Extraits

Son esprit redevint clair. Mais son corps continuait à le trahir.

Non, décida Xandrès, il était irréaliste de penser qu’Hephaïstos, à lui tout seul, pouvait renverser le nouveau roi. Son cœur se serra à la pensée que le général pouvait bien être mort à l’heure qu’il était, exécuté par l’usurpateur.

À moins qu’il n’ait fait allégeance, ce qui lui garantissait la vie sauve. Xandrès l’espéra. Il préférait voir Hephaïstos servir son ennemi que de le voir mort, même si cela signifiait qu’il trahissait son ancien roi qu’il appelait son ami.

— J’ai peur de mourir, dit-il. Je sais que je vais rejoindre les dieux, mais j’ai peur que mon âme soit jugée impure.

— À cause de tes penchants ?

— Oui. La déesse me pardonnera, car le sexe est sacré pour elle, que ce soit entre homme et femme ou entre hommes. Elle a les prostitués sacrés pour lui rendre hommage. Mais les autres dieux me condamneront.

— Tu as eu beaucoup d’amants ? demanda Xandrès, curieux. Beaucoup d’hommes t’ont-ils traité comme une femme ?

Mehret eut un rire sans joie.

— Plus que je ne peux compter, dit-il. Puisque je vais mourir, je peux te le confier. Je suis un homme mauvais. Je le sais depuis que j’ai quinze ans.

Il comprit en cet instant combien la douce Helena avait dû souffrir en voyant son mari la tromper non pas avec des maîtresses – Xandrès n’en avait jamais pris -, mais avec un esclave-femme, un homme-femme, avec qui il passait nombre de ses nuits.

Il aurait dû comprendre que quelque chose se tramait. Il avait été aveugle, et aujourd’hui, il allait en payer le prix. Il s’était attendu à mourir, puis à croupir dans une geôle pour le restant de ses jours. À présent, il comprenait que Enantios lui réservait un sort bien plus cruel, qui lui ôtait tout espoir de reprendre un jour le pouvoir. Il allait l’humilier au-delà de toute expression, le réduire à la plus basse forme d’esclavage qui soit.