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« — Lâchez-moi ! ordonna-t-elle.
Peut-être ne se rendait-elle pas compte à quel point il lui aurait été facile de la faire changer d’avis. Il aurait suffi de quelques caresses…
Mais la loyauté l’empêcha d’avoir recours à ce moyen.
Avec regret, il la reposa sur le sol.
— Je ne prendrai pas par force ce que vous ne m’accordez pas de votre plein gré, promit-il.
Ce qui ne voulait pas dire qu’il abandonnait la partie… Oh non !
— Mais retenez bien ceci, Cristiana de Domhnaill : je ne vous traiterai plus jamais comme une innocente jeune fille. Vous êtes une femme, vous avez l’expérience de l’amour. Je ne l’oublierai pas. La prochaine fois que nous nous rencontrerons dans un corridor isolé, prenez garde. Si je pose de nouveau la main sur vous, j’userai de tout mon savoir pour que vous me suppliiez d’en faire davantage !
Elle ouvrit la bouche pour répliquer puis se ravisa et se précipita dans sa chambre.
Duncan ne fut pas étonné de l’entendre pousser les verrous. »
Afficher en entierCristiana se débattait encore, avec l’impression de sentir un piège se refermer peu à peu sur elle. Elle ne pouvait pas épouser Duncan, bien entendu. Et pourtant, ce ton de connivence qu’il avait adopté, comme s’ils avaient partagé des secrets, des confidences, semblait vouloir la persuader du contraire.Elle s’éclaircit la gorge.
— Beaucoup de choses ont changé en cinq ans, lui rappela-t-elle, espérant le décourager.Pour être franche, elle craignait encore plus les mouvements aventureux de ses mains que ses chuchotements de conspirateur.
— Je ne suis plus un si bon parti, vous savez. Je… je ne suis plus la jeune fille d’antan.
Afficher en entierAu-dessus d’eux, le vieux garde avait disparu. Après quelques instants, ce fut un nouveau visage qui apparut à travers le voile dansant des flocons. Une silhouette se pencha à la fenêtre de la tour de garde, déployant une coulée de longs cheveux roux et d’écharpes de soie mordorée. Le bonnet de fourrure qu’elle portait sur la tête n’arrivait pas à contenir cette forêt de boucles indomptées dans laquelle jouait la bise glacée.
La dame des lieux en personne.
Cristiana de Domhnaill l’accueillit sans l’ombre d’un sourire.
— Si vous voulez vraiment être reçu céans, il vous faudra déposer toutes vos armes, messire, ordonna-t-elle d’une voix brève. Jusqu’à la dernière flèche et au plus petit couteau.
Le ton était sec et péremptoire. De toute évidence, elle était habituée à se faire obéir.
— Et même alors, ne vous attendez pas à être reçu céans à bras ouverts. Nous n’aimons pas les parjures, ici, ajouta-t-elle avec dédain.
Duncan inclina le buste sur sa selle, exercice difficile étant donné la raideur de ses membres. Ce n’était pas une feinte, il était réellement gelé jusqu’à la moelle et ses hommes ne valaient pas mieux.
— Vous me semblez en excellente santé, milady. Permettez-moi de m’en réjouir.
Une ombre de sourire incurva ses lèvres.
— Je suis sûr que votre hospitalité sera à la mesure de votre cœur miséricordieux.
— Je vois que nous nous comprenons ! ironisa la jeune femme. Je vais faire abaisser le pont-levis. Mais rappelez-vous nos conventions, messire ! Vous devrez attendre que mes hommes vous aient tous désarmés avant d’y poser le pied. Me suis-je bien fait comprendre ?
Il s’inclina derechef.
— Parfaitement, milady. Et j’accepte vos conditions.
— Très bien. Levez la herse et abaissez le pont ! cria-t-elle à l’intention de ses sentinelles.
A peine eut-elle prononcé ces mots que le mécanisme émit un craquement sonore tandis que les énormes poulies se mettaient à gémir en signe de protestation.
La claire voix féminine s’éleva de nouveau au-dessus des voyageurs.
— Nous avons prévu de souper tard pour fêter le nouvel an et vous pouvez vous joindre à nous. J’ai des invités au château, messire. Et vous pouvez les remercier ! Je ne vous ouvrirais pas mes portes si je ne craignais de passer pour peu charitable à leurs yeux.
Elle disparut dans un envol de voiles dorés et de boucles ardentes.
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