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Les trois personnes invitées sont avec elle dans une familiarité affectueuse. On est un peu plus aimable avec elle qu'il ne le faudrait, que le propos ou ses réponses ne le réclament. Dans cette douce amabilité — observée également par son mari — je vois le signe de l'inquiétude passée et à venir, constante, dans laquelle doivent vivre tous ses proches. On lui parle parce qu'il le faut mais on a peur de ses réponses.
Afficher en entierJe vois ceci :
La chaleur d'un été qu'elle a distraitement subie jusqu'à ce jour éclate et se répand. Lol en est submergée. Tout l'est, la rue, la ville, cet inconnu. Quelle chaleur, quelle est cette fatigue ? Ce n'est pas la première fois. Depuis quelques semaines elle voudrait parfois comme d'un lit, là, pour y allonger ce corps lourd, plombé, difficile à mouvoir, cette maturité ingrate et tendre, tout au bord de sa chute sur une terre sourde et dévoreuse. Ah quel est ce corps tout à coup dont elle se sent pourvue ? Où est-il celui d'alouette infatigable qu'elle avait porté jusqu'à ces temps-ci ?
Afficher en entier“Enlacées elles montent les marches du perron. Tatiana présente à Lol Pierre Beugner, son mari, et Jacques Hold, un de leurs amis, la distance est couverte, moi.”
Afficher en entierSon silence. Nous nous tenons immobiles, nos visages se touchant à peine, sans un mot, longtemps. Le bruit des trains se fond en une seule clameur, nous l'entendons. Elle me dit sans bouger, du bout des lèvres :
— Dans un certain état toute trace de sentiment est chassée. Je ne vous aime pas quand je me tais d'une certaine façon. Vous avez remarqué ?
— J'ai remarqué.
Elle s'étire, elle rit.
— Et puis je recommence à respirer, dit-elle.
Afficher en entierEn ce moment, moi seul de tous ces faussaires, je sais : je ne sais rien. Ce fut là ma première découverte à son propos : ne rien savoir de Lol était la connaître déjà. On pouvait, me parut-il, en savoirs moins encore, de moins en moins sur Lol V. Stein.
Afficher en entierQuand même, son silence l'intriguait de plus en plus. Parce qu'il s'accompagnait d'une curiosité extraordinaire des lieux qu'ils traversaient, fussent-ils d'une complète banalité. On aurait dit non seulement qu'elle venait d'arriver dans cette ville, mais qu'elle y était venue pour y retrouver ou y chercher quelque chose, une maison, un jardin, une rue, un objet même qui aurait été pour elle d'une grande importance et qu'elle ne pouvait trouver que de nuit
Afficher en entierRien dans sa mise ou son maintien ne disait son état, sauf sa chevelure peut-être qui était en désordre. Mais elle aurait pu courir et il y avait un peu de vent cette nuit-là. Il était fort probable qu'elle avait couru jusque-là, pensa Jean Bedford, justement parce qu'elle avait peur, depuis l'autre bout de ce boulevard désert
Afficher en entierLa première fois qu'elle sortit ce fut de nuit, seule et sans prévenir. Jean Bedford marchait sur le trottoir. Il se trouva à une centaine de mètres d'elle — elle venait de sortir — elle était encore devant sa maison. Quand elle le vit, elle se cacha derrière un pilier du portail
Afficher en entierCette prostration de Lol, son accablement, sa grande peine, seul le temps en aurait raison, disait-on. Elle fut jugée moins grave que son délire premier, elle n'était pas susceptible de durer beaucoup, d'entraîner une modification importante dans la vie mentale de Lol. Son extrême jeunesse la balaierait bientôt. Elle était explicable : Lol souffrait d'une infériorité passagère à ses propres yeux parce qu'elle avait été abandonnée par l'homme de T. Beach. Elle payait maintenant, tôt ou tard cela devait arriver, l'étrange omission de sa douleur durant le bal
Afficher en entierPuis Lol cessa de se plaindre de quoi que ce soit. Elle cessa même petit à petit de parler. Sa colère vieillit, se découragea. Elle ne parla que pour dire qu'il lui était impossible d'exprimer combien c'était ennuyeux et long, long d'être Lol V. Stein.
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