Le Pur et l'Impur

Une autobiographie faite de biographies, de tranches de vie. Saphisme et homosexualité masculine à la fin du 18e et au début 19e, souvent entre lettrés. Quelques pages sublimes, une plume vive et intelligente que les contemporains ne renierait pas, beaucoup de non-dits adroitement contés, rien de tapageur, tout dans la subtilité, des histoires d'amour qui finissent souvent mal, et au milieu une Colette habituée à observer et à tirer le meilleur des acteurs et donc aussi d'elle-même.

Les thèmes sont intéressants et la manière de les aborder aussi.

J'ai trouvé quand même que l'on ne rentrait pas assez dans l'histoire. Je n'ai pas eu un attachement particulier envers les personnages.

J'ai quand même bien-aimé la plume de Colette et pourquoi pas découvrir d'autres de cette autrice.

Colette évoque dans ce très beau livre, dans de pudiques allusions, son propre parcours au royaume de Sapho. Transgressif sans jamais verser dans une provocation tapageuse.

Sur un fond agité de remous autobiographiques, Colette livre à ses lecteur·ice·s une sorte d'essai remarquable sur la morale, sur ces désirs tus, sur cette jouissance féminine taboue, et plus globalement sur les diverses formes de sexualité et la manière dont elles sont explorées par celles et ceux dont elles changent la vie. Ce texte vient nourrir de nombreuses réflexions et contribue largement à fournir une base à celles et ceux qui souhaitent réfléchir sur les mystérieux méandres de sexualité et du genre - ou plus précisément sur le comportement humain éclairé par les variations de sexualité et de genre.

C'est un texte profondément intelligent qui présente l'homme comme l'ennemi indispensable de la femme tant celle-ci ne peut s'affranchir de ce "dispensateur de plaisir" auprès duquel les conventions veulent qu'elle reste, sage et patiente, renonçant à l'amour rêvé au profit d'un couple aussi classique qu'il est ennuyeux. La femme est l'esclave du plaisir de l'homme. L'homme "don juanisé" recueille les souffrances des femmes, prenant la poudre d'escampette en les laissant sur leur faim mais sans jamais se souiller : de par sa fonction sexuelle, il n'est rien d'autre qu'un guerrier vainqueur.

L'autrice n'omet pas le fameux mépris du lesbianisme et des femmes en général par les hommes et surtout par les hommes homosexuels.

Quant à l'androgynie, elle la loue tout en la haïssant. Pourquoi l'androgynie d'un homme serait un atout charmeur là où l'androgynie d'une femme impliquerait une condamnation à la solitude ? Ses pirouettes et ses propos crus envers celles qui tentent de vivre comme des hommes se heurtent avec sa propre incapacité à se conformer aux normes du masculin et du féminin.

Au fond, c'est un livre relativement pudique qui présente le plaisir, l'amour et le sexe sous une forme triste, presque terne. D'aucun·e·s seront sans doute déçu·e·s par l'absence de voyeurisme. Les autres sauront puiser ce que chaque paragraphe se plaît à offrir afin de déterminer ce que sont, finalement, le pur et l'impur - si tant est qu'une réponse universelle peut être apportée.

J'ai été franchement déçue par ce livre. peut-être que j'en attendais trop je ne sais... Mais je m'attendais à ce que la question de la bisexualité soit plus explicite. Je sais que l'époque était plus puritaine que la nôtre mais cela aurait pu être davantage tranché et expliqué. La seule chose que j'attendais de ce livre était la description de Renée Vivien que l'on connait peu ou mal. Je ne retiendrai que cela, les quelques tableaux de femmes qui s'aiment. L'homosexualité masculine a été encore plus oubliée. Que dire de ce passage évoquant un Vercingétorix efféminé? J'en reste franchement dubitative mais je fais le tri de cette lecture en gardant que quelques passages. Dont la phrase " Ma légitime " et " les fronts, les mains et les lèvres jointes ".