, il était resté jeune et vert de cœur.

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