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Aurait-il dû faire demi tour ou baisser les paupières? Sur le moment, Thomas n'avait pas pu, pétrifié par la beauté de ce corps pâle qui s’enfonçait dans l'eau.
Bien sûr, a chacune de ses visites au donjon, il l'avait devinée belle. Comme les autres, il l'avait rêvé nue, mais jamais il 'aurait pu imaginer la blancheur laiteuse de sa peau ni la rondeur de ses seins...
Morgane se retourna en riant, éclaboussant la nourrice qui se recula en la grondant d'une voix bourrue. Elle sortait lentement de l'eau.
Fasciné, Thomas écarquilla les yeux. C'est a ce moment qu'il entendit un infime craquement de feuilles sèches derrière lui. Il n'eut pas le temps de se retourner. Quelqu'un lui saisissait les cheveux, l'attirant brutalement en arrière.
Il se retrouva assis, un genou lui broyant les rein, la tête renversée. Il essaya de se débattre, de ruer des jambes, mais l'autre le maintenait fermement. Son cris de rage mourut avec la brûlure de la lame dans sa chair. Une morsure atroce, puis plus rien. La nuit. La mort.
Afficher en entier"Retrouvailles entre Morgane et Guillaume"
La jeune femme s'avança dans la pièce et s'arrêta devant le rideau de drap noir.
- Je suis là, messire, fit-elle
- Oui, Morgane. Oui, ma dame.
La voix de Guillaume était plus douce qu'à l'accoutumée, infiniment triste aussi.
- Que désirez-vous, mon seigneur ?
- Me croyez-vous coupable des meurtres commis en ce château, Morgane ?
Morgane se troubla, hésita, puis redressant le menton, fixa fièrement le rideau.
- Je l'ai cru un instant, seigneur, avoua-t-elle avec franchise, car tout vous accusait... Mais je ne le crois plus. L'homme que j'ai épousé est incapable d'une telle infamie.
Le silence retomba.
- Guillaume, fit Morgane. Guillaume, vous ne dites rien ?
- Si, ma dame, si. Merci d'avoir tant de beauté en vous. Vous avez souvent demandé à me voir. Le désirez-vous encore ?
- Oui, seigneur.
- Vous savez combien la lèpre est effrayante ? Je ne ressemble plus à celui que vous avez aimé, ma dame.
- Je le sais Guillaume. Nous n'en avons jamais parlé, mais chez nous, en Lombardie, mon père m'a emmenée voir des lépreux. Il aimait les soigner et m'a appris à le faire. Alors oui, Guillaume, je veux toujours vous voir et plus que ça encore.
Le rideau se souleva lentement et le seigneur se dressa devant sa femme.
Elle n'esquissa aucun geste d'horreur, ne se voilà pas la face. Un sourire triste éclaira son visage et elle s'approcha.
Ce fut son mari qui recula d'un pas, levant sa main valide d'un geste effrayé.
- Non, ne bougez pas, ma dame ! Ne m'approchez, je vous en conjure !
- Il le faudra bien, seigneur, puisque dorénavant, c'est moi qui vous soignerai !
- Jamais !
- Vous ne pouvez plus me refuser cela, Guillaume, plus maintenant !
- Ma dame …
La main de Morgane effleura le visage grisâtre.
Afficher en entierDevenir un homme c'était cela aussi, accepter d’être faible, de faire des erreurs et les payer de sa vie.
Afficher en entierLe silence retomba. J'étais sûr qu'Hervé venait aux nouvelles, curieux comme les autres, comme moi aussi, de tout savoir sur la mort du maître d'oeuvre.
Afficher en entierProfitant de la panique dans le campement ennemi, Petit-Luc s'était coulé dans la pénombre des taillis, Hervé à sa suite. Ils avaientcouru à en perdre haleine, le plus léger prenant tête.
Hervé hésita : il avait déjà perdu beaucoup de terrain et, alors l ennemi venait derrière lui dans un fracas de branche cassées, Petit-Luc venait de disparaître dans le sous-bois. Et s il traversait la clairière pour aller plus vite ?
Afficher en entierExtrait
Les premières lignes…
"La peur a tant de noms. Et soudain, j’ai l’impression de les connaître tous : épouvante, effroi, frayeur, horreur, panique, terreur…
Ici, dans le château de la Roche-Guyon, elle est partout. Elle rampe le long des murs humides, fait grincer portes et planchers, hurler les chiens au chenil, trembler les femmes et murmurer les hommes.
Elle est dans cette falaise et ce noir donjon qui la surplombe, dans ces souterrains qu’on dit mener aux Enfers. Ces souterrains où, en des temps reculés, parlaient les oracles.
La peur est ici chez elle, comme la brume est à sa juste place sur l’étendue boueuse des marécages."
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