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Chapitre 1
— Le problème avec vous, mon cher Ned, c’est que vous êtes beaucoup trop romantique, observa l’honorable Peregrine Nicholls, après avoir siroté quelques gorgées d’un brandy délicatement fruité, dont la dégustation lui fit claquer la langue de plaisir.
Edward Latimer, vicomte de Templeton, ancien dragon de Sa Majesté, se contenta d’accueillir la remarque de son cousin en levant les yeux au ciel.
— Non que je sois moi-même hostile aux romances, notez bien…, poursuivit cependant ce dernier en faisant tourner son verre entre ses mains. Mais si vous voulez mettre la main sur une épouse, vous devez vous montrer un peu moins intransigeant. C’est la troisième fois cette année que vous délaissez les plaisirs de la Saison londonienne, et nos matrones commencent à chuchoter derrière l’éventail.
Afficher en entier— Ce n’est pas moi qui vous contredirai, Perry. La Saison londonienne n’est plus qu’une foire au mariage. Je trouve tout à fait répugnante la coutume qui consiste à vendre littéralement sa fille au plus offrant. En ce qui me concerne, je voudrais tout de même avoir la certitude que ma future épouse éprouve un certain penchant pour ma personne, pas seulement pour ma fortune !
— Elles ne sont pas toutes des agneaux qu’on mène à l’abattoir comme la petite Cornwell, je vous l’accorde, admit son cousin. Certaines sont aussi intéressées que leur maman et n’attendent que l’occasion favorable pour mettre le grappin sur une proie riche et titrée. Mais tout de même, ajouta-t-il en s’avançant sur son fauteuil, il doit bien y avoir parmi elles quelques jeunes filles sincères et honnêtes. Le problème, c’est qu’il est parfois difficile de faire la différence à l’œil nu, tant les autres sont bonnes comédiennes. Et puis, que voulez-vous, mon cher, vous êtes connu partout comme le loup blanc. Tout le monde ici sait qu’Edward Latimer, vicomte de Templeton, est l’un des meilleurs partis de Londres. Cela complique diantrement les choses !
Edward haussa les sourcils. Les paroles de son cousin avaient fait germer une idée dans son esprit.
— Vous avez raison, je suis trop en vue à Londres. Peut-être pourrais-je tenter ma chance ailleurs ?
Et après avoir réfléchi quelques secondes :
— Mais oui, pourquoi pas ? Il me suffirait d’aller m’établir pour quelque temps à la campagne, sous le modeste patronyme de M. Latimer.
Afficher en entierLe cœur d’Edward se serra étrangement à cette réplique. Ainsi, son ange, sa belle inconnue aux yeux d’améthyste, était engagée à un autre… Quelle déception ! A quoi bon désormais poursuivre plus avant cette hasardeuse aventure ? Compton Lacey, brusquement, avait perdu tout charme à ses yeux, et il envisagea sérieusement de repartir par la prochaine diligence.
Afficher en entier-Au diable les dames patronnesses! fit-il enfin. Le choix de ma future épouse ne regarde que moi et je n'ai aucun compte à rendre à ces viragos. Ce que je cherche, c'est une femme qui voie en moi autre chose que l'homme destiné à payer les factures de sa couturière.
[...]
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