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Elle hocha la tête. "En Californie, ils recomptent les bulletins. Presque un million de personnes ont voté et il y a à peu près cinq mille voix de différence.

- Quand on pense que tant de choses dépendent de la décision d'une poignée d'individus à peine instruits.

- C'est ça la démocratie.

Gus sourit. "Un système de gouvernement épouvantable mais les autres sont encore pires."

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- Les militaires veulent gagner les guerres, pas les éviter.

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L'année précédente, Billy et Tommy avaient décidé d'aller voir à quoi ressemblait le puits. Le lundi de Pâques, alors que les hommes ne travaillaient pas, ils avaient évité le gardien et s'étaient glissés à travers le terrain vague jusqu'au carreau. Puis ils avaient escaladé la clôture. La structure de la cage ne recouvrant pas entièrement la bouche du puits, ils s'étaient allongés à plat ventre, tout près du bord. Avec un mélange d'effroi et de fascination, ils avaient plongé le regard au fond de ce terrible trou, et Billy avait senti son cœur se soulever. La noirceur semblait infinie. Il avait éprouvé un frisson où se mêlaient de la joie, parce qu'il n'était pas forcé d'y descendre, et de l'épouvante, parce qu'un jour il serait bien obligé d'y aller. Il avait jeté un caillou à l'intérieur et ils l'avaient entendu rebondir contre les glissières de bois de la cage et contre le revêtement de brique du puits. Ils avaient dû attendre un temps terrifiant avant de percevoir un faible clapotis, très loin, lorsqu'il avait enfin touché l'eau, au fond. Un an s'était écoulé, et il s'apprêtait à présent à suivre le trajet de cette pierre

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Extrait ajouté par x-Key 2010-12-18T13:55:11+01:00

Il en était allé ainsi au cours de ces deux dernières semaines (…) Dans tous les pays, les adversaires de la guerre avaient perdu la partie : les Autrichiens avaient attaqué la Serbie alors qu’ils auraient pu s’en abstenir ; les Russes avaient préféré la mobilisation à la négociation ; les Allemands avaient refusé de participer à la conférence internationale qui aurait pu régler la crise ; les Français s’étaient vu offrir une chance de rester neutres et ils l’avaient laissée passer ; et voilà que les Anglais allaient intervenir dans le conflit alors qu’ils auraient pu conserver un rôle d’observateurs.

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Le jour où l'on afficha des ordres de mobilisation sur tous les murs de Saint-Pétersbourg, Katerina, catastrophée, éclata en sanglots dans la chambre de Grigori : "Mais qu'est-ce que je vais faire ? Mais qu'est-ce que je vais faire ?" gémit-elle en se passant les doigts dans ses longs cheveux blonds, affolée.

Il avait envie de la prendre dans ses bras, de chasser ses larmes sous les baisers et de lui jurer de ne jamais la quitter. Mais il ne pouvait lui faire cette promesse. De toute façon, c'était son frère qu'elle aimait.

Grigori, qui avait accompli son service militaire, était réserviste et donc en théorie apte au combat. En fait, on l'avait surtout formé à marcher au pas et à construire des routes. Néanmoins, il s'attendait à faire partie des premiers appelés.

Cela le rendait fou de rage. Cette guerre était aussi stupide, aussi vaine que toutes les initiatives du tsar Nicolas II. Un meurtre était perpétré en Bosnie et, un mois plus tard, la Russie était en guerre contre l'Allemagne ! Des milliers de paysans et de prolétaires des deux camps allaient se faire tuer, pour rien. Aux yeux de Grigori et de tous ceux qu'il connaissait, cela prouvait que la noblesse russe était trop bornée pour gouverner.

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Mon sort repose entre les mains de deux monarques, songea Walter, le tsar et l'empereur. Le premier est stupide, le second sénile, mais ils vont décider de la destinée de Maud, de la mienne, et de celle de millions d'Européens. Quel argument contre la monarchie!

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"La classe ouvrière est beaucoup plus nombreuse que la classe dirigeante, et plus forte. Ces gens-là dépendent entièrement de nous. C'est nous qui produisons leur nourriture, qui construisons leurs maisons, qui fabriquons leurs vêtements. Sans nous, ils sont morts. Ils ne peuvent pas se permettre n'importe quoi, sauf si nous les laissons faire. N'oublie jamais ça."

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Billy n'avait pas oublié son initiation, trois ans auparavant - il bouillait même encore d'indignation quand il y repensait. Il s'était juré à l'époque que jamais il ne maltraiterait les nouveaux. Aujourd'hui encore, il avait prévenu le petit Bert Morgan : "Ne t'étonne pas si les gars te jouent un tour. Ils te laisseront peut-être tout seul dans le noir pendant une heure, ou bien ils te feront une autre blague tout aussi idiote. Que veux-tu, à petits esprits, petits plaisirs." Les anciens présents dans la cage l'avaient fusillé des yeux, mais il avait soutenu leur regard : il savait qu'il avait raison, et eux le savaient aussi.

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Grigori se disait : un enfant, c'est comme une révolution; on le met en route, mais on ne sait pas ce que ça va donner.

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Billy savait qu'elle descendait en chute libre un moment, avant de freiner pour se poser en douceur, mais aucune connaissance théorique préalable n'aurait pu le préparer à cette sensation de s'abîmer dans les entrailles de la terre. Ses pieds quittèrent le sol. Il ne put s'empêcher de hurler de terreur. Tous les hommes s'esclaffèrent. C'était son premier jour et ils attendaient sa réaction. Billy s'en rendit compte. Il remarqua aussi, mais trop tard, qu'ils se cramponnaient tous aux barreaux de la cage pour éviter de décoller. Comprendre ce qui se passait ne suffit pas à apaiser sa peur. Il finit par serrer les dents de toutes ses forces pour retenir ses cris. Enfin, les freins se mirent en prise, ralentissant la chute. Les pieds de Billy se reposèrent sur le plancher de la cage. Il attrapa un barreau en s'efforçant de maîtriser ses tremblements. Au bout d'une minute, la terreur s'atténua. Il était si mortifié que les larmes lui montèrent aux yeux. Devant le visage hilare de Graisse-de-rognon, il hurla pour couvrir le vacarme : « Ferme ta grande gueule, Hewitt, espèce de fichu crétin. 

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