Extraits

- Si nous continuons, nous allons réveiller les morts, Keir, chuchota-t-elle sur ses lèvres.

- Ils me doivent tous une fière chandelle, ils ne protesteront pas.

Il s'interrompit néanmoins pour écarter ses cheveux roux, qui tournoyaient autour de son visage et gênaient leur baiser. Elle l'aida en les plaçant derrière ses oreilles, mais indisciplinés au possible, ils repartirent de plus belle. Elle rit un peu de leurs efforts désespérés pour les faire tenir en place.

Diane était en feu. Dans sa tête, elle se rejouait la Révolution française. Une partie d’elle réclamait la tête de Keir Hanson sur un plateau. Tandis qu’une autre arguait que ce serait quand même dommage de séparer une si jolie tête d’un si joli corps.

– Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée depuis longtemps.

– Diane, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. Depuis toujours.

Après mon départ, promets-moi de ne pas t’enfoncer dans la solitude. Lutte, bats-toi pour être heureux. Avec un tel caractère… Tu ne peux pas avoir dit ton dernier mot.

Diane n’était qu’un bref instant dans sa vie. Une étoile filante. Il finirait par l’oublier. Un jour, il ne repenserait même plus à cette matinée. Il faudrait juste du temps. Et ça tombait bien, du temps, il n’en avait que trop devant lui. Une éternité…

Il n'avait rien à lui offrir, elle ne pouvait pas rester. Les jeux étaient faits depuis longtemps.

Jusqu'à ce jour, il s'accommodait de sa solitude, se trouvant toutes sortes de raisons pour en être satisfait. Et puis, elle était apparue ce matin-là, par surprise, au moment où il s'y attendait le moins. Et il avait tout de suite compris que tout ce qu'il avait mis en place pour accepter sa vie allait tout bonnement exploser.

Un gouffre béant les séparait. Rien dans leur existence n'était compatible. Ils ne pouvaient pas être ensemble.

Mais sans prise de risques, la vie ne valait pas la peine d'être vécue, on ne récoltait que des regrets.

Tous ces gens qui riaient et s'amusaient juste sous son nez, alors qu'il s'était condamné à la solitude. Qu'éprouvait-il à les voir s'étreindre, tandis que personne ne voulait le toucher ?