Ajouter un extrait
Liste des extraits
Anne-Lise marche d’un bon pas dans les rues de la ville rose. Il est déjà 18 h 30 et elle doit faire quelques courses si elle veut diner ce soir. Aller dans un petit restau ne lui dit rien. Elle a besoin de souffler et surtout de dormir.
Elle sort d’une semaine un peu folle, avec l’épidémie de grippe qui sévit, la plupart des médecins et des chirurgiens avec lesquels elle devait travailler étaient malades et elle a dû les remplacer au pied-levé. Moyennant quoi, à son tour, elle n’en peut plus ! Elle a plus que mérité les 48 heures de repos qu’elle a devant elle. Elle avance rapidement en ayant l’impression d’être en pilotage automatique. Son cerveau fatigué autant que son corps, n’a plus la capacité d’absorber quoi que ce soit.
La supérette près de chez elle, est ouverte jusqu’à 19 heures, il faut qu’elle se dépêche si elle veut arriver avant la fermeture. Arrêtée par un feu à un carrefour, elle attend impatiemment qu’il passe au rouge pour traverser le boulevard. Elle aperçoit l’enseigne lumineuse du commerce à une centaine de mètres et commence à se détendre. Elle étouffe un bâillement tout en se demandant si elle ne va pas faire l’impasse sur le diner et aller se coucher tout de suite… Tout à coup, elle sent un grand corps se presser fermement derrière elle, l’envelopper, épousant de près son dos, un bras l’entraver puis la soulever et la pousser rapidement, dans la camionnette qui vient de s’arrêter et de s’ouvrir devant elle. L’évènement n’ayant duré qu’un instant, elle n’a pas eu le temps de réaliser, de se débattre ou même de crier, que déjà le véhicule redémarrait dans l’anonymat le plus complet et se fondait dans la circulation.
Anne-Lise regarde le grand bonhomme assis, près d’elle à même le plancher du fourgon. Dans la pénombre du véhicule, seulement éclairé par une fenêtre qui donne dans la cabine, l’homme lui parait immense, très large d’épaules, engoncé dans un blouson de cuir qui lui semble noir. Il a probablement un peu plus de 30 ans, des traits qui paraissent harmonieux, bien que durcis par le clair-obscur de l’habitacle, il la regarde circonspect. Le cœur d’Anne-Lise bat très vite, elle n’arrive pas plus à penser qu’à comprendre ce qui se passe. Sa posture est inconfortable, posée à même le sol de la fourgonnette dont elle ressent toutes les vibrations mais curieusement, si la situation est vraiment étrange, ce grand type n’est pas menaçant et ne lui inspire aucune crainte. Il arbore un air un peu surpris. L’immense fatigue qu’elle ressent lui ferait-elle perdre les pédales ? Elle est bien trop fatiguée pour réfléchir et trouver une réponse voire simplement bouger.
« Alea jacta est »
- C’est vous microbe, le docteur Anne-Lise Duchamp, la chirurgienne ? Mais quel âge avez-vous donc, on vous donnerait dans les quinze ans.
.....................
Afficher en entier