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Je le ferai, dès demain, mais à une condition. Elle s’était de nouveau approchée de lui, et les dernières lueurs du jour faisaient paraître son visage pâle et nettement dessiné comme un camée : — Vous viendrez avec moi. Il la regarda, et elle lui toucha le bras. — Je vous ai blessé, dit-elle doucement. Vraiment, je ne le voulais pas. Me pardonnez-vous ? — Bien sûr, Lianna. — Alors, venez avec moi. Un petit peu de temps, John Gordon... c’est tout ce que je vous demande. — D’accord, dit-il. Je viendrai. « Je viendrai, pensa-t-il avec fureur, et même s’il faut que je fasse ta conquête de nouveau, eh bien je le ferai si fort et si bien que tu en oublieras qu’il fut un temps où j’avais l’apparence d’un autre.
Afficher en entierNon, dit-elle très vite, le fixant de nouveau de ses yeux gris, avec un timide sourire. Ne pensez pas cela, je vous en prie. Si je vous voyais pour la première fois... je veux dire vraiment pour la première fois, je vous trouverais très attirant... Elle secoua la tête : — Je veux dire que je vous trouve réellement très attirant. Ce n’est pas cela. Mais il va falloir que j’apprenne de nouveau à vous connaître... C’est-à-dire, ajouta-t-elle sans le quitter des yeux, si vos sentiments n’ont pas changé. — Oh ! non, ils n’ont pas changé. Oh, non ! Et il posa ses mains sur ses épaules. Elle n’eut aucun mouvement de recul, mais ne vint pas non plus vers lui. Le regardant avec un sourire incertain, elle lui répéta ce que Zarth Arn lui avait déjà dit : — Soyez patient
Afficher en entierElle s’avança vers lui, fouillant son visage du regard comme pour y chercher un signe familier grâce auquel elle pourrait le reconnaître. Il désirait la prendre dans ses bras, la serrer contre lui, la sentir, l’embrasser avec toute la faim qu’il avait accumulée au cours de sa longue solitude, mais il n’osa pas. Il resta immobile, tout droit et misérable, tandis qu’elle approchait sans cesser de le dévisager. Puis elle s’immobilisa, baissa les yeux, se détourna légèrement ; sa bouche rouge tremblait, un peu incertaine
Afficher en entierElle a ignoré des messages répétés de Fomalhaut et, bien entendu, elle ne m’écoute pas. Maintenant que tu es là, j’espère que tu sauras te faire entendre d’elle. Dis-le-lui, Gordon. Dis-lui qu’elle doit rentrer chez elle. — Cela va mal ? — Cela va toujours mal lorsque le chef de l’Etat n’est pas là pour faire son travail. J’ignore si c’est grave, car elle n’a rien voulu me dire. Mais les messages de Fomalhaut étaient codés Urgent au début, et maintenant, c’est Impératif. Tu lui en parleras ? — Bien entendu, répondit Gordon. Au fond, il était heureux que ces nouveaux soucis l’empêchent de trop penser à son problème personnel. — Parfait, dit Zarth Arn en le prenant par le bras. Prends courage, ami, et n’oublie pas que je lui ai décrit ton corps. Elle ne s’attend pas à voir un Apollon. Il regarda Gordon de telle façon que ce dernier ne put réprimer un sourire
Afficher en entierJe pense que j’aurais encore besoin d’un verre de ce stimulant. Lex Vel le regarda un instant, puis lui apporta ce qu’il demandait. Gordon venait de finir son verre lorsque Zarth Arn entra ; il se dirigea immédiatement vers eux. — Que se passe-t-il ? — Je ne sais pas, dit Lex Vel. Tout semblait aller très bien, puis tout à coup... Zarth Arn regarda Gordon avec un sourire amical : — Laisse-moi deviner. C’est Lianna, n’est-ce pas ? Gordon fit un signe affirmatif : — Je viens de me rendre compte qu’elle allait me voir pour la première fois... moi, un inconnu. — Elle y est préparée. Souviens-toi que j’ai pu lui décrire ton apparence, et elle me l’a demandé au moins dix mille fois
Afficher en entierLorsqu’il se réveilla, la lumière était moins vive et les ombres s’étaient allongées. Il se sentait frais et dispos. Zarth Arn n’était pas là, mais Lex Vel l’examina rapidement et lui montra des vêtements qui avaient été posés sur une chaise. Gordon se leva et s’habilla. Au début ses jambes tremblaient mais il recouvra rapidement ses forces. Le costume était de cette étoffe soyeuse qu’il connaissait bien : une chemise sans manches, un pantalon d’une couleur chaude et cuivrée, et une cape du même tissu. Il se regarda dans un miroir pour ajuster la cape ; il ne s’était jamais vu dans cet attirail, qui lui avait paru parfaitement naturel sur le corps de Zarth Arn mais qui le faisait sourire maintenant, comme s’il se déguisait pour un bal costumé
Afficher en entierQu’en pensez-vous, Lex Vel ?... Gordon, je te présente le fils de Vel Quen... Il a remplacé son père auprès de moi. Sans lui, je n’aurais jamais pu résoudre tous les problèmes qui ont failli nous rendre fous depuis le temps où tu es rentré chez toi. — Point de fausse modestie, dit Lex Vel. C’est vrai. Il serra chaudement la main de Gordon : — Et la réponse à votre demande est : non, pas encore. Reposez-vous encore un certain temps et nous en reparlerons. Gordon se recoucha à regret. Zarth Arn lui dit : — Tu verras d’ici peu l’accueil que Throon te réserve, Gordon. Mon frère Jhal est une des rares personnes qui connaissent toute l’histoire, et il sait tout ce que tu as fait pour nous. Nous ne pourrons jamais suffisamment te récompenser ; ne crois pas que nous ayons oublié
Afficher en entierIls burent un verre ensemble pour fêter l’occasion, et ce soir-là Gordon s’offrit un repas royal puis alla au spectacle, tout heureux et ne cessant de se répéter combien il l’était. En rentrant chez lui, il évita soigneusement de regarder les étoiles innombrables dont le ciel était empli. Il alla se coucher. A 2 h 43 du matin, le téléphone du Dr Keogh sonna, le tirant de son sommeil. Il décrocha. Ce qu’il entendit le fit sursauter ; il était complètement éveillé maintenant : — Gordon ! Que se passe-t-il ? La voix de Gordon était tremblante et affolée : — Ça recommence ! Zarth Arn ! Il m’a parlé ! Il a dit... il a dit que tout était prêt pour me transporter là-bas ! Et aussi que Lianna m’attendait... Docteur... Docteur... ! Et ce fut tout
Afficher en entierLianna était particulièrement facile à expliquer. Elle était la créature de rêve, à jamais inaccessible, et, en transférant ses désirs sur elle, il était délivré du besoin de mériter l’amour des jeunes femmes qui l’entouraient. Keogh lui fit remarquer qu’il devait avoir peur des femmes. Gordon pensait simplement qu’elles l’ennuyaient, mais comme le Dr Keogh devait connaître son subconscient mieux que lui-même, il admit sans broncher son explication. Peu à peu, au fil des semaines, le rêve perdit de son éclat. Keogh, lui, était enthousiasmé. Il aimait beaucoup Gordon, qui était un patient d’un esprit de coopération rarissime, et il avait réuni nombre de matériaux dont il comptait bien se servir dans des articles et conférences qui feraient sensation
Afficher en entierGordon leva les yeux sur lui. — J’ai parlé d’un échange. C’était là le but de toute l’opération. Zarth Arn désirait explorer le passé ; il l’avait déjà fait de nombreuses fois. Simplement, dans mon cas, il y a eu des complications. — Ce... Zarth habitait donc votre corps ? — Oui. — Il a donc fait votre travail à votre place... — Non, pas exactement. Lorsque je suis revenu, mon patron m’a dit qu’il était heureux de me voir guéri. Zarth Arn avait sans doute trouvé cette excuse pour ne pas risquer de commettre une bévue irréparable. Moi, je n’avais pas cette possibilité
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