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Nul besoin d’un psychothérapeute pour savoir qu’on ne doit pas refouler la douleur. Qu’on ne se noie pas dans le travail, qu’on ne couche pas avec des journalistes qu’on n’aime pas, qu’on ne prend pas comme amie la première femme venue. Que le deuil demande un travail. Affaire banale de psychologie.
Afficher en entier… et je me vis : la quarantaine passée, employé d’édition, succès moyen et salaire moyen, voiture banale, appartement correct, pas de famille, pas de compagne attitrée, aucun changement en vue, ni en pire, ni en mieux.
Afficher en entierJe m'étais pris d'affection pour lui. Parce qu'il aimait l'Odyssée et qu'il jouait avec son texte. Parce que la lecture de son roman avait été ma première rencontre, et non la pire, avec la littérature populaire. Parce que sa fin ouverte, qui à vrai dire n'en était pas une, avait fait faire des cabrioles à mon imagination. Parce qu'on ne saurait s'occuper aussi longtemps de quelqu'un sans se prendre d'affection pour lui.
Ou le haïr. Même si je n'en étais pas là, sa façon de jouer, qui m'avait plu dans son roman, ne me plaisait plus dans ses lettres et dans ses articles. Avec la même légèreté que pour transformer les enfers en un rêve, la mer en un désert et Calypso aux belles boucles en plantureuse Kalinka, il faisait de la brutalité un principe éthique, de la famine imposée à Leningrad un acte chevaleresque, et de Beate séduite un tribut à la justice.
Allais-je continuer à m'occuper de lui ? Je continuais à vouloir savoir la fin du roman. Si nombreuses que fussent les histoires de soldats rentrant de la guerre que j'avais lues, si nombreuses aussi les suites que je pouvais imaginer aux rencontres du 38 Kleinmeyerstrasse, je n'en voulais pas moins savoir comment l'auteur avait raconté jusqu'au bout la rencontre. Peut-être était-ce un retour qui n'avait encore jamais été raconté, jamais été écrit, jamais encore été pensé. Peut-être était-ce le retour par excellence.
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