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Un jour de déroute, je lui ai parlé de toi, de tout ce que je n'avais pas pensé à te dire quand tu étais encore là. Quant ta présence, certitude quotidienne, rendait superflus, indécents, la tendresse et les mots.
Afficher en entierVoilà la vraie raison de mon retour ici. Savoir sur quoi ma vie se fonde. Revenir, pour un jour seulement, dans ce lieu de fracture, sur la ligne incertaine du partage des eaux.
D'un côté mon enfance, l'âge de la confiance, où tout semblait possible.
De l'autre, ma vie d'adulte, où la raison bride la foi, dépouille les miracles.
Entre, quelques semaines de ma vie à seize ans. Si peu de temps, pour trouver ma mesure, perdre à jamais ce qui était ma vie. Changer le duvet pour la plume. Et grandir.
Afficher en entierOù était-elle, la liberté, là où l'on torturait impunément ? Pouvait-on s'estimer libre parce que l'on n'était pas reclus ? Que valait-il cet affranchissement factice, entre des rails ? Des interrogations, fichées loin dans le cœur comme des flèches. Sales aiguillons qui infectent l'esprit. En font, jour après jour, une plaie purulente. Blessures qui n'en finissent pas de se rouvrir.
Afficher en entierIl y en a qui se battent en laissant leurs tripes, et d'autres à coups de stylo, tu vois ? Ton père, c''est plutôt ça.
Afficher en entier- Mais tout est politique, mon grand. Que tu le veuilles ou non. Tu es dans la société. Pas en dehors. Et si tu en fais partie, tu en es, en partie, responsable.
Afficher en entier- Quoi ? Faudrait rien lui dire ? C'est pas parce qu'on se bouche le nez que ça sent moins la merde !
Afficher en entierCes jours là, je les ai parcourus sur la pointe des pieds, pour me faire oublier de la vie. Je me tenais dans le creux de silence, le souffle transparent, tout entier désireux de ne pas être là. J'évitais de penser au passé. Les souvenirs heureux me faisaient peur. Ils avaient des semelles d'ombre, revenaient en traînant après eux cette horreur.(...). Je pensais à toi et à ton idéalisme. Tes guerres de papier, si fragiles à partir en fumée.
Afficher en entierRègne invincible du mensonge, des traîtres et de la corruption. Perversité de la douleur qui frappe tous les cœurs, réunit tôt ou tard dans la même affliction les mères des victimes et celles des bourreaux. Parce que le coup de feu qui claque dans la nuit ne laisse personne épargné, ni le gibier ni l'assassin. Il condamne l'un. Damne l'autre.
Afficher en entier- Je ne veux pas le bonheur ailleurs, je le veux ici. Je suis né dans ce pays, Pablo. Et c'est là que je veux mourir. Mais je voudrais pouvoir y mourir libre. C'est pour ça que je lutte.
Lutter ? Tu parles ! C'est pas pour toi, des mots pareils ! Laisse-les à ceux ui les méritent, aux héros, aux vrais. Aux Julio Brezal.
Le jour où ma vie se déchire, le jour maudit où je te perds, tu es debout sur le seuil. Ta seule arme, c'est un livre. Tu pouvais prendre le fusil dans la réserve, tu ne l'as pas fait? Tu pouvais t'enfuir avant la tornade. Quitter le pays, avec moi, lorsqu'il était encore temps. Tu es resté. Tu fais face. Je te craignais lâche, tu m'apprends un autre courage. Moins ostensible. Mais peut-être plus exigeant. Dans le bruit du moteur qui s'éloigne, je t'en veux de tes choix qui nous ont séparés. Je m'en veux de n'avoir rien compris.
Tu es un héros, toi aussi.
Afficher en entier- Violence contre violence. Sang versé pour sang répondu. Inflation des douleurs, des peurs, de l'injustice. A quoi tu crois que l'on peut aboutir, comme ça ? Tu penses que ça fait grandir l'humanité, ce genre de choses ?
- En tout cas, il se bat, lui !
Sous-entendu : lui, au moins. Il ne se contente pas d'imprimer des mots sur des feuilles. Il flingue, il sacrifie, il s'agit. C'est un homme, un vrai. Il en a.
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