Le Royaume du Nord, Tome 5 : L'Angélus du soir
Auteur
- Bernard Clavel (Écrivain)
Classement en biblio - 51 lecteurs
extrait
Bergère va de son pas tranquille sur le chemin rectiligne qui mène de Saint-Georges-d’Harricana jusqu’à Val Cadieu. Les six grelots qui luisent en haut de son collier tintent régulier. Assis jambes ballantes à l’avant du char à deux roues, Cyrille Labrèche déplace d’un coup de langue un mégot éteint tout huileux ; il le fait aller au coin de sa bouche et lance :
- Allez hue!
La jument ne s’énerve pas. Elle creuse légèrement les reins et tend un peu plus le col. Sa large croupe pommelée se gonfle et ondoie sous le poil lustré. Durant une centaine de pas, la voiture cahote un peu plus fort sur l’alternance d’herbes encore brunies par le gel et de fondrières gluantes où les ornières retiennent de longs traits de glace spongieuse.
C’est la deuxième quinzaine de mai. Des traces de neige s’accrochent au revers des talus comme dans les quartiers les plus sombres de la forêt. Dans les creux et les fossés, aux endroits où les ruisseaux ne courent pas, la glace demeure. Ses bords dentelés découvrent lentement les eaux noires où les feuilles mortes sont intactes. Les talus suintent. Sous les mousses et les herbes pourries dont chaque poil porte sa goutte de sueur, pointent les premiers brins d’un vert presque diaphane. Sortis de l’édredon des lichens, les premiers moucherons tournoient dans la lumière vernissée.
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Livres très différent des précédents mais toujours aussi beau dans sa description de la vie dans le grand nord.
Plus emprunt de tristesse et de désespoir...
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Date de sortie
Le Royaume du Nord, Tome 5 : L'Angélus du soir
- France : 1999-01-04 - Poche (Français)
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Résumé
Le temps et les hommes passent sur le Royaume du Nord... À Val Cadieu, le long de la rivière Harricana, tous sont morts ou partis. Koliare, l'Ukrainien, les Garneau... Il ne reste plus que le vieux Cyrille Labrèche. Seul avec son cheval. Tel un forcené, il travaille. Avec fièvre. Jusqu'au bout de ses forces. Il songe aux autres. À ceux qui ont fui. Il les maudit mais sait qu'après la terrible crise dont il se fait le prophète, ils reviendront. En attendant, il garde leurs terres, avec une intégrité de bête sauvage. Il en défriche de nouvelles. Encore. Et toujours. Jusqu'au délire. Et dans la nuit qui hurle, il voudra, dernière folie, sonner l'angélus pour ce peuple de fantômes qui a déserté l'église, navire perdu dans une tempête qui l'engloutira.
Dans ce tête-à-tête pathétique d'un homme et d'un cheval, Bernard Clavel retrouve la force des grands récits épiques, la vérité profonde des mythes les plus simples : la terre, la mort, le dernier homme, l'infracassable nature, le courage et par-dessus tout, l'espoir. Il nous prend comme une mer que rien n'arrête.
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