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Extrait

Chapitres 1 & 2

1 : DENNY

“Trois. Deux. Un—”

“Benny ! Non !”

Mon décompte fut interrompu par les cris perçants de sa mère, Benny s’accrochait à mon décor avec ses menottes toutes collantes de bonbon. Bon sang. Qui aurait imaginé que ce gamin avait une telle force.

La tenture couleur sépia représentant une petite ville sudiste typique s’écroula sur le gamin tout pégueux de cinq ans, les hurlements de sa mère atteignaient des niveaux de décibels difficilement supportables. Malgré le chaos environnant, le père de Benny restait tranquillement assis dans son fauteuil en bois, sanglé dans un costume de western trop petit, il se bornait à regarder le monde défiler par la fenêtre de mon studio photo. Leur deuxième enfant, le frère de Benny, était un gamin d’une dizaine d’années qui n’avait pas froid aux yeux, il m’avait détesté dès notre premier regard. Il m’avait écrasé les pieds ‘sans faire exprès’ et avait mis un point d’honneur à loucher sur toutes les photos.

Je me précipitais devant pareille catastrophe et essayais de rassembler les morceaux de mon décor ravagé. J’ai bien dit ‘essayais’ : dans sa crise de folie, la mère de Benny marcha dessus et le tint par inadvertance au-dessus de son fils. Elle comptait peut-être étouffer son gosse là tout d’suite dans mon studio. Elle faisait visiblement de gros efforts pour ne surtout pas me donner le moindre coup de main.

Le père de Benny finit par réagir et se leva. Mon soulagement fut de courte durée lorsqu’il annonça qu’il en avait marre et s’en alla.

Mon angoisse grimpa crescendo en voyant cet homme corpulent arborer mon costume vintage valant plusieurs centaines de dollars, se diriger à grandes enjambées vers la porte. Il m’était tout à fait impossible de tirer un trait sur ce costume. “Non, monsieur, je vous en prie, ne partez pas.”

Il pivota sur ses talons et me harangua violemment. “Je dois sortir de cette pagaille si je ne veux pas perdre la raison ! Y’a de quoi devenir complètement dingue !”

Sa colère me laissa sans voix. Je cogitais à toute allure pour savoir quoi répondre et essayer de désamorcer la situation. Voilà pourquoi j’étais volontairement célibataire.

La mère de Benny avait tout bonnement oublié Benny et le bordel qu’il avait foutu avec ses petits doigts collants. Elle marchait sur le rideau faisant office de décor, décocha un sale regard noir à son mari en lui gueulant dessus. “Oh non, Bill, il est hors de question que tu t’en ailles ! Pour aller où, hein ? Tu crois que te retrouverais as à? Je te jure sur ma mère, que Dieu ait son âme, que si jamais tu mets un pied hors de cette boutique, je te traquerais et ferais de ta vie un enfer.”

Le visage de Bill se contracta en un masque d’amertume et de colère. “Trop tard !”

Benny parvint à se frayer un passage sous le rideau que je tenais par un bout. Il se précipita dans mes bras, collant au passage les poils de mes bras avec ses doigts tout visqueux. Il se mit à brailler et sangloter à chaudes larmes en entendant ses parents hurler. Il poussa un cri perçant vraisemblablement hérité de sa mère. Mes fenêtres—ou mes tympans, allaient se briser d’un moment à l’autre.

Je fis en sorte de consoler et calmer Benny pendant que ses parents continuaient de se hurler dessus, son grand frère ôtait quant à lui son costume. Il jetait les vêtements par terre au fur et à mesure.

“Excusez-moi.” J’élevais la voix, réduite à un murmure. “Ahum … excusez-moi …” il m’ignorait complètement.

“Qu’est-ce qu’on fout ici de toute façon ? C’est chiant à mourir. Regardez la tronche que j’ai. Un grand dadais habillé en—en—cake aux fruits.”

“Non, tu serais mieux à la maison en train de mater du foot à la télé tout en descendant des binouzes, péter et te gratter les burnes !”

Oh, waouh, du calme. “Excusez-moi—” je me concentrais afin de contrôler le tremblement qui s’emparait de mon corps, mes genoux menaçaient de se dérober.

“Qu’est-ce qui y’a à voir ? Toi là, saucissonnée dans ta tenue de yoga trop p’tite, t’as vu l’cul que t’as ? Et bordel mets un soutif de temps en temps ! Ton nombril appréciera.”

“Oh, ta gueule, Bill. J’en ai marre de toi. Tu n’iras nulle part. C’est moi qui m’en vais. C’est moi qui demande le divorce, mais si tu crois que je vais partir une main devant une main derrière, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Je vais te faire raquer, Bill, jusqu’au dernier centime !”

Le frère de Benny s’escrimait sur son slip, je ne lui en avais pas fourni mais il était apparemment en train de descendre avec le reste du costume. Il tira sur l’élastique de son Hanes, je ne serai pas la cible d’un vieux slip appartenant à un gamin de dix ans. Je m’arrangeais pour éviter le couple qui vociférait et tempêtait tout en tenant Benny contre moi, le gamin plongea sa main collante dans mes cheveux et tira dessus.

Charlie Monroe entra dans ma boutique pile au moment où je crus bien que mon studio allait être totalement ravagé. Charlie regarda la pagaille, ficha deux doigts dans sa bouche et siffla assez fort pour réveiller les morts. “Oh ! Vos gueules ! On vous entend à l’autre bout de la rue espèce de tarés !”

Ils lui jetèrent un regard noir, le mari et la femme firent mine de répondre mais Charlie, Dieu bénisse, les tint en respect. Elle leva un doigt menaçant et aboya des ordres. “Vous deux, là, déshabillez-vous ! Remettez vos vêtements et DEGAGEZ !” Elle regarda le rideau en lambeaux par terre. “Denny, tu veux qu’ils remboursent les dégâts ?”

Je faillis me pisser dessus devant sa voix et son doigt accusateur. “N-non.”

“T’es sûre ?” elle n’avait pas l’air contente du tout.

Je hochais la tête et dépêtrais les mains de Benny, des mèches de cheveux restèrent collés à ses petits doigts tandis que le déposais devant sa mère. “L-laissez les vêtements en cabine s’il vous plaît.”

Charlie restait plantée là, les mains sur les hanches, jusqu’à ce qu’ils aient enfilé leurs propres vêtements, ils décampèrent sans demander leur reste. Elle regarda autour d’elle et lança “T’as un truc dans les cheveux.”

Je passais mes mains dans mes cheveux en grommelant. Mes cheveux étaient à coup sûr tout collants et emmêlés à cause des mains poisseuses de Benny. “Fais chier.”

“T’aurais dû leur faire payer les frais. Ta tenture s’en remettra ?”

J’examinais le tissu déchiré et poussais un grognement. “Non, elle est fichue.”

Elle ôta une chaussette de mon épaule. “Tu veux q’j’les rattrape ? T’as qu’un mot à dire.”

Je contemplais la zone sinistrée et fis non de la tête, j’avais pas envie qu’ils remettent les pieds dans ma boutique. “Je savais bien qu’ils créeraient des problèmes.”

“Tu te laisses tout le temps marcher sur les pieds, Denny. Faut savoir se montrer forte face à des énergumènes pareils.”

Je haussais les épaules, son expression s’adoucit en voyant mes mains tremblantes.

“T’es sûre que ça va ? Je sais très bien comment tu réagis face à des hommes autoritaires.”

Éviter la confrontation sous quelque forme que ce soit était dans ma nature mais Charlie a raison, la voix retentissante d’un homme en colère avait le don de me provoquer une crise de panique disproportionnée.

“J’ai—j’en ai un autre. C’est pas bien grave.”

“T’as pas vu tes tifs.” Elle fit la grimace et s’éloigna. “Je dois retourner au magasin. On se voit ce soir.”

“Ce soir ?”

“‘Le ‘Hot Pot’. Comme chaque mardi.”

“Ah oui. On est mardi ?” je regardais mon calendrier et poussais un cri. “J’ai un shooting photo dans une demi-heure à Dickerson Farms.”

Charlie m’adressa un large sourire. “Dickerson est à trois quarts d’heure de route. Bon sang, ça t’arrive d’être à l‘heure ?”

Je lui jetais un regard et me dépêchais de la congédier. “Oui. Parfois … ch’uis pas tout l’temps en retard.

“Tu seras revenue à temps pour la réunion de ce soir ?”

Je réfléchis et refermais la porte. Je ne faisais jamais de promesses que je ne pouvais pas tenir.

Il était fort probable que je sois en retard.

2 : RAIF

La chambre au troisième étage du Bed & Breakfast ‘chez Muddy’ donnait sur la pittoresque petite ville d’Helen’s Haven. Assis sur un banc installé devant la fenêtre, je jouissais d’une vue panoramique sur les petites boutiques colorées de Main Street serrées les unes contre les autres. J’avais installé sur l’un des murs de la chambre le grand tableau qui me suivait partout quand j’étais sur une piste. J’étais peut-être de la vieille école, mais ça fonctionnait.

Tous mes neurones en alerte, j’étudiais mes notes soigneusement manuscrites comportant des informations ayant trait au crime organisé et à Ricco Moretti.

Je commençais à y voir clair. Je rentrerai à Chicago dès que j’aurais assemblé les dernières pièces du puzzle.

Je contemplais les boutiques en contrebas. J’étais bizarrement tombé sous le charme de cette petite ville baptisée le repaire des diablesses par les flics de Smith, des chics types visiblement pas plus gênés que ça qu’un ancien inspecteur originaire de Chicago foute son nez dans leur affaire d’homicide.

Les mecs m’avaient tanné pour que je crèche dans cette ville au lieu de rester sur Smith. Il m’avait raconté une histoire ayant trait à des femmes rebelles et d’une ville baignant ‘dans une atmosphère mystique et ésotérique des plus étranges’. Peu importe, j’étais pas du tout réceptif à ce genre d’histoires abracadabrantesques. Je suppose que ma nature-même de métamorphe m’avait tout naturellement conduit jusqu’ici. La forêt s’étendait à perte de vue au-delà de la ville et de ses boutiques. Mon loup rêvait de se dégourdir les pattes, il adorerait passer quelques jours en pleine nature.

J’avais senti que d’autres métamorphes peuplaient la ville, les gars avaient apparemment raison. La ville était majoritairement composée de femmes, ça aurait été génial si j’avais pu dégager du temps mais je croulais sous le boulot, ce qui ne m’était pas arrivé depuis un bail.

Être inspecteur était un héritage lourd à porter, mon père avait exercé ce métier pendant vingt-cinq ans mais ça ne lui avait pas porté chance. J’entrais dans ma vingt-sixième année.

J’avais travaillé comme un forçat pour la police de Chicago. Mon père et moi étions trop occupés pour arriver à se voir, il était décédé il y a un an d’un infarctus foudroyant dû au stress.

Ça n’avait rien de surprenant. Une photo de mon père devrait figurer à la définition du mot ‘stress’ dans le dictionnaire. Aussi loin que remontaient mes souvenirs d’enfance, je gardais de lui l’image d’un sale type constamment énervé.

Je me grattais le menton en contemplant le tableau du crime. Une des fiches était légèrement de travers, je l’alignais correctement et reculais. J’avais horreur du désordre.

Ça faisait un an que j’étais sur la trace de Ricco Moretti, tête pensante du crime organisé. Ce sale petit connard n’arrêtait pas de me filer entre les doigts. Je l’avais presque coincé il y a quelques mois pour activités illégales. J’avais appris grâce à mon réseau d’informateurs chez les camés que Ricco était coupable de la mort d’un dealer de seconde zone à Smith, au Nouveau Mexique.

Il ne s’était bien évidemment pas sali les mains. J’étais persuadé que j’arriverai à débusquer le big boss à Chicago — Ricco, si j’arrivais à coincer l’auteur de l’homicide de Smith.

La victime était plus connue sous le nom de l’Ours Smokey. D’après les témoins, un SUV couleur crème démarrant en trombe avait été aperçu dans le coin au moment des coups de feu.

Il se trouve qu’une Cadillac Escalade couleur crème était enregistrée au nom d’un certain Anthony Waters. Seul problème, Anthony Waters n’existait pas, c’était un nom d’emprunt. J’avais recherché tous les Anthony Waters du Nouveau Mexique, ça n’avait strictement rien donné.

Je devais trouver ce mec et l’inculper de meurtre. La scène de crime n’était pas très parlante, elle avait été souillée par une cohorte de curieux et la police scientifique, un bon gros déluge avait achevé le travail la nuit-même. Lorsque j’étais arrivé sur les lieux, il était déjà trop tard pour prélever le moindre indice.

Je fourrageais dans mes cheveux, pris mes clés et mon téléphone. J’avais besoin de déambuler dans les rues, faire du porte-à-porte. Les affaires se résolvaient bien souvent sur le terrain.

Je regonflais et arrangeais les coussins sur le banc, remis le couvre-lit en place et descendis.

Muddy, la propriétaire du Bed & Breakfast, m’interpella au bas des escaliers. “La chambre vous convient M. Williams ? Helen’s Haven n’a rien à voir avec Chicago.” Elle me regarda d’un air interrogateur, ses cheveux d’un roux flamboyant tombaient en cascade sur ses épaules.

“On se sent plus proche de la nature, c’est un bon début.” Je savais qu’elle me comprenait, j’avais bien deviné, c’était une métamorphe, une dominante.

“Les célibataires comme vous adorent cette ville à la population à soixante-dix pour cent féminine, célibataires pour la plupart.” Elle me décocha un regard entendu.

“Je suis ici pour affaires.”

Ma rudesse ne la rebuta pas pour autant. “La plupart de nos hôtes masculins ont fini par s’installer ici, attirés dirais-je, par le charme unique de la femme.”

“Les charmes féminins ne m’attirent pas le moins du monde. Je suis ici pour travailler, pas pour la bagatelle.”

“Hum … on en reparlera.” Elle sourit et disparut dans la salle à manger.

Je réprimais un rire et sortis, elle n’avait qu’à penser ce qu’elle voulait. Aucune femme en vie ne pouvait me distraire lorsque je travaillais sur un dossier. J’étais concentré au possible.

De plus, j’étais déjà marié—avec la police de Chicago.

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