Le rituel du sicilien, Tome 1

Comment ne pas m’être rendu compte que Salba était un homme froid et dépourvu de sentiments ? Je ne voulais entrevoir dans ses yeux qu’une forme de tendresse, je ne voulais sentir que ses mains sur moi, son corps contre le mien, sa bouche qui prenait mes lèvres. Salba était dur, intransigeant, inflexible, il n’avait aucune pitié, aucune conscience, malgré tout, je l’aimais. Ce soir, tout était perdu, je n’avais plus le courage d’affronter cette révoltante existence. On m’avait séparée de Norbert, Salbachini venait de me détruire, cependant, je n’avais pas la force de vivre sans lui.

Je faisais de sérieux efforts pour me remettre sur mes pieds, je me tenais au mur pour aller dans la cuisine. Il fallait en finir coûte que coûte, j’avais la fièvre, mais ce n’était pas elle qui allait m’emporter.

Dans l’armoire à pharmacie, il n’y avait pas grand-chose, pourtant auprès des aspirines, je trouvais de vieux antibiotiques qui appartenaient aux anciens locataires. J’allais tout avaler, la pénicilline, les aspirines, les comprimés antidouleur, ensuite il me faudrait croiser les doigts, espérer m’endormir très vite et surtout ne jamais me réveiller.

Je buvais beaucoup d’eau, je me tenais le ventre. Qu’arrivait-il ? J’avais l’impression de saigner. Mais, quelle importance ! J’allais mourir en appelant Salba, en lui disant mon amour et en priant le ciel de le retrouver très vite dans un coin sombre du paradis.