Extraits

Quoi qu’il advienne désormais, nos destins étaient liés, et nous ne pouvions plus reculer. Les petites lumières apparurent comme par enchantement autour de nous. Déjà les formes sombres s’avançaient. Je saisis le pentagramme dans ma poche tandis que Louis leur jetait de l’ail. Hélas, rien ne paraissait les ralentir… C’est alors que Petit-Loup s’interposa. D’un bond souple, il se glissa entre les sorcières et nous. Ses yeux luisaient dans la nuit comme deux éclats de lune. La forêt tout entière s’immobilisa, suspendue à une seconde d’éternité. L’animal leva la tête et poussa un long hurlement. Il se produisit alors un phénomène inattendu. L’une des silhouettes sortit de l’ombre. Dans la clarté lunaire, sa chevelure fauve prit une teinte argentée.

Je courais depuis cinq bonnes minutes lorsque j’entendis des voix qui m’appelaient. Interloqués par mon brusque départ, Louis et Zoé s’étaient lancés à ma poursuite. Je réalisai alors que le paysage autour de moi avait changé et que j’étais en train de m’enfoncer dans la forêt. Petit-Loup ayant disparu derrière un bosquet sombre, je décidai de stopper ma course afin de laisser mes camarades me rejoindre. Hors d’haleine, Zoé se laissa tomber à terre tandis que Louis se débattait avec sa cape restée partiellement accrochée à un buisson épineux.

— Comment peux-tu galoper aussi vite avec un costume de fantôme ? C’est diabolique, on dirait que tu voles ! J’espère pour toi que tu as une bonne raison de m’entraîner dans les bois le soir d’Halloween !

À ces mots, Zoé frissonna, observant avec appréhension le ciel et les ombres fantomatiques des arbres dressés vers le ciel.

— Hum… en plus, c’est la pleine lune. Je crois qu’il est temps de faire demi-tour. Cet animal de malheur n’a pas besoin de nous pour retrouver sa route.

Mes amis avaient raison : pourquoi donc avais-je voulu poursuivre Petit-Loup à tout prix ? Nous allions rebrousser chemin lorsqu’un bruit inattendu nous coupa dans notre élan. Notre sang se figea alors dans nos veines.