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C’est ainsi que ça se déroule en mer. Une vie brutale et implacable, remplie d’une cruauté vaine et infinie qui n’est jamais récompensée.
Afficher en entier- Longue vie à la Dévoreuse de Prince!
Cela ne prend que quelques secondes. La Reine des Mers tend le bras autant que possible, et quand elle ne peut aller plus haut, le trident continue à monter sans elle. Il flotte dans les airs au dessus de sa tête, et se met à tournoyer rapidement, l'éclat du rubis en son centre semble se transformer en un rayon lumineux, qui nous aveugle tous. Il s'arrête aussi vite qu'il a commencé.
Lira me pousse en arrière. Je retombe sur le dos, juste à temps pour éviter que l'éclair ne me frappe. C'est comme si la foudre, naissant du coeur du trident, venait de s'abattre en plein sur la poitrine de la princesse des mers, et d'exploser.
La jeune fille est à genoux et ses bras s'ouvrent en croix.
Un cri inhumain s'élève de sa gorge. Tout à coup, Kye est à mes côtés, et il me retient brutalement la main. C'est à ce moment que je réalise que je me suis penché en avant. S'il ne m'en avait pas empêché, je me serai précipité vers elle. Et quand bien même il est en train de me broyer les os du poignet, je ne peux me détacher d'elle.
La lumière continue de l'envelopper dans un halo qui se répand dans tout son corps, même si, à bout de souffle, elle n'arrive plus à crier. Elle convulse, raide et tremblante à la fois. Ses pupilles se révulsent, puis se ferment, j'entends presque ses dents grincer. Tout le monde s'est interrompu. Mon équipage s'est immobilisé, horrifié. Les sirènes, elles, observent la scène avec ferveur et admiration. Certaines laissent s'échapper des respirations mélodieuses, exultent d'anticipation, les mâchoires ouvertes, voraces. D'autres ont l'air d'être plus dubitatives, les yeux réduits à de simples fentes, les crocs serrés et soulevant le coin de leurs lèvres. La sirène de tout à l'heur, que Lira avait appelée Kahlia, ne manque pas le moindre soubresaut. Quand le cou de sa cousine craque, elle pâlit.
La reine, elle, salive, l'eau à la bouche.
Sur la glace défoncée, les jambes de Lira fusionnent. Sa peau fond et se mélange jusqu'à ce que des écailles apparaissent sur ses anciens pieds en train de disparaître. Les éclats irisés remontent jusqu'à la taille. Ils sont d'une couleur que je n'avais jamais vu. Les écailles ont le reflet d'une infinité de nuances d'orange, comme si le soleil levant était retenu prisonnier dans celles-ci. Elles se fondent dans son abdomen humain au niveau de ses hanches, juste en dessous de la courbes de son nombril.
Au dessus, sa peau commence à pâlir.
Cela débute au niveau de ses côtes avant de se répandre au reste de son corps comme une vague qui la recouvre. A force, elle ne peut plus blanchir, cela semble impossible, et son épiderme se met désormais à luire. C'est de la lumière liquide qui dégringole le long des ses membres et sur sa poitrine. Elle roule en suivant la nouvelle ligne délicate de ses clavicules. Ses cheveux se relâchent et tombent en cascade sur ses épaules, tels de colliers de graines de grenade. Elle chute à la renverse, les bras toujours étendus, et la neige se disperse autour d'elle pour finir de lui donner une allure d'ange.
Elle s'arc-boute, savourant le froid du givre sur son corps, écartant grand ses branchies qui parcourent son torse à chaque mouvement. Elle se love d'un côté, faisant face en parte à l'eau, en partie à moi. Elle reste allongée un moment, sans bouger. Les paupières closes, blottie dans le manteau blanc, au sol. Celui-ci a l'air d'imiter la couleur de sa peau. Son visage semble tout aussi humain qu'auparavant. Ce spectacle me fait sentir étrangement calme.
C'est alors que Lira rouvre les yeux. e je m'aperçois qu'un côté seul des est bleu comme quand elle était à bord du Saad.
L'autre est un brasier rouge ardent, digne du pire des enfers.
Afficher en entierLe prince se retourne, et ne cesse de cligner des yeux alors qu'il parcourt mon visage. Ses lèvres sont tendues et ne forment qu'une mince ligne quand il remarque des égratignures sur mes joues. Je suis couverte de sang, en bonne partie le mien, mais une bonne partie aussi qui ne m'appartient pas.
- qu'est-ce que tu fais ici?
Il hausse les épaules.
- Ce que je fais de mieux.
- Me taper sur les nerfs?
- Te sauver, me répondit-il.
Il ramasse son épée.
- C'est la seconde fois. Mais je ne tiens pas les comptes.
Afficher en entierJ'ai l'impression que c'est la pire des choses que j'ai jamais faite, et la meilleure que je puisse jamais faire. C'est si curieux que les deux se confondent. C'est tellement étrange. Ce n'est pas moi qui lui ai dérobé son cœur. En cet instant précis, j'espère qu'il va prendre le mien.
Afficher en entierJe possède un coeur pour chaque année que j’ai vécue.
Dix-sept. Ils sont tous enfouis dans le sol de ma chambre. De temps à autre, je creuse à travers le sable pour vérifier qu’ils sont toujours là. Enterrés profondément, en sûreté, sanguinolents. Je les compte un à un pour m’assurer qu’il n’en manque aucun, au cas où quelqu’un serait venu me les voler durant la nuit. Ce n’est pas une crainte si farfelue que ça. Les cœurs sont une source de pouvoir. Et il n’y a qu’une chose que mes semblables désirent plus que l’océan, c’est le pouvoir.
Afficher en entierElian sort alors de sa poche une petite fiole ornée.
- C'est peut-être moins astucieux, mais pas moins fourbe pour autant.
- Du poison ? Tu te balades avec ça en prévision de ton futur mariage ?
Pour un tueur, il semble assez blessé par ce que je viens de suggérer. Il fait une pause, et me regarde, souriant à moitié.
- Et non, ce n'est pas pour ma femme. Sauf si c'était toi.
- Si je devais t'épouser, je boirais cette fiole par moi-même.
Afficher en entierJe m’étreins la poitrine, toutes griffes dehors, dans l’intention de faire sortir ce qui peut bien se trouver là-dessous. Le libérer. Je ne sais pas ce que c’est, mais cette chose est à l’étroit là-dedans, prisonnière, enfermée, elle se débat furieusement afin d’être relâchée.
À travers la tourmente, j’entends la voix de ma mère.
— Si tu es bien la redoutable et toute-puissante Dévoreuse de Princes, tu ne devrais pas avoir de mal à voler le cœur de ta prochaine proie sans ta voix et sans ton chant.
Je tâche de m’agripper à la conscience, mais l’océan m’étouffe. Le sel et le sang m’écorchent la gorge jusqu’à ce que je ne puisse plus rien faire, si ce n’est me débattre pour essayer de respirer. Je m’accroche. Je n’ai aucune idée de ce qui pourrait se passer si je fermais les yeux. Je ne sais pas si je pourrais les ouvrir de nouveau.
— Si tu veux revenir parmi nous, gronde la Reine des Mers, rapporte moi son cœur avant le solstice.
Afficher en entier- On ne gagne pas une guerre en courant.
- On ne gagne jamais une guerre. Ce n'est que l'autre qui la perd.
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Afficher en entier- Il faut que tu sois consciente aussi, dis-je à Lira, que si tu me mens, je pourrais être tenté de te tuer.
[...]
- À moins que je ne te tue en premier.
Afficher en entier- Tu sais, me dit-il en approchant de la cellule. Je crois que je t aime bien. Le fait est qu il y a une différence entre apprécier quelqu un et lui faire confiance.
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