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Alors que le sommeil m'emporte, je sens quelqu'un remonter ma couverture et me border.

- Bonne nuit, jolie voyeuse...

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J'ignore ce qui me prend. Moi qui ne suis pas bien courageuse, et qui surtout n'ai jamais pensé qu'à moi-même, je quitte la protection relative du bastingage et m'avance en titubant, comme dans un rêve, vers le dragon qui peine à s'extirper du navire.

En passant près d'un Torga pétrifié, je me baisse et saisis son poignard par le manche et accélère avant qu'il ne m'empêche de faire ce que je vais faire.

Kaïwan Até n'a jamais été vaincu, mais les hommes de ce monde ne connaissent pas l'histoire d'Héraclès. Moi si.

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Soudain, j’ai comme une intuition. Vous savez, le genre de sentiment désagréable qui vous intime, par exemple, de lever les yeux vers le ciel.

Lorsque mon regard se pose sur l’horizon, derrière moi, je découvre une chose horrifiante, impossible.

Une énorme lune bleue, avec des anneaux semblables à ceux de Saturne, occupe une bonne partie du ciel.

Je dois me rendre à l’évidence. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis plus sur Terre. J’ai été téléportée vers un autre monde.

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PAGE 17

LA TRAPPE S OUVRE EN GRINCANT SUR LE GRENIER ENTENEBRE . JE GRIMACE EN RESPIRANT L'ATMOSPHERE POUSSIEREUSE DE LA PIECE ET EXPIRE PROFEDEMENT AVANT DE M AVENTURER A L INTERIEUR . JE DETESTE CE GENRE D ENDROIT . CA A LE DON DE ME METTRE LA CHAIR DE POULE .

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J'ouvre la bouche pour la première fois, faisant sursauter Laena, à ma grande satisfaction. Quand le premier mot sort, je réalise, à ma grande surprise, que je ne parle pas le français, mais bien le dialecte local.

— Je ne descendrai point de mon perchoir, ne vous en déplaise. Je n'ai guère d'estime pour vos cordes vocales, et les miennes se portent à merveille. Quant à toi, la brunasse, va ramasser les déjections de tes bestioles, tu n'as l'air bonne qu'à ça.

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« -Je crois que je ne vais pas apprécier ce voyage, gémit-elle en s’affalant sur son lit.

Je pense, non sans mesquinerie : Ça nous fera des vacances !

Parfois, j’ai honte de moi. Mais pas cette fois-ci. »

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« La cérémonie était sur le point de commencer. Les quatorze Sages avaient pris place dans la salle, dans un demi-cercle parfait, et s’étaient figés, attendant patiemment qu’on leur rende leur maître. Le silence régnait, les torches brûlaient, accrochées aux parois rocheuses. Les dalles au sol miroitaient sous l’éclat des flammes qui ne parvenaient pas à désacraliser l’atmosphère solennelle qui dominait.

Noyau du demi-cercle formé par les titans, une étendue d’eau argentée disparaissait sous la roche du fond de la caverne.

La jeune femme se sentait comme une brindille parmi des arbres. Elle se tenait bien droite, en dehors du cercle, face au lac opaque.

Ses mains serraient précieusement la petite fiole de verre contre sa poitrine. Elle savait qu’elle n’avait pas une minute à perdre. Elle savait qu’elle tenait littéralement l’avenir d’une civilisation entière entre ses mains.

Pourtant, elle était pétrifiée. Elle n’avait que dix-huit étés. Toute sa vie, elle avait été préparée à ce moment particulier. Toute sa vie, elle avait su que cet instant viendrait.

Elle se redressa de toute sa hauteur, le regard fier. Elle était l’Élue. Elle avait l’honneur et le privilège d’être née au bon moment.

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Je ne baisserai pas les bras. Je n'abandonnerai pas. Je suis peut-être égocentrique et égoïste, mais j'ai au moins une qualité qu'on ne pourra pas m'enlever.

Je suis une battante, et je compte le rester.

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- On t'a déjà dit que tu avais les yeux les plus extraordinaires du monde ? me demande-t-il soudain.

J'esquisse un sourire gêné.

- Tu vas me jeter dehors si c'est le cas ?

Il prend un air faussement courroucé.

- Non, par contre, je vais aller dans ton monde et retrouver l'insolent qui a eu l'audace de te le dire avant moi.

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-Auriez-vous l'obligeance, ma chère, de descendre de votre perchoir afin que nous puissions discuter à notre aise, sans heurter la sensibilité de nos cordes vocales?

Laena ricane.

- C'est une Fille de Tán, lollan. Que veux-tu qu'elle comprenne si tu lui fais de la poésie.

Je suis, je dois l'avouer, profondément offensée. C'est vrai que je n'étais pas la meilleure en français, mais je ne suis pas assez stupide pour ignorer le sens du mot « obligeance »! J'ouvre la bouche pour la première fois, faisant sursauter Laena, à ma grande satisfaction. Quand le premier mot sort, réalise, à ma grande surprise, que je ne parle pas le français, mais bien le dialecte local.

-Je ne descendrai point de mon perchoir, ne vous en déplaise. Je n'ai guère d'estime pour vos cordes vocales, et les miennes de portent à merveille. Quant à toi, la brunasse, va ramasser les déjections de tes bestioles, tu n'as l'air bonne qu'à ça.

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