Extraits

Il en fallait beaucoup pour déstabiliser Sophie Parsons, qui n’était pas du genre timorée. Malgré tout, elle commençait à avoir peur.

Il y avait d’ailleurs de quoi s’affoler. Un inconnu à la stature impressionnante l’avait poussée de force dans une limousine qui filait maintenant vers l’aéroport.

Elle observa le paysage à travers la vitre et envisagea de sauter en route, avant que la voiture ne prenne trop de vitesse.

— Les portières sont verrouillées.

Elle sursauta. Comment avait-il pu lire dans ses pensées ?

— Ce n’était pas mon intention, protesta-t-elle. Même si je cours peut-être plus de risques en restant avec vous.

— Vous n’avez rien à craindre. Je ne vous ferai aucun mal.

Elle scruta son ravisseur à la dérobée. Expression sévère, yeux brillants… La pénombre l’empêchait de le voir clairement, mais la lueur des réverbères éclairait à intervalles réguliers un visage à la beauté saisissante, avec des pommettes hautes et une mâchoire volontaire.

— Quelles sont vos intentions ? demanda-t-elle.

Avec dépit, elle passa mentalement en revue les moyens dont elle disposait pour se défendre : elle pouvait tout au plus compter sur des trombones qui traînaient au fond de son sac.

— Ne vous inquiétez pas.

— De votre point de vue, c’est facile ! Mais mettez-vous à ma place. Je suis en droit de m’interroger et j’ai de bonnes raisons de m’alarmer.

Elle regrettait d’avoir voulu prêter main-forte à son amie Isabelle. Comment aurait-elle imaginé ces complications inattendues en se lançant à la recherche d’éléments compromettants sur les Chatsfield ? Elle avait choisi de s’attaquer à James parce qu’il semblait la cible la plus facile… sans se douter qu’elle mettrait les pieds dans un imbroglio auquel elle ne comprenait rien !

Le clan des Chatsfield avait jeté son dévolu sur les Hôtels Harrington, qu’ils voulaient racheter petit à petit. Non content d’avoir déjà gâché la vie d’Isabelle Harrington, Spencer Chatsfield avait commencé à la harceler. Celle-ci avait décidé de se défendre. Elle avait alors prié Sophie de mener une petite enquête sur eux, de dénicher un scandale les concernant, afin de les obliger à faire profil bas quelque temps.

A vrai dire, Sophie Parsons n’était pas exactement grand reporter au Herald. Elle écrivait plutôt dans la rubrique people, ce qui, justement, l’autorisait à publier un article sur les Chatsfield. Pas à n’importe quel prix, néanmoins.

— Que voulez-vous ? lança-t-elle d’un ton agressif.

Il répondit par une question.

— Savez-vous qui je suis ?

— Vaguement.

D’après la conversation qu’elle avait surprise, la sœur de cet homme était une princesse. C’était donc quelqu’un d’extrêmement important… En tout cas, un noble d’un rang très élevé.

— Je suis le cheikh Zayn Al-Ahmar, du Surhaadi. Je vous emmène dans mon pays pour une durée indéterminée.

Sophie sentit un froid glacial parcourir sa colonne vertébrale.

— Pardon ? s’écria-t-elle, la bouche sèche.