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Sur quoi, il saisit une lance jusque-là posée contre le mur d'entrée et se dirigea vers les escaliers.
Voyant Ryuchi se focaliser sur leur meneur, le moine désarmé se jeta soudain sur lui en criant, les mains tendues vers son cou. Mais le jeune élève de l'école Yoshioka ne lui laissa pas le temps de le saisir et lui fendit le crâne d'une coup sec, regardant son corps sans vie tomber à ses pieds. Il ne restait à présent plus qu'un seul adversaire.
Le dernier moine en kedsa noir était à présent sur le palier en bois jonché de cadavres. Beaucoup de sang s'était déjà écoulé sur le plancher et des gouttes vermeilles tombaient à intervalles réguliers dans les réservoirs d'eau situés en bas, en une multitude de cliquetis funestes et déroutants.
Afficher en entierArrivé sur le seuil du troisième étage, Tomotake quitta enfin les escaliers et s'engouffra dans un long couloir recouvert d'un parquet de lattes noires parsemé de portes coulissantes. Il ne s'était pas trompé. Il se trouvait bien là devant le dortoir des moines.
Comme on le lui avait indiqué, il s'arrêta bientôt devant une porte marquée d'un triangle inversé entouré d'un cercle ; la cellule qui avait hébergée le jeune Murata Sakamoto. Frappant doucement dessus, il demanda à entrer.
Quelques secondes plus tard, la porte coulissa sur le côté, laissant apparaître devant lui un moine vêtu d'un kesa orangé. Sur son front, le même symbole était tatoué à l'encre noire, et à son cou, un collier en perles de bambou pendait jusqu'à sa poitrine.
Afficher en entierDans le vent qui balayait la plaine, la scène se figea soudain, les gardes cessant d'avancer et leur supérieur de crier. Le temps paraissait s'être arrêté. Les adversaires se dévisageaient sans bruit, se préparant à toute éventualité, chacun cherchant à repérer les failles dans la posture de l'autre. Mais celles de Tomotake et de Ryuchi étaient parfaites, alliant à la fois l'attaque et la défense, ne laissant aucun brèche pour leurs assaillants. Toutefois, aucun garde ne sembla le remarquer, trop peu éduqués et entraînés à l'art du sabre pour se rendre compte qu'ils se trouvaient là face à de puissants combattants, des samouraïs redoutables qui ne leur pardonneraient aucune erreur.
Afficher en entierComme l'avait prévu l'aubergiste, la cime du château de Kosuke se dévoila moins d'une heure après leur sortie des bois. A mesure qu'ils s'approchaient de la cité, ils rencontraient de plus en plus de monde : des paysans travaillant leur champ, des vendeurs ambulants tirant de petites charrettes à deux roues, ainsi que des samouraïs errants qui regardaient d'un œil intrigué l'imposant barbare assis à côté de Yoshimura.
Lorsque la charrue passa la grande porte double battant de la cité, le tenancier guida un moment son cheval au milieu de la foule agitée qui entrait et sortait de la ville, puis s'arrêta devant un magasin de poterie qui lui était familier
Afficher en entierQuatre nouvelles heures furent néanmoins nécessaires pour qu'il parvienne à se rapprocher suffisamment du rivage. Plus il ramait et plus il voyait les imposantes falaises recouvrir progressivement le paysage.
Lorsqu'il arriva enfin à proximité des récifs qui les devançaient, il fut impressionné par la hauteur incroyable de ces escarpements façonnés par le temps et par les vagues. On aurait dit qu'une gigantesque montagne avait jadis été coupé en deux, et qu'il ne restait plus là qu'un seul de ses deux versants. Il avait sous les yeux un mur d'une verticalité sans faille, qui lui cachait presque le ciel et ce qui se trouvait au-delà. Sa pierre, froide et luminescente, paraissait indestructible. Il avait hâte de pouvoir amarrer et de grimper tout en haut afin de voir ce qui pouvait s'y trouver.
Afficher en entier- Avez-vous vu dernièrement des adeptes du Lotus Noir ? demanda-t-il.
- Ils sont dans la montagne, répondit le vieil homme. On raconte que leur repère se trouve dans un gouffre ténébreux, non loin de la passe de Sumiyoshi, juste derrière la haute crête enneigée qui nous sépare des terres sauvages de l'Est. Mais dernièrement ils sont redescendus dans la vallée, tout près d'ici. Pourquoi pensez-vous que le village Kobotoke soit devenu inaccessible. Vous avez vu les pancartes, non ?
- Oui. L'une d'elles disait que le village était atteint d'une pandémie.
- Mensonge ! s'emporta le vieil homme. Je les ai vus… J'ai tout vu… C'est arrivé une nuit, il y a cinq jours de cela. Des cris m'ont tout d'abord réveillé. Je suis alors parti vers le village voir ce qu'il s'y tramait. Et là j'ai vu ce qui l'a dévasté. Pas une maladie, vous pouvez me croire… Des hommes ténébreux, aux armures noires et écarlates, arborant à même la peau le sigle du Lotus Noir. Ils étaient accompagnés de créatures démoniaques, des monstres à la peau translucide sans os ni veine, affublés d'une longue chevelure blanche et de pupilles scintillantes, presque irréelles.
- Des démons du Dessous…
Afficher en entierUn vent glacial parcourait la vaste étendue de neige recouverte de corps inertes, de casques fendus, de lames brisées, et de taches de sang vermeil figées par le froid. Après de longues heures de combat, les clameurs de la bataille s’étaient enfin tues, emmenant avec elles les cris de guerre et le fracas des armes. Le soleil morne et pâle du Grand Nord teintait à présent la plaine de reflets morbides, et un silence pesant survolait les armures immobiles des milliers de morts étalés sur la glace. Seul le vent se faisait encore entendre, lançant par moment des bourrasques givrantes qui venaient faire remuer les morts tels des pantins désarticulés.
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