Extraits

— Je dirais, pour résumer la situation, que je me suis battue avec une méduse et que j’ai perdu.

— Tiens.

Il entra dans la salle de bains, et Evan eut l’impression que la pièce avait rétréci, car il emplissait l’espace avec sa silhouette impressionnante. Il était toujours torse nu. Il s’accroupit à côté d’elle et déboucha la bouteille de vinaigre.

— Ça devrait neutraliser la douleur. Attention, c’est un peu froid peut-être.

Elle gémit quand il versa le liquide sur sa cuisse, mais, malgré le choc lié au contraste de température, la douleur s’atténua.

— Oh ! C’est mieux.

Il prit son genou dans sa main et passa le pouce dessus. Evan en eut presque le souffle coupé. Il leva la tête et la regarda droit dans les yeux, au-delà de la façade qu’elle avait eu tant de mal à ériger.

— Ça va, Ev ?

Elle comprit au sérieux de son expression, à l’inquiétude qui perçait dans sa voix, qu’il ne voulait pas parler de la piqûre de méduse. Cette révélation associée au contact de sa peau contre la sienne faillit lui faire perdre contenance et elle crut que les larmes qu’elle avait refoulées pendant toutes ces années allaient se mettre à couler. Elle regarda sa jambe.

— Je vais bien, Jace, vraiment.

Il soupira, puis se leva.

— Sèche ta jambe sans frotter. Je reviens tout de suite.

Quelques secondes plus tard, il revint. Heureusement, il avait passé une chemise. Elle avait déjà suffisamment de mal à se concentrer en sa présence, il ne manquait plus qu’il lui montre son torse musclé. Il lui lança un bout de tissu bleu.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.

— C’est un de mes shorts. Tu peux le mettre. Il est trop large, mais avec le cordon, ça devrait aller. Il vaut mieux que tu n’enfiles pas ton jean. Avec le frottement, ça pourrait te faire mal.

— D’accord, merci.

Elle regarda le short.

Il s’éclaircit la voix.

— Euh, vas-y, change-toi. Je t’attends dans le salon.

Il l’avait déjà vue dans ses sous-vêtements sur la plage, mais elle savait pourquoi il préférait lui laisser un peu d’intimité. Maintenant qu’ils s’étaient reconnus, le passé formait un mur infranchissable entre eux. Il n’était plus question de flirter. En tout cas, elle n’en avait plus aucune envie pour sa part. Elle apprécia néanmoins ces quelques minutes de solitude.

Elle eut ainsi le temps de reprendre ses esprits, de relever la tête et de se glisser de nouveau dans la peau de la femme qu’elle était désormais. La présence de Jace l’avait fait régresser au stade de l’adolescence. Quand elle retourna dans le salon, Jace était penché au-dessus du petit frigo. Elle entendit des bouteilles qui s’entrechoquaient. Il leva la tête lorsqu’elle se racla la gorge tout en s’asseyant sur le canapé.

— J’essayais de voir si nous avions du soda, mais on dirait qu’il n’y a que de la bière ou de l’eau.

- Nous avons tous deux fait des erreurs stupides. Des erreurs que font d'autres adolescents tous les jours dans le monde entier. J'ai payé le prix fort parce que j'étais une sorte de poudrière émotionnelle. Je me suis raccrochée à toi comme à une bouée de sauvetage et on ne peut exiger ça de personne, surtout pas d'un adolescent.