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Sur le boulevard qui longeait le parc, un long cortège de véhicules se partageaient les deux voies, pare-chocs contre pare-chocs. Les noctambules de Miami à bord de leurs voitures rutilantes côtoyaient des poids lourds et des camionnettes de livraison. La ville ne dormait jamais. De toutes les fenêtres ouvertes s’échappait de la musique à plein volume. La puanteur des gaz d’échappement saturait l’air, rendant moins perceptible l’odeur de loup. Moins perceptible, reconnut Tory McKidd, mais toujours bien présente. Après un dernier regard au flot de véhicules, la jeune femme tourna le dos aux lumières de la ville pour plonger dans la pénombre du parc, que le boulevard bordait sur son côté ouest. A chacun de ses pas, l’odeur singulière, un mélange de fourrure et de peau, devenait plus entêtante. Pour qui savait reconnaître cette odeur si particulière, il n’était pas bien difficile de remonter la piste. Comme la traînée de petits cailloux dans les contes pour enfants. Une meute avait marqué ce parc, comme une bande de chats de gouttière délimitant son territoire, au point que l’atmosphère en était presque fétide, une fois franchis les premiers bosquets d’arbres. Tory reconnaissait parfaitement cette odeur familière, si proche de la sienne. Celle-ci faisait partie intégrante de son ADN, entrelacée avec ses propres gènes. Ses gènes de loup-garou. Elle savait à quel point il pouvait être dangereux pour une femelle, qu’elle soit humaine ou louve, de s’approcher ainsi d’une meute inconnue. Toutefois, Tory ne se souciait plus de sa propre sécurité. En fait, elle ne se souciait plus de rien depuis la mort de son frère. La seule chose qui l’intéressait encore, le seul objectif qui lui permettait d’avancer, c’était de retrouver le meurtrier. Pour cela, elle devait explorer ce parc. Après avoir jeté un bref regard vers la lune aux trois quarts pleine dans le ciel, elle poursuivit sa route. Il lui restait encore quelques jours avant d’entrer en phase de transformation. Ensuite, elle pourrait abandonner sa forme humaine pour prendre l’apparence d’une bête. Six mois plus tôt, quelque part sous ces arbres, son frère avait été assassiné. On avait tendu un piège à Mark McKidd, avant de lui infliger des tortures indicibles. On l’avait roué de coups, on avait atrocement mutilé son corps, qu’on avait ensuite abandonné, sans vie, sur une étendue de pelouse. Mark était un loup-garou héréditaire et adulte. Il était fort, puissant, d’une habileté extrême. Il était à même de surmonter les pires épreuves et de se sortir de situations risquées. Théoriquement, il était capable de survivre à presque n’importe quoi. Alors, que s’était-il passé ? Cela faisait six mois que son frère était mort. Mort. Une sentence définitive et insupportable. Plus de dîners complices, de chamailleries ou de virées joyeuses. Il était le seul membre de la famille qui lui restait. Tous les autres étaient déjà décédés. A présent, il ne restait plus qu’elle. Elle était seule. Plus personne pour la mettre en garde contre la témérité de la mission qu’elle s’était fixée. Cela dit, la témérité était de toute évidence un trait caractéristique des loups-garous, pour le meilleur et pour le pire. Au même titre qu’un sens aigu du territoire. Depuis six mois, elle évitait ce parc où son frère avait poussé son dernier soupir, redoutant les images que l’endroit ne manquerait pas de faire naître en elle. Car Tory possédait un don de vision. Elle savait qu’elle ne supporterait pas de voir à l’œuvre le mal qui régnait avec tant d’impudence sur un espace public. Elle n’avait pas eu envie d’assister à la rediffusion de la mise à mort de son frère. A présent, la situation était différente. Elle en avait assez de l’impuissance des forces de l’ordre, assez de constater que le tueur de Mark était toujours en liberté. Il était temps qu’elle reprenne les choses en main. Sur le qui-vive, Tory sentit soudain un changement brutal dans son environnement. Le poids d’une présence soudaine. Lentement, elle releva le menton pour humer l’air. En plus de l’odeur de loup, le parc charriait à présent un parfum lourd, épais, électrique, proche de celui de la foudre. Un parfum de colère. Là, non loin des badauds qui ne se doutaient de rien, un mélange de loup, de mal et de colère flottait dans l’air, alourdissant l’atmosphère comme si tout ce que Miami comptait de plus sombre s’était rassemblé en ce point de la ville. Toute cette obscurité. Ai-je vraiment envie de savoir ? Tendue à l’extrême, l’oreille aux aguets, Tory tourna la tête. Déjà, elle sentait sa peau frissonner, signe avant-coureur d’une vision qui allait bientôt l’assaillir. Seuls ceux qui n’en avaient jamais fait l’expérience rêvaient de posséder un tel pouvoir. Pour sa part, elle avait toujours considéré cela comme une malédiction. Un don qui lui confirmait ce que cette odeur de foudre lui avait déjà appris : un être au corps saturé d’adrénaline approchait. Un gêneur ? Ou une piste ? C’était peut-être sa seule chance de découvrir ce qui était arrivé à son frère, dernier descendant mâle des McKidd. Elle devait se montrer à la hauteur de la tâche. Tory leva les yeux vers le ciel. La lune n’était pas encore pleine, mais sa présence dans cette phase avancée se faisait déjà suffisamment sentir pour lui venir en aide. D’un geste rapide, elle remonta les manches de son chemisier noir et tendit ses bras nus vers l’astre brillant. Elle laissa la clarté vive et argentée baigner sa peau, comme d’autres se laissent dorer au soleil. Aussitôt, elle ressentit une vague de puissance se glisser en elle. Une onde d’énergie se répandit comme une traînée de poudre sur sa peau frémissante. Retenant un grondement, elle ouvrit la bouche pour absorber cette lumière qui se déversa comme un liquide dans sa bouche. Au bout de quelques secondes, elle déglutit et ferma les yeux. Un pouls arythmique se mit à battre à son cou. Lentement d’abord, avant de s’accélérer en une danse endiablée. Elle serra les poings. En période de pleine lune, ses mains auraient arboré des griffes acérées et mortelles. Mais l’heure n’était pas encore venu.
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