Le silence du Doubs
Auteur
- Alain Freléchoux (Écrivain)
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extrait
Franciszek reboutonna sa braguette et s'apprêta à remonter vers la route. Ses deux camarades l'y attendaient en devisant. Il était descendu se soulager derrière un arbre légèrement en contrebas. Un des rares feuillus de ce haut plateau, maigre et tordu, sous lequel quelques vaches paissaient, oubliées par leur propriétaire et indifférentes au chaos environnant. Comme il enlevait son calot pour s'éponger le front, il avisa au pied d'un buisson un journal, ou plutôt ce qu'il en restait. Un papier informe que l'orage de la veille avait détrempé, et qu'un des nombreux fuyards avait dû dans sa hâte jeter là. Il le prit et le déplia tant bien que mal. Il ne parlait que quelques mots de français, mais comprit sans mal le titre en première page. Il pesta et jura, serrant le journal dans sa main, puis grimpa le talus en deux enjambées. Jan et Stanislaw le regardèrent avec une curiosité mêlée d'ironie. Leur jeune camarade avait le sang chaud, ils le savaient. Fuir ne lui plaisait guère. A eux non plus, d'ailleurs, même si la précipitation des événements ne leur laissait pas le choix. Ils ne faisaient que suivre le mouvement. Obéir aux ordres et suivre la troupe.
Franciszek tendit le torchon de papier à Jan. Celui-ci, Polonais d'origine, vivait en France depuis son enfance et parlait parfaitement le français. Franciszek et Stanislaw, eux, venaient d'arriver de Pologne, via la Roumanie. Tous trois parlaient polonais entre eux.
Jan put déchiffrer la date du quotidien : l'édition du 11 juin 1940 du Lorrain. Il lut à haute voix le titre qui s'étalait en grand, au goût douteux autant qu'amer : «Les troupes teutonnes ont pénétré hier matin en Hollande, en Belgique et dans le Luxembourg.»
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Résumé
Un enterrement, une photo jaunie, une vieille automobile. La Rosalie était le surnom d'un modèle des années trente et quarante. Une voiture qui a marqué l'histoire par son ancrage dans une période tourmentée, celle de la guerre et de l'exode, celle des routes encombrées de civils et de troupes fuyant les bombes allemandes. C'est cette voiture qui emmènera Cyprien à la découverte d'un secret familial enfoui depuis plus de sept décennies. Une recherche jalonnée de témoignages et d'archives, de souvenirs et de pierres tombales. Une plongée en forme d'enquête - ou de quête personnelle - dans une page d'histoire qui a laissé une empreinte profonde dans la région du Doubs lors des journées de juin 1940.
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