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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:56+02:00

C’est alors que cette histoire devient intemporelle, dit ma mère ; non pas à force d’étrangeté ou d’invraisemblance, mais parce que les personnages semblent avoir bondi hors d’eux-mêmes, hors du temps, dans une nuit plus épaisse que la nôtre, ou dans une lumière plus vive, plus aveuglante que celle de nos jours. On en était arrivé à ce point où plus rien ne pouvait s’inverser ni retourner à l’ordre ancien des choses ; on en était à ce moment où la justice n’est plus possible et où il est pourtant plus que jamais besoin qu’elle soit rendue

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:44+02:00

Elle l’avait donc vu, comme toutes les filles de Siom, apparaître de l’autre côté du lac –, elle l’avait vu descendre entre les hauts sapins noirs, dans un maillot de bain si étroit qu’il le faisait paraître nu, le corps non plus maigre mais mince, musclé, d’une blancheur à quoi l’ombre des sapins donnait une teinte d’ivoire, tournant vers les filles de Siom un visage souriant, comme s’il était heureux d’être de retour parmi nous après trois années passées dans un internat, en Auvergne, où on avait, disait-on, fini par accorder son esprit à son corps

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:36+02:00

Ce sont des enfants, et mon fils plus qu’aucun autre, un innocent même, tu le sais bien, mon pauvre Jacques », avait ajouté M. Lavolps en tournant le visage vers son épouse qui pleurait, assise près d’une fenêtre obscure, le nez dans son mouchoir, les uns et les autres bientôt figés dans une attitude si communément romanesque qu’elle leur donnait l’air de jouer un rôle, avait dit ta tante comme si elle avait été présente, ce soir-là, dans cette belle lumière blanche qu’un Jacques Râlé n’imaginait pas même possible et où il suffisait de se tenir, dirait-il, pour se sentir réchauffé.

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:28+02:00

On n’en était pas là. Les jumeaux Râlé se sont contentés de montrer les dents. Sans doute comprenait-on qu’il s’était passé quelque chose qui ne les laisserait plus en paix, les uns comme les autres, et qu’il y aurait désormais une proie et des chasseurs, une chasse au renard, disaient déjà certains, une traque qui ne prendrait fin que lorsque le renard serait hors d’état de nuire, laisseraient bientôt entendre les frères Râlé à M. Lavolps, l’aîné des frères, du moins, accompagné des deux cadets, ainsi qu’on les nommait pour les différencier des jumeaux, qui demeurèrent l’un sur la première pierre du seuil, l’autre à l’entrée du couloir, tandis que les jumeaux restaient à Peyre Nude, avec Christine, un soir de novembre, donc, juste après la fête de tous les saints et celle des morts, après maints autres soirs occupés à se taire ensemble avant que le père Râlé n’allât chercher dans la grande armoire une Bible reliée en toile noire, avec une croix imprimée en creux sur la couverture, jamais rouverte depuis que le père était rentré de la guerre en répétant ce qu’il avait entendu dire à son propre père, qui avait fait le Chemin des Dames : que Dieu était mort dans les tranchées, ou quelque chose comme ça. Il avait demandé à l’un des jumeaux (qui, contrairement à leurs frères, lisaient sans peine, sinon avec goût) de chercher le Cantique des Cantiques et de le lire à voix haute, d’un bout à l’autre, sans s’arrêter

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:18+02:00

Les plus jeunes des cinq frères, donc, ceux qui étaient dans ma classe, dit ma mère, et qui ont maudit Pierre-Marie, le jour où on l’a entendu réciter le Cantique dans l’enceinte laïque (chanter serait plus juste, la voix de Pierre-Marie était transfigurée, comme si la beauté de son visage était passée tout entière dans sa voix, disait ta tante). Tout le monde les a vus s’approcher du fils Lavolps, lequel baissait la tête dans un coin de la cour, sous les tilleuls, avec ses blonds cheveux raides lui tombant de chaque côté du front et cet air méfiant, craintif et souriant qui faisait dire qu’il portait vraiment bien son nom. Un renard, voilà à quoi il ressemblait ; un renard relevant lentement les yeux vers ceux qui s’approchaient (les jumeaux, suivis à distance par le demi-cercle des collégiens), et qu’il défiait de ce regard par en dessous propre aux animaux acculés qui remuent les seuls yeux pour ne pas donner aux chasseurs l’idée de ce qu’ils vont faire alors qu’il n’y a plus rien à faire, sinon une façon instinctivement noble de mourir

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:10+02:00

Mais la petite Râlé ne s’est pas éveillée – pas comme il le souhaitait, avait dit ta tante. Il avait fallu la mettre dans une autre classe, ce qui n’avait pas empêché Pierre-Marie de célébrer la beauté absente, donnant à cette absence de beauté (car elle n’était guère belle, cette petite Râlé ; pas même jolie, malgré sa poitrine rebondie et ses cheveux d’un beau châtain profond : seulement fraîche, et un peu niaise, comme nous étions presque toutes, à cet âge) un rang incomparable puisque la jeune sœur des cinq frères Râlé était devenue l’objet de toutes les rédactions du fils Lavolps, des devoirs qu’il remettait au professeur comme si celui-ci n’était qu’un messager, un intercesseur qui ne pouvait d’ailleurs noter ces épîtres, ni même les juger d’un point de vue littéraire puisqu’elles fourmillaient de fautes de syntaxe et d’orthographe et d’images étranges, inspirées du Cantique et des Psaumes. Le professeur avait fini par prendre à part le jeune Lavolps pour lui dire que le Cantique des Cantiques était un fort beau texte, qu’il le connaissait bien, lui aussi, ayant longtemps pratiqué la Bible, non comme on le fait dans notre famille, dit ma mère, mais d’un point de vue historique.

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:41:02+02:00

Et il disait cela les yeux mi-clos, tandis que Christine Râlé se cachait la figure entre les mains, secouée de sanglots, et que nous trépignions de rire et qu’il demeurait debout, lui, dans la même attitude que le professeur, les bras croisés sur la poitrine, continuant à réciter de sa voix qui était tour à tour celle de la fiancée et celle de l’époux du Cantique, jusqu’à ce que le professeur envoie la petite Râlé dans le couloir en compagnie de sa voisine, pendant que Pierre-Marie disait, avec l’air de s’adresser à nous, cette fois 

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:40:55+02:00

C’était même la seule chose qui l’empêchait de tomber au niveau des cancres, cette mémoire qui semblait lui faire pencher la tête d’un côté ou de l’autre, sauf quand il se levait pour réciter, près de son banc, au fond de la classe où on l’avait placé, à cause de ses grandes jambes, disaient les professeurs, mais en réalité parce qu’il n’y avait pas un élève qui ne se serait fait coller tous les jeudis après-midi plutôt que de partager le banc du renard, comme on l’appelait. Prodigieuse mémoire dans laquelle Christine Râlé occupait une place centrale, tel un porte-cierges au cœur d’une chapelle obscure, disait ta tante en se rappelant la joie de Pierre-Marie, le jour où le professeur de français avait demandé aux élèves d’apprendre une poésie de leur choix et de la réciter en classe

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:40:49+02:00

Un ange aux mains bientôt maculées d’encre, mais qui savait manifestement lire, écrire et compter, et même se tenir. Et nous avons entendu sa voix, lui qu’on croyait seulement capable de pousser des cris ou de se taire, qui riait en regardant la Luche écorcher un lapin et qui, lorsqu’on abattait un arbre, pleurait toutes les larmes de son corps. Nous l’avons écouté parler : la voix d’un garçon de douze ans aussi bien que celle d’une vieille femme ou, plus exactement, une voix venue de si loin qu’il était impossible de savoir si c’était celle d’un homme ou d’une femme ; une voix sans âge, toujours près de se briser, de retomber dans le silence et continuant cependant à parler comme si n’importe qui s’exprimait par sa bouche, sauf que ce n’étaient jamais tout à fait des vivants, semblait-il, mais des morts ou des personnes si âgées ou si lointaines qu’on avait l’impression qu’elles ne pouvaient pas exister

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Extrait ajouté par wizbiz06 2012-05-29T20:40:38+02:00

Rien, un de ces cris qu’on pousse devant la nuit qui vient, quand on est seul dans la forêt, loin de Siom, pour s’assurer qu’on n’a pas été transformé en arbre ou en animal ; et puis j’avais pitié de lui, j’étais peut-être la seule à avoir pitié d’un être dont tout le monde se moquait et qu’on commençait à redouter, oui, même sa mère, disait-on, qui ne le supportait plus auprès d’elle et qu’elle songeait à placer dans une institution spécialisée, depuis que le dernier précepteur avait déclaré forfait : une jeune institutrice de Villevaleix qui prenait chaque jour le train jusqu’à la gare de Siom, où l’attendait Mme Lavolps, dans sa vieille Citroën noire, et où elle la ramenait, le soir, en larmes, souvent, l’une comme l’autre, la mère par dépit d’avoir engendré un tel fils et l’institutrice essayant de soutenir que nul n’était mauvais au point d’être abandonné (car le temps nous fait changer, mon petit, dit ma mère, et il n’est pas rare qu’on considère ses fautes, bien des années après, comme si elles avaient été commises par un autre, voire par un inconnu), oui, murmurant cela alors qu’elle renoncerait à cette place au bout de quelques semaines et qu’il faudrait la dissuader, à prix d’or, disait-on, de porter plainte pour outrages et pour violences

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