Le sans-papiers
Auteur
- Lawrence Hill (Écrivain)
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extrait
Keita avait étudié des cartes géographiques et compris que le Zantoroland, qui n’avait que 100 kilomètres de long et 80 de large, ne représentait qu’un point minuscule dans la mer d’Ortiz, adjacente à l’océan Indien. L’Afrique, à l’ouest, et l’Australie, à l’est, étaient trop éloignées pour être visibles, mais Keita savait qu’elles étaient là. En portant son regard plus bas, vers la rue Blossom, Keita apercevait le port et les eaux de la mer d’Ortiz. Vers le nord, une nappe d’eau de 1 500 kilomètres s’étendait jusqu’à Libertude. Comme tous les écoliers, Keita était au courant que ce pays avait réduit en esclavage des Zantorolandais pendant environ deux siècles et qu’après l’abolition de l’esclavage, il avait renvoyé la plupart des Noirs au Zantoroland. Depuis, des Zantorolandais aventureux avaient bravé la mer d’Ortiz dans des bateaux de pêche, essayant, au péril de leur vie, de retourner à Libertude, l’un des pays les plus riches au monde.
Keita traversa le quartier faloo, où toutes les maisons se ressemblaient : des boîtes d’allumettes de deux pièces, violettes, roses, vertes ou bleues, avec des jardins et des marches d’entrée en pierre bien balayées à l’avant, des cabinets d’aisances et des lieux de sépulture à l’arrière. Il descendit en joggant la pente douce de la rue Blossom qui menait au cœur de la ville. Vas-y doucement, lui disait toujours son père. Les courses ne doivent pas toutes causer de la douleur. Certaines ne doivent servir qu’à savourer le travail de tes membres, la respiration de tes poumons et les battements de ton cœur.
La rue s’aplanissait ensuite, et la chaussée goudronnée se terminait à l’orée du quartier le plus densément peuplé, où les Kanos vivaient dans des maisons en pisé coiffées de toits de tôle ondulée. Les rues y étaient étroites, boueuses et garnies de nids-de-poule, et donc dangereuses pour la course.
« Nous n’avons pas grand-chose, mais pour ceux qui n’ont vraiment rien, courir est symbole de privilège », avait dit Yoyo cent fois.
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Résumé
À la suite de l’immense succès d’Aminata, Lawrence Hill revient en force avec Le Sans-papiers. Identité, appartenance et exclusion sont des sujets au cœur de son univers romanesque. Avec Le Sans-papiers, il s’intéresse au sort des migrants venus des pays pauvres chercher asile dans les pays riches.
Ce roman raconte l’histoire de Keita Ali, un jeune coureur clandestin qui lutte pour survivre dans un pays qui ne veut pas de lui. Le roman se déroule en 2018, dans deux pays fictifs : Libertude et le Zantoroland.
Menacé de mort au Zantoroland, Keita se réfugie à Libertude, pays prospère où des politiciens mènent une chasse sans merci aux sans-papiers. Toujours aux aguets, il doit se méfier de tous ceux qui croisent sa route. Mais il y a pire encore : sa famille est en danger, et il est le seul à pouvoir la sauver. Il lui faut gagner des courses, gagner de l’argent. Vite. Il court pour elle, il court pour sa survie. Il court.
Mené à vive allure, Le Sans-papiers nous plonge dans un suspense palpitant, construit sur un entrelacement de voix et de destins, avec en toile de fond le portrait d’une société en crise minée par la corruption et divisée sur des questions d’immigration et d’exclusion. Lawrence Hill dépeint avec acuité les conditions de vie de tous les Keita de ce monde, de tous ces sans-papiers, ces oubliés qui vivent parmi nous.
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